C’est un endroit qu’on voudrait garder pour soi. Comme un secret caché derrière un rideau.
Le rideau, c’est le petit port de Buguélès, à Penvenan.
De la cale, on voit, en face, une jolie petite bâtisse qui met la puce à l’oreille. C’est un moulin à marée. Mais comment pourrait-on soupçonner l’univers qui s’étend derrière cette carte postale ?
Il faut être averti pour trouver, de l’autre côté du village, un chemin de mine de rien qui serpente sur la grêve découverte.
Il mène à Balanec, qui semble un îlot comme tant d’autres, bien doux bien sucré en ce début d’été.
On chemine le long de l’île, on passe un petit pont de pierre. On découvre alors, sur la droite, le premier trésor : la retenue d’eau formée entre les deux îlots, Balanec et Ozac’h, et un cordon de galets qui les relie. Le tout pour alimenter le moulin à marée.
Sur la gauche, deuxième trésor : le cordon de galets se prolonge, en immense arc de cercle vers le large. Au bout des quelque huit cent mètres de marche (la marche sur les galets, c’est très dur, lire mon expérience sur le sillon de Talbert), on parvient à Ziliec, qui clôt ce chapelet.
Ici, sur cette île, on est déjà au large. Succession d’endroits charmants et terribles, brutalité minérale, douce pugnacité végétale… Les mentions “privé” sur deux ou trois chemins sont des revendications bien dérisoires. En enfer, il doit y avoir des gens encore capables de revendiquer la propriété de leur petit coin. Au paradis aussi, peut-être. Ici, c’est les deux à la fois.
Ziliec n’est pas encore le bout de ce monde : à marée basse, on peut aller plus loin encore, courir les rochers et les bancs de sable. C’est une autre histoire.