Les sculptures malagan qui apparaissent lors des cérémonies des secondes funérailles au Nord de la Nouvelle - Irlande sont des accumulations, des images données à voir comme substitut du défunt.
La photographie ci-dessus ne constitue qu'un détail d'un extraordinaire enchevêtrement de figures anthropomorphes de près de 4m de hauteur. On y distingue une tête d'oiseau au sommet.
Chaque clan est propriétaire de motifs qui constituent la sculpture.
Pour être « efficace », la structure doit néanmoins obéir à certaines règles afin de restituer l'histoire du groupe.
L'ordonnancement des motifs est ce qui importe.
Ces images sont liées aux histoires ancestrales et aux territoires.
Avec ces signes, on reçoit accès à des terres. Elaborée une seule fois avant d'être détruite, la « fabrique d'images » fonctionne pour être mémorisée et pour distribuer.
La cérémonie malagan scelle donc le passage à la génération suivante et notamment le passage des terres.
Les images sont intimement liées aux échanges, aux paiements en cochons qui vont permettre le transfert des droits sur le malagan.
L'image est donc ici plus qu'une simple oeuvre esthétique : elle est chargée d'émotions face à la présence des ancêtres, mais surtout, elle est « investie » de relations sociales fortes puisque tout se joue lors de cette « représentation de la mémoire » pour la revendication des droits et des pouvoirs.
Photos in Nouvelle-Irlande, Arts du pacifique Sud, 2007, dir. M. Gunn& P. Peltier, Ed. 5 Continents, Musée du Quai Branly.
Photo 1 : Australian Museum, Sydney.
Photo 2 : Ethnologisches Museum, Berlin.