Sébastien Schuller me l’avait confié, lors de l’interview accordé il y quelques mois, le rendez-vous de la Cigale était marqué d’une pierre blanche dans l’agenda du parisien. L’attente était réciproque, ne serait-ce que pour découvrir le rendu live des titres de “Evenfall” mais également pour voir si Sébastien serait accompagné de cordes et de projections vidéos, comme il l’avait sous-entendu lors de cette même interview.
L’objectif est à moitié atteint puisque, comme c’était le cas dans cette même salle il y à 4 ans, les morceaux de Sébastien Schuller seront accompagnés des superbes vidéos de François Lespes mais point de cordes à l’horizon. La Cigale a presque fait le plein et réserve un bel accueil à Sébastien et son groupe, parmi lequel on reconnait les fidèles Guillaume de Chirac (Landscape) au synthé et Richard Cousin (Overhead) à la basse. Le set démarre avec Open Organ, sur lequel on peut apprécier les talents de trompettiste de celui qui est également en charge des guitares. The Border et Balançoire lui font suite pour un début de set un peu apathique, sur lequel le public semble presque hypnotysé par les vidéos, il est vrai magnifiques, de François Lespes. Le groupe ne semble pas non plus très à l’aise, certainement un peu impressionné par un évènement qu’ils attendaient depuis longtemps. Il faut attendre Sleeping Song, le premier extrait de “Happiness” joué ce soir, afin de voir la Cigale sortir de son sommeil léthargique. Cela tombe plutôt bien puisque c’est le bien nommé Awakening qui se charge de réveiller la belle endormie. Le concert peut enfin démarrer.
La quasi-totalité d’”Evenfall” est interprétée par Sébastien et son groupe mais c’est encore les titres d’”Happiness” qui récoltent les plus belles ovations, à l’image de Tears Coming Home et Where We Had Never Gone, magnifique voyage sur les routes du grand ouest américain. En 2 albums, Sébastien Schuller a su se créer un univers qui lui est propre, fait de mélancolie et de rêveries solitaires, et à embarquer dans ses valises un public qui ne demande qu’à rêver éveillé. C’est chose faite avec les instrumentaux New-York et Edward’s Hand, dont les percussions limpides sont comme des reflets à la surface du lac projetée en arrière-plan.
La fin du set évoque quelques unes des influences du francilien, à commencer par le Radiohead de Thom Yorke sur Battle. C’est pourtant l’enchaînement Last Time/Midnight que l’on retiendra le plus, tant ces 2 titres que l’on trouvait un peu en retrait sur l’album prennent en live une autre dimension. On savait depuis l’interview que Sébastien était un grand fan (et ami) d’Animal Collective et de Panda Bear notamment et l’interprétation électro-tribale de Last Time (voir vidéo ci-dessous) notamment n’a fait que confirmer cet état de fait. Pour la première fois de la soirée ou presque un sourire inonde les visages de chaque côté de la scène.
Surfant sur cette ambiance électrique, le groupe revient pour un premier rappel avec notamment le très attendu Weeping Willow (voir vidéo ci-dessous) et son crescendo final morriconien. Le superbe High Green Grass, l’un des plus beaux titres de son répertoire, conclut ce rappel, tout en poésie et en délicatesse. Le public qui a mis du temps à se réveiller n’est maintenant pas décidé à aller se coucher et réserve une véritable ovation au groupe, au point que celui-ci décide de revenir pour un ultime titre. Sébastien nous explique qu’ils ont joué tout ce qui leur était possible de faire mais qu’ils vont réinterpréter Last Time, l’un des titres qui a le mieux marché pendant le set. Malgré les injonctions de certains leur demandant de rejouer tous les morceaux de la setlist, le groupe quitte la scène pour la dernière fois de la soirée.
Sébastien Schuller – Weeping Willow (Live@ La Cigale)
Sébastien Schuller – Last Time (Live@ La Cigale)
D’autres vidéos sur sa page Youtube.