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Chefs de cliniques, internes et étudiants en médecine viennent de voter la grève des gardes, des astreintes et des continuités de service (week-end) pour contester la réforme de la liberté d'installation des médecins programmée par le gouvernement. La grève a démarré dès aujourd'hui 18h30 pour les internes et chefs de clinique, et prendra effet demain en ce qui concerne les étudiants.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale en question propose la limitation de l'installation de nouveaux professionnels de santé dans les zones où ils sont déjà nombreux. En clair, pour pouvoir s'installer dans ces zones nous serons obligés d'attendre le départ d'un autre médecin pour prendre sa place.
Il me semble, et je suis loin d'être la seule à penser cela, que c'est une mauvaise solution (pour un problème cependant bien réel!). En effet ces mesures de coercition ont déjà été testées dans d'autres pays (Allemagne, Suisse, Québec) et n'ont eu aucun effet bénéfique. Au contraire, ça a entraîné une baisse des vocations et de l'offre des soins (on a beau obligé un médecin à aller s'installer au fin fond de la Creuse, s'il n'a vraiment pas envie d'y aller, il trouvera toujours autre chose à faire : continuer sa carrière à l'hôpital, travailler à la Sécu...). (A part ça, je n'ai absolument rien contre la Creuse ;-)).
Si la loi passe, elle sera appliquée à tous dès juin 2008, donc ça concerne tous les étudiants qui sont déjà en cours de formation!
Ce qu'on propose à la place, ce serait de mettre en place des mesures incitatives , c'est-à dire récompenser par des primes ou des diminutions d'impôts les médecins qui s'installeraient dans les zones où il en manque. Par contre ça coûterait de l'argent à l'Etat qui ne peut pas trop se le permettre en ce moment... d'où la réticence du gouvernement à ouvrir les discussions à ce sujet.
L'opinion publique ne sera certainement pas là pour nous soutenir car trouvera que notre cause est complètement égoïste. J'espère que j'ai réussi à vous prouver le contraire.
Cette grève va certainement durer longtemps et est apparement très suivie.
Affaire à suivre..
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 04 octobre à 05:53
Il faut se rendre compte que ce projet de loi nous concerne tous, le but affiché est de choisir la localisation des médecins. Or pour une profession libérale il est anticonstitutionnel d'empécher une libre installation (ici donc géographiquement). La méthode trouvée pour obliger les nouveaux médecins à s'installer dans telle ou telle région est que ceux qui n'iront pas dans les zones sous-dense médicalement ne pourront pas signer de conventions avec la sécurité sociale et ainsi leurs patients ne seront pas remboursés. Argument implacable... or, la moyenne d'âge d'installation des "jeunes" médecins est de 39ans (en effet les études hospitalières peuvent être très longues, et en général les nouveaux thésés sortis de la filière hospitalière font des remplacements pour commencer), beaucoup sont installés familialement et socialement avec des enfants..ainsi ils décideront de rester malgré tout où ils sont, sans convention avec la sécurité sociale. J'imagine que les assurances privés se feront un plaisir de signer des conventions de soins avec eux, pour leurs adhérents. Une médecine à deux vitesse, la fin d'une protection sociale universelle (garante d'une assurance maladie), vous fait-elle peur? moi oui, et ce projet de loi, sous des airs anodins et démagogiques, en focalisant le débat sur un privilège de "nantis", est la porte ouverte pour une telle évolution, qui si elle commence sera inéxorable. Ainsi c'est ensemble que nous devons empecher son vote, pas seulement le corps médical, mais tous les citoyens. nous qui avons encore la chance de profiter d'un système de protection maladie le plus évolué et juste au monde. Pour plus d'informations, [email protected].