Eliette Abécassis, Sépharade (20 août)
C’est le constat de l’héroïne, Esther Vidal, juive sépharade, française, alsacienne. Une identité multiple qui la conduit à une quête existentielle depuis l’enfance, entre tradition et rébellion.
Lorsqu’elle part pour Israël afin d’épouser Charles Halévy, sépharade comme elle, mais très libre, Esther se retrouve immergée dans l’histoire familiale, dans l’histoire sépharade, d’abord insidieusement, puis de façon de plus en plus inexorable.
A côté de la profusion de couleurs, de chants, de cérémonies rituelles, se profile la face sombre des rumeurs, des luttes intestines, et l’implacable mauvais oeil. Le destin des deux familles se croise depuis longtemps et de multiples secrets vont être révélés. La transmission du talisman qui devait marquer leur union suprême entraînera des tensions fatales. Esther se retrouvera à nouveau seule, sans repères, contrainte de n’être qu’elle-même.
Normalienne et agrégée de philosophie, Eliette Abécassis a publié aux éditions Albin Michel: La Répudiée, 2000; Qumran, 2001; Le Trésor du Temple, 2001; Mon père, 2002; Clandestin, 2003; La Dernière Tribu, 2004; Un heureux événement, 2005; Le Corset invisible, 2007; Mère et fille, 2008.
Le 22 novembre 2008, en pleine nuit, alerte incendie au Hilton Montréal. Quinze étages plus bas, sur trois niveaux souterrains, le Salon du livre. Les écrivains logés là, les footballeurs professionnels de la Gray Cup sont parmi les 800 personnes évacuées dans les couloirs du métro, une patinoire vide et le Tim Hortons, le bar de la gare centrale. Soudain la ville et ses buildings vus à l’envers, depuis les coulisses. Et tous ces livres dans le sous-sol vide. Construire les quatre heures d’un récit qui se tiendrait au plus près des quatre heures à errer dans la nuit, de 1h50 à 5h50 exactement, entre rencontres réelles ou rêvées, et l’idée renversée de la ville. Un incendie dans le livre?
François Bon, né en 1953, élabore depuis vingt-cinq ans une œuvre littéraire cohérente et forte. Son travail d’écrivain est marqué depuis son premier roman, Sortie d’usine, paru chez Minuit en 1982, par une proximité avec le quotidien, la matière et la machine, par une attention aux personnes sans gloire (Le Crime de Buzon, 1986, L’Enterrement, 1991, Un fait divers, 1994, C’était toute une vie, 1995, Parking, 1996, Paysage fer, 2000, Mécanique, 2002, Daewoo, 2004). Parallèlement, il élabore une réflexion sur la littérature et l’écriture (La Folie Rabelais, 1990), qui l’a conduit à l’expérience des ateliers d’écriture, suscitant la parole de détenus (Prisons, 1998) ou de SDF (La Douceur dans l’abîme, 1999), et aboutissant finalement à Tous les mots sont adultes. Méthode pour l’atelier d’écriture, en 2000. Avec Rolling Stones, une biographie (2002), il a ouvert un cycle d’exploration mythographique qui s’est poursuivi avec Bob Dylan, une biographie (2007), puis Rock’n roll. Un portrait de Led Zeppelin (2008).
Parabole ou cauchemar, l’histoire d’Aurélien qui en une semaine retourne au néant?
Sa voix, son odeur, son ombre même ne marquent plus sa présence au monde.
Chaque jour, comme dans une genèse à rebours, il s’efface de l’attention, de la pensée, de la mémoire de tous, même de celles de sa mère. Jusqu’aux cadres-photos qui ne retiennent plus son souvenir.
Avec son lyrisme poétique reconnu, Sylvie Germain, toujours à fleur d’inconscient y compris collectif, transmue en conte le plus simple des quotidiens et tend un miroir aux oubliés de la vie.
Courbet fait écho (comme Rothko dans L’Inaperçu) à la force de l’origine et souligne de quelle permanence se coupe la modernité.
Sylvie Germain sera l’invitée du 23 novembre au 6 décembre du festival Lettres d’automne (créé à Montauban en 1991 par Maurice Petit et l’association Confluences). Il y sera fait écho à son œuvre entière:
«Depuis Le Livre des nuits, publié en 1984, jusqu’à L’Inaperçu en 2008, Sylvie Germain construit une œuvre d’une rare originalité, considérée comme l’une des plus importantes de la littérature française contemporaine.
Impressionnante par sa force et sa cohérence, elle évoque un univers où se rejoignent imaginaire et mysticisme, où la dimension métaphysique côtoie le lyrisme le plus sensuel.
Traduite dans une vingtaine de langues, étudiée à l’université en France comme à l’étranger, cette œuvre interroge les ressorts les plus mystérieux de l’âme, dans une écriture tissée tout à la fois de sensibilité, d’érudition et de simplicité.»
Ainsi commence le programme de ce festival dont l’invitée convie les créateurs, écrivains, peintres, photographes, musiciens de son choix. Renseignements complémentaires www.confluences.org.
Sylvie Germain a reçu le Prix Femina pour Jours de colère, le Grand Prix Jean Giono pour Tobie des marais et le Prix Goncourt des lycéens pour Magnus.
Michel Marini avait douze ans en 1959. C’était l’époque du rock’n’roll et de la guerre d’Algérie. Lui, il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l’arrière-salle du bistrot, il a rencontré Tibor, Léonid, Sasha, Imré et les autres. Ces hommes avaient tous passé le Rideau de fer pour sauver leur vie. Ils avaient abandonné leurs amours, leur famille, leurs idéaux et tout ce qu’ils étaient. Ils s’étaient tous retrouvés à Paris dans ce club d’échecs d’arrière-salle que fréquentaient aussi Kessel et Sartre. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie de Michel. Parce qu’ils étaient tous d’incorrigibles optimistes.
Roman de génération, reconstitution minutieuse d’une époque, chronique mélancolique d’une adolescence: Jean-Michel Guenassia réussit un roman étonnant tant par l’ampleur du projet que par le naturel dont il s’en acquitte.
Jean-Michel Guenassia est né en 1950. Le Club des incorrigibles optimistes est son premier roman.
Un bout du monde désolé que borne une décharge. Ceux qui ont échoué là semblent avoir abdiqué tout espoir de futur. Ivres de vide, ils vivent dans un éternel présent qu’ils dissolvent chaque soir jusque tard dans la nuit au bar de Dan, où les échanges sont réduits à l’indifférence, au mépris, parfois à la violence.
Car, de ce pays personne ne peut sortir. La plupart y ont renoncé mais certains ont gravi montagnes et collines, d’autres transforment les objets de la décharge en objets d’art. Un brin d’abondance sort de la corne de l’épicerie de Monsieur Den, l’autre lieu qui rappelle la société du «dehors».
Celle que ne connaissent pas Willie, 25 ans, et son copain Dig Doug qui sont nés là. Celle que Willie va vouloir se faire raconter par chacun à qui il va rendre par là-même un passé. Le miroir de l’innocence qu’il leur tend pourra-t-il sauver leur avenir?
Estelle Nollet a 32 ans. Elle a travaillé dans la publicité en France, en Australie et en Nouvelle-Zélande puis sur la côte mexicaine où elle pratiquait la plongée sous-marine. De retour en France, elle a intégré l’univers des plateaux de théâtre. Elle écrit actuellement son prochain roman.
Amélie Nothomb, Le voyage d'hiver (20 août)
«Il n’y a pas d’échec amoureux.»
Amélie Nothomb
Dans la ville de Baños de Agua Santa, au centre de l’Equateur, vient d’arriver un étranger, Tchaka, qui se fait engager comme jardinier par un grand propriétaire terrien. Installé sur les pentes du volcan Tungurahua dont il pressent la reprise d’activité, il découvre qu’une jeune femme y a en secret un camp de base pour faire passer la frontière aux candidats à l’émigration sans qu’ils tombent sous la coupe des «coyotes».
Pourquoi ont-ils échoué dans cette zone à risque où l’éruption peut à chaque instant tout saccager, est-ce le prix à payer pour qu’ils se réconcilient avec leur passé?
Un roman magnifique, sensuel et luxuriant sur l’exil, la condition humaine, la beauté et la violence d’une nature capable d’exacerber ou de briser les passions les plus fortes.
Auteur culte de Matin brun, succès international publié dans toutes les langues, Franck Pavloff a tout d’abord publié des romans policiers puis chez Albin Michel Haute est la tour, Le Pont de Ran-Mositar et La Chapelle des apparences.
Sélectionné pour de nombreux prix (Goncourt des lycéens, Giono, Interallié entre autres), Le Pont de Ran-Mositar a reçu le prix France Télévision en 2005.
L’auteur vit entre Grenoble et Gap.
Traduit de l’anglais (Canada) par Michel Lederer
Salué par Jim Harrison, Le Chemin des âmes, premier roman aussi ambitieux qu’obsédant, a révélé Joseph Boyden comme l’un des meilleurs écrivains canadiens.
Les Saisons de la solitude reprennent la trame de cette oeuvre puissante, entremêlant deux voix et deux destins: Will, un ancien pilote plongé dans le coma après une agression, et Annie, sa nièce, revenue d’un long et pénible voyage afin de veiller sur lui. Dans la communion silencieuse qui les unit, se lisent leurs drames et conflits les plus secrets. Prend alors forme une magnifique fresque, individuelle et familiale, qui nous entraîne de l’immensité sauvage des forêts canadiennes aux gratte-ciel de Manhattan.
A 41 ans, Joseph Boyden est l'un des écrivains canadiens les plus en vue sur la scène internationale. Après le succès du Chemin des âmes (Albin Michel, 2006), traduit en plus de vingt langues et en cours d'adaptation cinématographique, ce nouveau roman a été couronné à l'automne 2008 par le Giller, le plus prestigieux prix littéraire du Canada, et a rencontré un formidable succès avec plus de 150 000 exemplaires vendus.
Joseph Boyden partage sa vie entre le nord de l'Ontario et La Nouvelle-Orléans, où il enseigne à l'université.
Traduit de l’américain par Renaud Morin
«Moi, Sam Pulsifer, je suis l’homme qui a accidentellement réduit en cendres la maison d’Emily Dickinson à Amherst, et qui, ce faisant, a tué deux personnes, crime pour lequel j’ai passé dix ans en prison. Il suffira sans doute de dire qu’au panthéon des grandes et sinistres tragédies qui ont frappé le Massachussetts il y a les Kennedy, les sorcières de Salem, et puis il y a moi.»
Adolescent, Sam Pulsifer n’avait jamais eu l’intention de mettre le feu à la demeure d’un écrivain célèbre et pas davantage de provoquer la mort de deux personnes dans l’incendie. Après avoir purgé une peine de dix ans de prison, Sam était bien décidé à laisser le passé derrière lui. Une vie menée profil bas mais sereine et paisible jusqu’au jour où son passé l’a rattrapé sur le seuil de sa porte et a tout fait voler en éclats.
Brock Clarke réussit ce roman brillant et jubilatoire, avec un sens de l’humour déroutant, un véritable tour de force littéraire, hommage aux plus grands écrivains américains.
Guide de l’incendiaire des maisons d’écrivains a connu une véritable consécration aux Etats-Unis. Le livre a soulevé l’enthousiasme de la presse et des libraires à la rentrée littéraire 2007, les droits ont été cédés au cinéma, et le livre est en cours de traduction dans une dizaine de langues.
Brock Clarke vit à Cincinnati et enseigne la littérature à l’université.
Traduit de l’espagnol par Françoise Rosset
Des Héros de la frontière au Chemin des Anglais (prix Nadal), Antonio Soler poursuit une œuvre hantée par le passé politique de l’Espagne, le sexe et la mort. Avec une virtuosité narrative fascinante, ce nouveau roman immerge le lecteur dans une atmosphère oppressante et trouble, tant destins et souvenirs «s’effilochent» pour mieux l’emprisonner.
Toronto, de nos jours. Le narrateur, réceptionniste dans un hôtel, croit reconnaître un homme
surgi de son lointain passé. Plongeant dans ses souvenirs, il revit alors comme une hallucination les années sombres du franquisme qui l’ont conduit à l’exil et revoit le visage aimé de Vera, qu’il n’a jamais pu oublier.
Histoire d’une trahison, ce drame moderne dont se dégage une douleur sourde est aussi le récit obsédant de la découverte de l’amour et de la passion.
Né en 1956 à Malaga où il vit toujours, Antonio Soler est unanimement reconnu par la critique espagnole comme l’un de ses meilleurs romanciers.
Le Chemin des Anglais (2007) a été adapté au cinéma. Antonio Banderas en était l’acteur principal.