Chaque fin d’année scolaire voit les mêmes moments émouvants où des enseignants quittent leur classe pour aller enseigner ailleurs ou partir à la retraite. Enfants , parents et enseignants se réunissent autour d’une petite fête et c’est à qui remettra le cadeau à la maîtresse (maître), avec la bise en prime , dont on se souviendra longtemps. Il y a peut-être eu des punitions , des oreilles tirées (je parle pour un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître..) , des parents (rares) qui ont fait entendre leur grosse voix, MAIS, le cadeau de fin d’année, ça , non , jamais on ne l’oublierait !! Ce serait la honte pour la commune qui agirait ainsi en ingrat !! Vous me direz : “Maintenant , ça a changé (oui, mais pas en mieux!), on n’a pas d’argent (si vous croyez que juste après la guerre, il y en avait à revendre..), on n’a pas le temps de s’en occuper, etc…etc…”
C’est le moment de vous parler de mon beau-père, né en 1909. Il aurait 100 ans aujourd’hui. Il avait connu une enfance très difficile avant de devenir instituteur dans la Loire . Un instituteur qui tenait à ce que chaque “grand” réussisse son cerificat d’études et qui faisait tout pour cela. Un instituteur , style “hussard” de la III° République pour qui le mot laïcité était un mot capital. Chaque parent (sans délégués, ça n’existait pas) savait que le maître voulait la réussite de tous et savait dire merci (qui , à la campagne, n’a pas reçu l’hiver l’assiette de cochonnaille ?)
Une année,vers 1960, à la fin de l’année scolaire, les élèves (CM2 ,je pense) de mon beau-père s’étaient cotisés (le cadeau était plus l’affaire des enfants que des parents). Ils étaient allés eux-mêmes dans un “bazar” réputé pour les cadeaux de fin d’année et avaient offert…un pot à tabac qui avait la forme d’une tête. On soulevait le dessus du crâne et on avait une belle réserve pour le tabac. Le pot à tabac était marron : c’était une tête de noir aux grosses lèvres et aux cheveux crépus. Il n’y avait que des gamins pour choisir un tel cadeau (à un non fumeur!) ! Marcel (c’était le prénom de l’instit) rentra chez lui très content de son cadeau …qui prit place à côté des précédents. Pas question de les éliminer en raison d’une esthétique discutable…Si je vous en parle, c’est que j’ai connu le cadeau et son histoire. Il représentait la gratitude des enfants . Connaissons-nous encore ce mot de nos jours ? Pas assez, à mon avis. Traitez moi de ringarde si vous voulez: j’avais besoin de m’exprimer ainsi.
Aurélie, Virginie, Eléa, je vous souhaite une bonne continuation de votre carrière, dans l’amour de votre métier, après avoir fait un bout de chemin à Ampus. Pour avoir aidé les enfants d’Ampus à progresser, merci.
Le récit de la 12° Balade gourmande paraîtra demain.