PARIS (Reuters) - François Fillon a franchi un pas samedi dans la croisade naissante du gouvernement sur le financement des retraites en affirmant que le report de l'âge légal de cessation d'activité était la seule solution possible.
Le Premier ministre, qui a fait de la résorption des déficits structurels français la priorité de son mandat, prépare les esprits à une réforme drastique que le Medef juge inéluctable.
Initiateur de la loi d'août 2003 sur les retraites, François Fillon avait prévenu le 15 juin que la question de l'âge de la retraite n'était pas "taboue".
Le président Nicolas Sarkozy a été sans détour le 22 juin devant le Congrès en annonçant que le gouvernement prendrait ses responsabilités à la mi-2010 après avoir examiné "toutes les options" avec les partenaires sociaux, y compris le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite, actuellement fixé à 60 ans en France.
"Il n'y a pas d'autre solution pour sauver nos régimes de retraite que de travailler plus longtemps, alors même que la vie s'allonge. Si ça n'est pas le cas, alors il faudra débattre ensemble de la question de l'âge légal de la retraite," a déclaré François Fillon lors d'une réunion des cadres de l'UMP, à Paris.
Le chef du gouvernement a souhaité que les résultats des réformes qui se sont succédé ces quinze dernières années en France soient évalués.
Un point d'étape est d'ores et déjà prévu en 2010 à l'occasion de la remise du rapport du Conseil d'orientation des retraites.
SEULS 36% DES FRANÇAIS PRÊTS À TRAVAILLER PLUS
La commission des comptes de la Sécurité sociale estime que le déficit de la branche vieillesse atteindra 7,7 milliards d'euros cette année. Le déficit global de la "Sécu" devrait doubler par rapport à l'an dernier à 20,1 milliards d'euros.
Selon le gouvernement, le déficit de la Sécurité sociale pourrait atteindre 30 milliards en 2010, sous le double effet de la crise et du vieillissement de la population.
En France, la durée de cotisation a été portée de 40 à 41 ans dans le privé sous le précédent quinquennat, une mesure qui prendra pleinement effet en 2012 et qui équivaut déjà de fait à un report de l'âge de la retraite.
Peu après son arrivée à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a fait réformer les régimes spéciaux de la SNCF, de la RATP, d'EDF et GDF, portant dans ces entreprises la durée de cotisation de 37,5 à 40 ans, avec une perspective de 41 ans.
En novembre dernier, l'Assemblée nationale a voté la possibilité pour les pilotes de ligne de choisir de reculer l'âge de leur départ à 65 ans, et pour certains autres personnels jusqu'à 70 ans, sous certaines conditions.
Selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest France, si les Français s'inquiètent du financement de leur retraite, ils rejettent toutes les réformes visant à pérenniser le système.
Ainsi, 75% des sondés se disent inquiets, dont 30% très inquiets, mais seuls 38% sont pour allonger la durée de cotisation, 36% pour reculer l'âge légal de la retraite, 26% pour augmenter les cotisations et 9% pour diminuer les pensions.
Seuls les plus de 65 ans sont favorables à l'allongement de la durée de cotisation (60%) et au recul de l'âge légal (57%), deux mesures qui ne les toucheraient pas, contrairement à une baisse des pensions, à laquelle 87% d'entre eux sont opposés.
Cette option est rejetée par les Français de tous âges (91%).