Comment croire une seule seconde que la générosité du Gabon d'Omar Bongo ou de la République islamique du Pakistan soit gratuite ? Les financiers attendent toujours un retour sur investissement. La politique apparente, celle que présentent les médias, avec ses ressorts officiels, ses déclarations de principe, ses protestations de vertu, est parfois très éloignée de la politique réelle de gouvernants qui accèdent au pouvoir déjà grevés de dettes secrètes et de bienfaiteurs à rétribuer.
Mais pour les principaux intéressés, bien sûr, tout ceci n'est que fable. Interrogé le 19 juin 2009 par le journaliste Philippe Alfroy sur les derniers éléments de l'enquête concernant l'attentat de Karachi (voir la dépêche AFP ci-après), le président de la République française Nicolas Sarközy, à l'époque des faits ministre du budget, ne trouve en effet rien de mieux à répondre que : "Qui peut croire à une fable pareille ?", avant de s'esclaffer. Mais bien sûr, après toutes sortes de mimiques : "Pardon hein, je ris pas du tout parce que Karachi c'est la douleur de familles et de choses comme ça."
Sinistre, sanglante fable, qui se sera cette fois terminée par la mort de onze expatriés français un matin de mai 2002 à Karachi.
* Attentat de Karachi - Sarkozy rejette la piste de la corruption
AFP - 20 juin 2009
Paris - L'enquête sur un attentat qui avait tué 11 ingénieurs français en 2002 à Karachi s'oriente vers la piste d'un contentieux franco-pakistanais doublé de commissions occultes reversées à des hommes politiques à Paris, une hypothèse qualifiée de «fable» hier par Nicolas Sarkozy.
Les victimes françaises de cet attentat commis le 8 mai 2002 par un kamikaze dans la capitale économique du Pakistan étaient des salariés des arsenaux d'État français DCN. Trois Pakistanais avaient également été tués.
L'avocat des familles de sept des 11 ingénieurs a affirmé, après une rencontre jeudi avec les juges antiterroristes français, que l'enquête avait été relancée sur la piste d'un contentieux franco-pakistanais lié à la vente en 1994 de sous-marins.
Celle-ci aurait donné lieu au versement de commissions au Pakistan, mais aussi à des rétro-commissions en France ayant pu financer la campagne présidentielle en 1995 de l'ex-premier ministre français Edouard Balladur.
«C'est ridicule [...] c'est grotesque [...], qui peut croire une fable pareille ?», a répondu le président français hier à la presse à l'issue du Sommet européen à Bruxelles. «Si vous avez des éléments, donnez-les à la justice!» a-t-il lancé, agacé.
Selon l'avocat des familles, Me Olivier Morice, l'attentat aurait été organisé en représailles au non versement de commissions. «Ces commissions ont été arrêtées à l'arrivée de Jacques Chirac à la présidence de la République en 1995», a affirmé Me Morice. Selon l'avocat, la piste islamiste, longtemps privilégiée «est totalement abandonnée» par la justice française, les enquêteurs disposant de nouveaux éléments pour accréditer la thèse du contentieux franco-pakistanais.
L'avocat des familles pourrait demander dans les prochaines semaines les auditions de M. Balladur et Jacques Chirac. Edouard Balladur a reconnu jeudi avoir «entendu parler de cette histoire depuis des années» mais souligné que tout s'était déroulé de manière «parfaitement régulière».
Cette piste avait brusquement surgi en 2008 dans le cadre d'une enquête sur des faits présumés de corruption et de ventes d'armes. Des policiers avaient mis la main sur des documents portant sur des sociétés par lesquelles avaient transité des commissions. Un de ces documents faisait état en septembre 2002 d'une «instrumentalisation» de militants islamistes par des membres des services secrets pakistanais et de l'armée «pour obtenir le versement de commissions non honorées».
Le versement de commissions, interdit par une convention de l'OCDE de 2000, était encore légal en 1994. D'éventuelles rétro-commissions dont auraient pu bénéficier à cette époque des décideurs français sont en revanche réprimées par la loi.
L'éventuel financement de la campagne présidentielle d'Édouard Balladur en 1995 par des commissions sur des contrats d'armements de la DCN était apparu dans le cadre d'une enquête préliminaire sur des sociétés d'intelligence économique.
Les policiers avaient alors trouvé une note mentionnant l'aval du directeur de cabinet de M. Balladur, Nicolas Bazire, et celui du ministre du Budget d'alors, Nicolas Sarkozy, pour la création d'une des sociétés par lesquelles transitaient des commissions.
Sarkozy: affaire Karachi
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