Dure semaine pour les accrocs de la nécro. Trois de chute. En cette semaine de bac, trois icônes du passé passent l’examen final avant d’ «entrer dans la légende». MTV perd sa plus grande marionnette interraciale tandis que la pop est orpheline de l’homme à qui l’on doit Can’t Seem To Make You Mine (ce qui, soyons honnêtes, vaut tous les Heal the World de la création). Et puis, quelque part entre ces deux monstres, Farah Fawcett part sur la pointe des pieds.
Farah Fawcett. Pas de mon époque. Pourtant, j’ai l’impression d’avoir toujours su qui se cachait derrière cet intriguant patronyme. Les discussions des adultes quant à leurs souvenirs télévisuels, That 70’s Show…un nom comme un autre, qui ne renvoie pas d’image précise mais s’imprime dans mon inconscient adolescent comme un rapide graffiti sur un austère mur de briques. Mais il faut que je sache. Pourquoi l’a-t’on retenue, elle ? Au point d’atteindre mon encéphale d’autre millénaire d’un jet de pisse nostalgique.
Ces mots n’ont rien expliqué. Tout embrouillé, même. C’est ça Farah Fawcett ? Une semi-actrice qui a enchainé les choix désastreux, une tête de turc pour divinités arméniennes ? Quelles bande d’escrocs ces enfoirés du musée des icônes, heureusement que l’entrée était gratuite, putain. J’espère au moins qu’elle était mignonne.
Trois décennies plus loin, derrière mon laptop, je réalise et trace des parallèles à travers l’espace-temps. J’additionne les trois drôles de dames en une seule fille, remplace les gangsters et dealers par des créatures étranges, fait tomber la nuit sur ma mixture. Facile. Sarah Michelle Gellar troque couettes symétriques et sucettes espiègles contre pieux et coups de lattes. Blondinette plus qu’agréable à regarder, habile de ses quatre membres, elle est notre Farah Fawcett. Me reviennent alors ces fins d’après-midi, après les cours. Buffy gesticule et se frotte à des vampires carton-pâte et me scotche au canapé. Incapable de bouger, j’ai oublié le problème originel de Buffy, oublié les devoirs qui m’attendent. C’est mal filmé, mal interprété et ça ne dure que quelques minutes. Mais ces images me resteront jusqu’au prochain épisode.
Maintenant, je sais. Farah Fawcett, ce n’est pas une actrice. Pas vraiment un fantasme non plus. Farah Fawcett, c’est une image éphémère que certains garderont toujours dans leur mausolée émotionnel. Bien au chaud à l’intérieur, à l’abri du souffle glacial de la réalité.