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Mgr Luciana Alimandi, L'année sacerdotale

Publié le 27 juin 2009 par Walterman

Rome (Agence Fides) – L’Année Sacerdotale inaugurée par le Pape Benoît XVI est une grande occasion de grâce, surtout pour nous, prêtres, pour nous faire redécouvrir et approfondir la vocation de serviteurs du Seigneur : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis » (Jean 15, 16) : Jésus déclare clairement à ses premiers Apôtres – et ainsi aux apôtres de tous les temps – que l’appel sacerdotal provient de son Cœur, et que ce n’est pas une initiative des hommes, mais de Dieu.

 

Mgr Luciana Alimandi, L'année sacerdotale

La racine de toute vocation authentique est donc à rechercher uniquement en Lui : « Le Seigneur m’a appelé dès le ventre de ma mère, dès le sein il a prononcé mon nom » (Isaïe 49, 1). Nous le savons, le but principal pour lequel nous avons été appelés, nous pouvons le trouver toujours et seulement dans la Parole de Jésus. C’est Lui qui nous a appelés et c’est Lui qui nous a fait connaître clairement sa Volonté sur nous. Saint Paul synthétise en ces termes la Volonté de Dieu, ce qui vaut pour chaque chrétien, et, donc, à plus forte raison, pour chaque prêtre, qui doit être un pasteur pour les âmes qui lui sont confiées : « Et voici quelle est la volonté de Dieu, votre sanctification »’ (1 Thessaloniciens 4, 3)

Le prêtre ne devrait pas oublier que le but de son appel c’est précisément la sainteté. Comme pourrait-on, en effet, devenir des amis de Jésus sans en imiter les vertus, à commencer par les vertus centrales de son Cœur ? « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mathieu 11, 29). De nombreux passages de l’Evangile soulignent le désir ardent de Jésus que ses disciples désirent vivent la sainteté : « Vous donc, vous serez parfaits, comme votre Père Céleste est parfait » (Mathieu 5, 48). Si la raison la plus profonde de l’appel au Sacerdoce ne peut être que la sainteté, elle devient alors impérative pour chaque ministre sacré, la tension quotidienne vers la conversion de vie. La sainteté sacerdotale, en effet, comme toute sainteté de vie, il faut « se la gagner » jour après jour, même au milieu des nombreuses limites et des nombreuses fragilités humaines.

Le chemin de conversion ne doit jamais être interrompu, parce que, si cela se produisait, l’énergie spirituelle du prêtre diminuerait de manière dangereuse, jusqu’au péril de l’effondrement : c’est-à-dire quand manque la force d’aller de l’avant : « Aller de l’avant » veut dire avant tout ne jamais cesser de combattre son propre égoïsme, dans le sacrifice de son propre « moi » et des ses multiples intérêts qui mènent loin des intérêts de Dieu. L’Evangile, en effet, met comme condition essentielle pour « suivre » Jésus, précisément ce reniement : « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive » (Marc 8, 34). Le plus grand combat spirituel du prêtre consiste à s’oublier soi-même, pour ne rien faire passer avant Jésus. « Tu te préoccupes et tu t’agites pour de nombreuses choses, mais une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas enlevée » (Luc 10, 41-42). La seule chose nécessaire pour un prêtre, c’est Jésus. S’il désire vraiment l’imiter, jamais le Seigneur ne permettra qu’il reste sans Lui, qu’il se perde, qu’il perde le don précieux de la grâce.

Rien ne peut enlever à une âme l’intimité avec Jésus ! Seule l’âme peut le faire elle-même, si elle commence à négliger précisément la vie de communion avec Dieu, nourrie par les Sacrements et pas sa Parole méditée et vécue, accompagnée par une vie de prière et de charité. L’amitié avec Jésus est le but premier de l’appel au Sacerdoce, dont dépend tout le reste : « Vous, êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande… Je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j’ai entendu du Père, je vous l’ai fait connaître » (Jean 15, 14 ss.). Si à la place des paroles de Jésus, nous mettons les nôtres, nous faisons passer nos intérêts humains avant ses intérêts divins ; si nous regardons fixement les buts qui ne sont pas inspirés par Lui mais par le monde, alors, on cesse d’être « des amis », et l’on devient des traîtres. Ce n’est pas le sacerdoce ministériel qui se dénature, mais le ministre qui perd sa « saveur » (cf. Mathieu 5, 13), ainsi que l’irradiation de cette « amitié extraordinaire avec Jésus que Jésus lui avait offerte en l’appelant à Lui, « pour qu’il demeure avec Lui » (Marc 3, 14). On peut dire alors que l’on apprend à devenir celui que l’on doit être, c’est-à-dire des prêtres, seulement en « restant avec Jésus ». « Demeurez dans mon amour » (Jean 15, 9), c’est ce que Jésus a demandé » à ses premiers apôtres, et c’est cela qu’il demande à tous les autres. « Demeurer » est un verbe qui nous renvoie au Mystère Eucharistique : Il demeure avec nous dans l’Eucharistie, afin que nous aussi nous demeurions avec Lui !

Notre Saint-Père, le Pape Benoît XVI a fait de l’exhortation à l’amitié avec Jésus, un des points cardinaux de son Magistère. Il a rappelé de nombreuses fois aux prêtres que c’est, de l’intimité avec Dieu, que dépendait tout le reste. Sans une vie authentique de prière, sans une célébration digne de la Sainte Messe, et dans la l’Adoration de la très Sainte Eucharistie, il ne peut y avoir de sainteté sacerdotale et de véritable fécondité apostolique. C’est seulement si le sarment est uni à la vigne qu’il porte du fruit, sinon, il sèche (cf. Jean 15, 4 ss.). Le Pape Benoît XVII indique aux prêtres précisément la logique eucharistique comme modèle de pensée et de vie :

« Ce n'est que de l'union avec Jésus que vous pouvez tirer la fécondité spirituelle qui engendre l'espérance dans votre ministère pastoral. Saint Léon le grand rappelle que "notre participation au corps et au sang du Christ ne tend à rien d'autre qu'à devenir ce que nous recevons" (Sermo 12, De passione 3, 7, PL 54). Si cela est vrai pour tout chrétien, cela l'est à plus forte raison pour nous, prêtres. Devenir Eucharistie! Que cela soit précisément notre désir et notre engagement constant, afin que le don du corps et du sang du Seigneur que nous faisons sur l'autel, s'accompagne du sacrifice de notre existence. Chaque jour, nous puisons au Corps et au Sang du Seigneur l'amour libre et pur qui fait de nous de dignes ministres du Christ et des témoins de sa joie. C'est ce que les fidèles attendent du prêtre: c'est-à-dire l'exemple d'une authentique dévotion pour l'Eucharistie; ils aiment le voir passer de longs moments de silence et d'adoration devant Jésus comme le faisait le saint curé d'Ars, que nous rappellerons de façon particulière lors de l'Année sacerdotale, désormais imminente ». (Benoît XVI, homélie de la Messe de la Fête-Dieu, 11 juin 2009)

Qui, plus que la Vierge Marie, « Femme Eucharistique », et Mère des prêtres, peut nous enseigner cette logique eucharistique : se perdre soi-même pour Le recevoir : qui, mieux qu’Elle, peut nous aider à aller de l’avant sur le chemin de « l’expropriation » de nous-mêmes, afin que « le Christ vive en nous » (cf. Galates 2, 20) !

(Agence Fides, 24 juin 2009)

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