"Citius, Altius, Fortius". "Plus vite, plus haut, plus fort"
La devise des Jeux Olympiques s’applique parfaitement à "Transformers 2 la revanche". Cette fois ci la barre a été placée très haut, trop haut peut être.
Le long métrage de Michael Bay a ouvert la saison estivale des blockbusters. Comme chaque année, nous entrons dans une période où un certain nombre de films nord américains envahissent les salles de cinéma du monde entier. Leur mission première est de divertir les masses et jusqu’à preuve du contraire d’engranger un maximum d’argent.
Les recettes sont immuables et prouvent d’années en années que la formule marche à coup sûr.
Le plus grand reproche fait à Michael Bay il y a deux ans, à la sortie du premier opus de la saga des Autobots et des Decepticons, est d’avoir été économe dans le nombre de robots proposés. Les fans, les purs et durs admirateurs des créatures venues de Cybertron, en voulaient plus. Le cinéaste américain a exaucé leurs vœux.
Dans "Transformers 2 la revanche", 48 robots ont été recensés. Rassurez vous : je ne me suis pas amusé à compter, je fais entièrement confiance au dossier de presse.
Cela fait des semaines que je constate qu’une partie de notre très chère presse nationale fracasse le second opus. Vous pourriez penser que je suis vacciné et que j’ai tort de m’emporter contre ces gens à la plume assassine, mais à chaque fois je suis obligé de le dire : ces individus me gonflent.
Michael Bay, les scénaristes, les spécialistes des effets spéciaux prennent des risques financiers, artistiques et surtout, créent quelque chose. Nous autres, humbles blogueurs, nous chroniquons et critiquons à volonté mais la seule différence est que mon avis par exemple n’est pas universel à l’inverse de ces hommes et de ces femmes qui voudraient établir des vérités premières en 300 ou 400 mots.
"Transformers 2 la revanche" est un pur divertissement, une plongée dans l’action de 150 minutes qui coupe le souffle plus d’une fois. Le long métrage est un pur concentré de bonheur cinématographique pour peu qu’on adhère sans retenue au postulat de départ qui sous entend que le spectateur prenne place dans la salle pour être estomaqué et en recevoir plein la gueule (désolé) et les yeux.
Et en plus nous sommes largement prévenus. Depuis des mois nous savons ce qui nous attend. Pas la peine de dire de manière hypocrite : "je ne savais pas".
Le film va à cent à l’heure. Il y a du mouvement en permanence. Les séquences sont vertigineuses, incroyables, irréelles. Les scènes d’action s’enchaînent sans véritable temps mort. L’humain est pour ainsi dire relégué au second plan.
Les combats entre Decepticons et Autobots sont nombreux, riches, diversifiés, démesurés. L’attaque du Devastator est l’un des moments phares du film. Un passage vraiment intense.
Le film regorge de petites trouvailles bigrement intéressantes (les Decepticons "ménagers" formés à partir de d’appareils et ustensiles de cuisine, les jumeaux autobots auxquels il manque un troisième larron pour former les "3 Stooges").
Le spectateur ne s’ennuie pas une seconde. Il n’y aucune honte à dire que le plaisir est jouissif.
Derrière ce déchaînement et cette profusion d’effets spéciaux en tout genre il y a le phénoménal travail des maîtres d’œuvre d’ILM. Leur savoir faire, leur implication m’impressionne toujours autant. A chaque fois on se dit que les limites sont désormais atteintes mais la technique d’un nouveau film enterre irrémédiablement une œuvre qui date de 6 mois ou un an.
Côté interprétation, je peux dire que le casting largement reconduit est à la hauteur de ce qu'on lui demandait. Shia LaBeouf fait son "job" et c’est tout. La bonne surprise concerne en fait Megan Fox. Michael Bay a eu l’intelligence de ne pas jouer à fond et de manière immodérée la carte de la bombe sexuelle. Les différentes bandes annonces étaient plus que trompeuses dans ce domaine. John Turturro apporte son grain de folie habituel.
Mais il y a toujours un revers à la médaille. Le premier reproche qu’on pourrait faire à ce long métrage est sa quasi absence de scénario solide et élaboré. Le premier film se tenait avec un fil conducteur relativement simple (la recherche du "allspark"). Dans ce second opus, l’ensemble donne l’impression de naviguer à vue. Les ahurissantes et excellentes scènes d’action manquent de liant. Chaque séquence pourrait très bien se concevoir de manière autonome.
Je vous épargnerais les manques de Michael Bay sur la topographie parisienne et Egyptienne (merci Niko06) car à mon sens il y a plus grave.
Les dialogues sont désespérants plats et prévisibles. Mais bon nous ne sommes pas dans un drame shakespearien non plus.
Mais le plus énervant avec Michael Bay est qu’il reproduit à l’infini les mêmes schémas. Ses longs métrages ressemblent par moments à d’immenses spots de publicité pour l’armée américaine. Gloire aux infrastructures, aux moyens mis en œuvre et à la capacité de réaction de la super puissance qu’est l’amérique.
Il va falloir aussi que l’histoire et les personnages évoluent dans un troisième volet qui était déjà annoncé avant la sortie du second. Nous avons assisté à la rencontre de deux tourtereaux il y a deux ans. Dans "Transformers 2 la revanche" ils se retrouvent malgré la distance qui les sépare et des méchants robots venus de l’espace. Nous allons finir par tourner en rond. Dans le 3ème film ils se marieront peut être sous l’œil larmoyant de parents attendris et auront des enfants dans un 4ème film. La saga ressemblera alors à un "Transformers Pie".
Mais le défaut majeur du long métrage est son envie de trop bien faire. C’est un peu paradoxal. Les séquences d’action sont tellement nombreuses qu’à la fin des deux heures trente, nous sommes au bord de l’indigestion de robots. Nous finissons par perdre le fil. Au lieu de nous attacher à quelques Autobots et Decepticons, nous sommes noyés sous un déluge de métal et de feu. Le final egyptien en est le plus bel exemple.
Personnellement j’aurai préféré que Michael Bay soit audacieux et modéré à la fois. Sa démesure finit par lui jouer de (mauvais) tours. Dans les affrontements de machines, on a parfois du mal à distinguer qui est qui.
Ces éléments empêchent à mon sens "Transformers 2 la revanche" d’être un long métrage mythique. Je ne dis pas que je n’ai pas pris mon pied, bien au contraire mais la tendance à vouloir absolument nous clouer au mur provoque un sentiment étrange, un ressenti mitigé même si le simple plaisir du cinéphile est assurément au rendez vous.
Il y a peut être un juste équilibre à trouver entre le sens et la forme.
Je sais que mon vœu est pieux. Surtout tant que nous parlerons d’industrie cinématographique et non plus d’art cinématographique.
Mais je ne fais pas la fine bouche. Je suis l’un des rouages du système. Et je reverrai "Transformers 2 la revanche" avec plaisir !!!