Poezibao propose ici de suivre le travail de composition d'un texte, idée initiée par Ariane Dreyfus et reprise ici par Maryse Hache, pour un poème publié sur son site, Le Semenoir.
poème en chantier : 1, 2, 3, 4, 5, 6
1.
trembler d'émotion
avec la lumière dans les arbres
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec celui qui désire
et celle qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
_émotion_
|trop explicatif, démonstratif, voire explicite
laisser plus d'énigme, davantage de silence, où peut venir se poser le lecteur |
plutôt en dire moins que trop
_celui/celle_/même remarque
referme la griffe sur l'étiquetage du genre et du nombre
laisser l'expansion possible de la langue, lui offrir l'air et l'espace où
s'épanouissent les grands arbres en lumière du deuxième vers
2.
trembler d'émotionavec la lumière dans les arbres
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec celui qui désire
et celle qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
3.
trembler avec la lumière dans les arbres
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec qui désire
et qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
où est le focus
où le poème fait-il le point
entre trembler et être
un arbre, voire le
devenir
le devenir tellement la conscience sensible s'y installe et s'y abandonne
donc pour l'infinitif un vers séparé des autres par un interligne
rythme dans les signes posés sur le papier et rythme de la respiration de leur
lecture
4.
trembler
avec la lumière dans les arbres
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec qui désire
et qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
une unité dans les trois vers qui
suivent ce trembler me semble réclamer
un interligne à leur suite pour qu'elle apparaisse plus clairement, et séparée
des deux vers suivants qui construisent une autre unité
revient aussi la question musicale du rythme
et quelque chose dans la succession
des trois pluriels de la fin de chaque vers me gêne
trop flou / l'image manque de piqué
et encore le rythme : 8 7 8 plutôt que 9 7 8
alors il n'y aurait qu'un arbre
il n'y a qu'un arbre dans lequel la conscience sensible s'abîmer
ça donnerait ce qui suit
5.
trembler
avec la lumière dans l'arbre
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec qui désire
et qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
encore quelque chose dans le rythme
ne convient pas dans les deux derniers vers
peut-être ne sont-ils pas à donner
sans interligne pour sauvegarder l'arbre en solitude, l'arbre qui se détache
dans l'espace du poème autant que celui de la vision extérieure, il est dans le
focus, il convient qu'il se voie
et la succession des deux derniers
vers peut laisser supposer que être un
arbre serait conséquence de ce
refus, ce dire non, ce qui n'est pas
le cas
alors ajout d'un interligne
cela dissociera la fuite et le qui dit
non auquel le poème ne veut pas le lier
et cela mettra aussi en valeur ce "qui
dit non " auquel ici je tiens, en cette occurrence-là, manière de ne
pas céder, manière de tenir, de stehen, à
la celan
6.
trembler
avec la lumière dans l'arbre
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec qui désire
et qui fuit
qui dit non
jusqu'à être un arbre
mais la dissociation n'est pas assez
forte
ce qui dit non est trop tranchant,
brutal, ne correspond pas à l'élan sensible, il fait écran au mouvement, au
vent, à la lumière
je vais reprendre le verbe trembler et voilà que le poème me dit la
conscience sensible entrée dans la contemplation de l'arbre jusqu'à sa
métamorphose
élan final du poème
trembleravec la lumière dans l'arbre
avec le vent dans les feuilles
avec les plumes des oiseaux
avec qui désire
et qui fuit
et qui dit non
trembler
jusqu'à être un arbre