Pour résumer, il semblerait que des commissions occultes aient été versées pour des sous-marins achetés par le Pakistan. Jusque là, c'est la routine, me direz-vous : à chaque marché d'armement en France correspond une gabegie côté français, une grosse commission occulte côté acheteur et plein de petits secrets nauséabonds côté Intelligence Politique dans les deux camps.
Et là, le lièvre grossit d'un coup : la banalité s'arrête au moment où le chef de l'État d'alors, Jacques C., multi-récidiviste, décide d'arrêter le versement de ces bakchichs puisque ceux-ci alimenteraient les caisses de son rival d'alors, Balladur. Ici, on se rappellera qu'à l'époque, Sarkozy est directeur de campagne du challenger de Chirac. Action / Réaction et paf dans le museau : un bus explose en tuant plusieurs ingénieurs français qui travaillaient au Pakistan à ce moment là. Eh oui : si les rétro-commissions semblent empochées par le clan Balladur, les commissions sont elles encaissées par les militaires pakistanais qui n'entendent pas faire les frais des restrictions budgétaires chiraquiennes.
D'ores et déjà, on sait qu'on a perdu pas mal de lecteurs ici : l'affaire est compliquée. La presse écrite, pas au mieux de sa forme, sent confusément qu'elle va avoir du mal à bien expliquer tout ça, sauf à recourir à des petits dessins, des maquettes et le tableau Velleda de Jean-Claude Bourret. Si l'on ajoute que le frétillant directeur de campagne du perdant est maintenant le président de tout le bazar, dont une des fonctions est d'assurer les subventions aux médias traditionnels, on comprend la circonspection mêlée de distance avec laquelle les journalistes s'emparent de la nouvelle.
Bref. C'est donc avec une mollesse quasi-estivale que le ragoût s'est mis en place et qu'il mijote doucement. Pendant que les journaux télés utilisent les vieilles marmites en fonte et le four à bois, sur Internet, on a branché les plaques à induction et la cocotte-minute. Ça bulloie franchement.
Comme on pouvait s'y attendre, ce sont les sites traditionnellement classés à gauche qui s'empressent de bondir sur le méchant kyste qui s'installe dans la fesse sarkozienne : après tout, ce qui enquiquine furieusement le président les réjouit. Mais force est de constater qu'ils ont raison : l'affaire est bien plus grosse que ce que la presse traditionnelle en dit.
Pour tout dire, cela ressemble même à un joli Karachigate et le buzz qui s'installe sur la toile va donner bien du fil à retordre aux services de presse de l'Elysée pour tenter de calmer le jeu. On pourra s'en convaincre assez facilement en lisant les articles documentés de Plume De Presse.
Le prochain suppo pour Sarko. Un petit mauvais moment à passer.
Cependant, je m'en voudrais de m'arrêter là.
En effet, l'affaire en elle-même constitue une source quasiment inépuisable de rebondissements, tant au niveau de l'enquête que de ses ramifications et de toutes les manœuvres politiciennes, les étouffements possibles et avérés qui vont se mettre en place, les menaces ouvertes ou voilées qui seront proférées. Mais elle est aussi une démonstration cinglante de la veulerie de nos dirigeants.
Comme le rappelle fort à propos Aurel dans son dernier article, le financement de la vie politique française est en soi un karachigate d'un gabarit olympique. A côté des tuyauteries politico-financières françaises, soyons clairs, bien des scandales anglo-saxons pâlissent et ne doivent leur retentissement mondial qu'à la médiatisation vigoureuse dont les médias sont, là-bas, friands. Chez nous, la partie émergée de l'iceberg est si modeste qu'elle passerait pour un glaçon de cocktail dans une soirée élyséenne, alors qu'en réalité, des banquises de taille départementale glissent lentement sous le niveau paisible d'une mer d'huile médiatique.
Il ne se passe finalement pas une année sans qu'un
Tous pourris ? Allez savoir.
On en vient en tout cas à se demander pourquoi la vie politique attire tant de monde, au point que certaines élections présentent tant de candidats que
Quoiqu'il en soit, le chat est maintenant sorti du sac. Le Karachigate semble en voie de métastase. On attend avec amusement la chimio prodiguée par la presse officielle pour mesurer l'état d'avancement de la maladie.