On annonce que Michaël Jackson est mort. Premier réflexe : paix à son âme.
On a naturellement interrogé des “personnalités” sur cet événement considérable – pas le beau Frédéric Mitterrand, bien sûr, qui y est allé tout seul de sa salve ministérielle. Rien d'étonnant, culture oblige, n’est-ce pas ?
En l’occurrence c’est Mme Christine LAGARDE qui a été interrogée, sur LCI, en raison sans doute de ses compétences ministérielles. On attend, bien sûr avec impatience, les réactions de Jack Lang, de Barroso, de Michel Platini, de Sarkozy et, éventuellement, celles du président iranien ou de Ségolène Royal, laquelle a toujours le mot juste comme on sait, même si elle ne s'applique à parler que lorsque N. Sarkozy a dit quelque chose. En attendant, contentons-nous de celle de Mme Lagarde.
Or voilà-t’y pas qu’à la question « avez-vous été touchée par la disparition de Michaël Jackson », elle a répondu… « Non ». Horreur, femme de marbre, sans entrailles, femme d’inculture, femme de quoi au fait ? Parce que, voyez-vous, la réponse fait scandale, paraît-il, mais, dans le fond, on ne sait pas bien pourquoi. Ce qu’on sait, c’est sa réponse : C’est pas bien. Mais alors pas bien du tout ! Il aurait fallu dire "oui", il aurait fallu pleurer, dire que cela vrillait son coeur et évoquer sa jeunesse bercée par les gesticulations de l'androgyne. Mais elle ne l'a pas fait. Elle n'a pas eu le bon goût, la décence, le savoir-vivre en monde pourri de le faire. D'où le scandale. Naturellement.
Yahoo, toujours bien-pensant et moralisateur, titre : « Un “non” qui dérange », avec ce sous-titre alarmé : « Que lui arrive-t-il ? » Bigre. En effet. Elle est peut-être malade ? La grippe porcine, ou une forme perverse de sarkosyte ? Allez savoir. En tout cas, elle n'est pas bien. Foi de Yahoo.
On croit rêver, mais on vit à rêves abattus dans ce monde surmédiatisé et surdébilisé. Oui, encore une fois : paix à son âme. Mais de là à être « touché » par le décès de ce très ambigu personnage, comme si le monde perdait un trésor, non merci. On serait davantage peiné par sa vie.
Comble d’indignité sociale, je dois avouer qu’il me prend souvent, quand je vois dans la rue le visage affiché de tel(le) journaliste, tel(le) “vedette”, tel politicien même parfois, d’avoir honte d’en connaître seulement le nom. Le pauvre Michaël fait partie de ceux-là. Oui, paix à son âme.
Au fait, pour faire plaisir à quelqu'un qui se reconnaîtra : dans le même temps où un fou furieux annonce, en Corée du Nord, qu'il va faire s'abattre le feu nucléaire sur la Corée du Sud d'ici peu, les Bonnes Consciences sont occupées à vivre le grand deuil que nous évoquons. Etrange quand même, il faut bien le concéder.