Ah quel pays, le Sarkoland ! Vous faites un pas dehors, vous vous absentez dix jours et quand vous revenez ce n’est plus le même, vous apprenez que le monarque républicain a ressuscité un Mitterrand (rien que ça !) qu’il a viré sept ou huit ministres, transmué les droits de l’homme (décidément archaïques) en ceux du sport (quand même plus « punchy ») et annoncé qu’il allait lancer un emprunt (des fois qu’on ait des fonds de poches intéressants). « L’ouverture » c’est fini, Allègre a fait « pfuitt ». Vous étiez parti, inconscient des problèmes du pays : vous n’aviez même pas vu qu’il se recouvrait peu à peu de femmes en niqab, voire en burqa. Vous revenez, on a projeté d’interdire ces vêtements indécents, le monarque a donné son avis. Point. Circulez. Pays des libertés, des libertés, c’est vite dit… si on ne peut plus revêtir les vêtements de son choix… Mais foutez leur donc la paix. Une dame, dans un article récent du Monde disait qu’elle se sentait mal à l’aise sous le regard des hommes, si elle préfère s’en protéger, c’est bien son droit après tout.
Mon esprit est encore au Japon. C’est si prenant. Tokyo…comment une ville de 12 millions d’habitants peut-elle offrir des coins d’une tranquillité exquise comme ceux que m’a fait découvrir Lionel Dersot, du côté de Mejiro, à deux pas du quartier hyper-urbain de Ikebukuro ?
Tokyo mégapole, voies d’autoroute qu’on superpose, lignes de trains par dessus, gares grondantes entourées de ruelles pleines de victuailles, bistrots minuscules où la patronne vous accueille toujours avec le sourire. Même si les technologies ont terriblement évolué depuis et si les buildings étaient sans doute moins hauts, le choc était visiblement le même quand on passait de Kyoto à Tokyo il y a quarante ans si on en croit Nicolas Bouvier :
Ce qui fait grande ville ici, c’est la présence du train partout et ces longues rangées de troquets et de petites boutiques et éventaires de toutes sortes collés au ballast où l’alcool tremble dans les verres et le thé dans les bols au passage des rames de la Cho Line. (”le vide et le plein”, p. 157, ed.Folio)
du “sky deck” de la Tour Mori (Ropponggi)
depuis l’intérieur de la Tour Mori (Ropponggi)
Omote sando
Omote sando
rues calmes de Mejiro
Ikebukuro
Asakusa
parc Ueno
Encore merci à Lionel Dersot pour m’avoir piloté une demi-journée dans un quartier de Tokyo hors des sentiers battus et m’avoir montré cette étonnante école construite par Frank Lloyd Wright et fondée par un couple visionnaire des années vingt, lieu tout de repos, de silence et de sérénité. Merci aussi pour la discussion passionnante et le point de vue d’un résident.