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Cinecitta - Amarcord

Publié le 26 juin 2009 par Romeimages
Cinecitta revient pour un dernier rendez-vous avant la rentrée... avec Amarcord de Fellini...
Cinecitta - Amarcord
Je me souviens d'Amarcord, il y a 24 ans.
Le manine scoincidono nel nostro paese con la primavera...
Un mot inconnu que les sous-titres me faisaient découvrir.
Les ménines. Ces flocons annonciateurs du printemps ne tombaient pas du ciel, mais des peupliers. Et c'était le vent en rafales qui créait ce décor insolite, prélude aux premières notes de la musique de Nino Rota.
Mélodies toujours mélancoliques et joyeuses, inoubliables,
personnages à part entière dans tous les films de Fellini.
Amarcord se feuillette page après page, comme un album de famille
des années 30.
Pendant quatre saisons, des Ménines aux Ménines, se déroule la chronique des évènements marquants d'une petite ville. Nous les suivons à hauteur du regard de Titta, un adolescent turbulent et farceur, délicieusement torturé par sa sexualité naissante.
Différents lieux et Différents groupes
La ville
Les arcades et ses boutiques, portes ouvertes, qui sont comme autant de théatres miniatures.
Son Cinéma, tapis volant vers l'ailleurs.
La place, centre stratégique où tout le monde se retrouve.
Scènes de fêtes, d'émerveillement, de guerre froide...
Il s'y passe tant de choses simultanément que les yeux balaient l'écran pour ne rien manquer. Et l'on essaie de capter tous les dialogues, rapides, percutants et drôles.
Emerge parfois, une sensation proche de l'étouffement.
Tout se sait et tout se voit.
Le lycée
Sa cohorte de profs caricaturaux.
Les lycéens et leur insolence, leurs histoires d'amour, leurs règlements de compte qui nous font rire en écho, parce que notre propre jeunesse n'est pas si loin.
La maison
Où se joue entre les parents, une commedia dell'arte excessive
et hilarante, pudique incapacité à exprimer ses sentiments.
Avec Titta, c'est la découverte des dernières bêtises, déjà oubliées, qui donnent lieu à des courses poursuites, des échanges de menaces que le vent de l'amour emporte.
Les femmes
Cela surprendra ceux qui abordent ici l'univers Fellinien, mais tous ses stéréotypes sont au rendez-vous.
La Mamma dont les enfants sont restés la chair de sa chair.
La Beauté Fatale, objet des fantasmes de tous. Elle rêve d'être enlevée par Gary Cooper. Mais aspire à trouver un mari, avec qui partager le caffèlatte du matin et une ribambelle de bambini.
Celle dont la poitrine opulente empêche les adolescents de dormir.
La nymphomane.
Les Adolescentes sont de simples figurantes. Belles et déjà briseuses
de coeurs ou laiderons dont on se moque.
Les hommes
De 7 à 77 ans, ils sont pratiquement tous, complètement obsédés.
Mais protagonistes et ceux qui font partie du décor, sont vivants, différents et attachants. Poète, musicien, historien, ouvriers, vendeur ambulant loufoque, menteur professionnel, barbieri...
Le contexte
La politique
C'est la montée du fascisme.
L'embrigadement des enfants qui croient participer à un jeu.
La cohabitation au sein d'une même famille d'un fasciste
et d'un antifasciste.
La grandiloquence des chefs du parti, seuls personnages ridiculisés.
L'anarchiste isolé et fier, qui réussit une brillante et poétique démonstration de résistance. Les représailles, si elles n'ont rien
de sanglant, nous ramènent brutalement les pieds sur terre.
L'adolescent n'a aucun recul, mais l'adulte qui raconte
a choisi son camp.
L'emprise de l'Eglise
Elle fut le bras droit du fascisme.
C'est l'ère d'Au nom du Père, du Fils, du Saint Esprit, de la Famille
et de la Patria.
Et l'omniprésence de la Répression Sexuelle, allègrement contournée par ceux qu'elle vise.
Cinecitta - Amarcord
Différents registres
Les saisons
Elles sont scandées par une magnification de la nature.
Les Ménines auxquelles tous vouent un véritable culte,
sont comme la vie. On tente de l'attraper... elle vous échappe.
L'immense feu de joie, célébration païenne ancestrale
de la fin de l'hiver.
La beauté époustouflante de l'été dans la campagne Romagnole,
cadre d'une scène familiale d'une tendresse infinie.
La mer. Un bateau illuminé traversant la nuit. Le ciel constellé d'étoiles qui ramène au mystère de l'univers.
Le brouillard qui rend si étrange les décors familiers.
La neige, l'apparition d'un paon venu de nulle part.
Le retour des Ménines... malgré la tristesse, la vie continue
et reprend son cours.
Les émotions
Il y a toute la palette du rire.
Une tendresse qui souvent ne trouve pas ses mots.
La tristesse, l'espace d'un instant.
La fierté de ne pas baisser la tête.
L'humiliation qui suscite empathie, admiration et compassion.
L'amour de l'Humanité, réduite ici à cette population hétéroclite
qui partage joies et peines.
L'écran s'est éteint.
Mais la musique nous reste. On se surprend à la fredonner,
les yeux encore écarquillés, charmés et heureux.
Ne soyez pas surpris de lancer un jour à la face du monde
Voglio una donnaaaaaaa, qui loin de son sens premier, est juste un cri de guerre volé au film et qui vous le rend, dans toute sa douceur.
Vient l'envie de boire à la santé de Federico, où qu'il soit,
un verre de cette bière Amarcord, brassée à Rimini en hommage
à celui qui se surnommait Le Plus Grand des Menteurs.
Bien malin celui qui saurait séparer la réalité du faux, chez ce Maestro
du mentir-vrai.
Lui même, comme tous les Conteurs, en était incapable.
Et s'il a préféré tourner à Cinecittà plutôt que sur les lieux de son enfance, c'est qu'il redoutait la confontation entre ses souvenirs
et ceux qu'il s'était raconté...
AMARCORD 1974. Je me souviens, en dialecte Romagnol.
Avec Magali Noël Gradisca, Bruno Zanin Titta, Pupella Maggio Miranda, Armando Brancia Aurelio et Ciccio Ingrassia Teo
Avec ce film, Fellini remporte son 4ème Oscar du Meilleur Film Etranger.
En 1957 La Strada, 1958 Le notti di Cabiria et 1964 Otto e Mezzo
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