St-François Xavier
Il y a à la sortie cette femme. Elle a deux bagages et essaie d’entrer via la barrière de métal. En vain. Un bagage devant, elle reste coincée derrière la barrière qui vient de se refermer devant elle. Elle porte dans ses bras le deuxième bagage. Je passe à côté et tourne la tête vers elle. Elle se retourne et tente d’appeler l’ancien guichet de vente devenu guichet d’info. Là, une femme éberluée. Elle regarde, les yeux hagards, devant elle elle et ne voit pas la cliente en difficulté. Ni ne l’entend.
Combien de temps a-t-il fallu pour que cette vendeuse de billet devienne un zombie de l’info, dans cette petite station où tous les habitués connaissent leur chemin et ont leur passe navigo. Sauf cette touriste aux deux bagages, qui reste entre deux portes, coincée.
St-Michel
Un cris s’élève. ‘’Casse toi, sale con! ‘. Je regarde. C’est un SDF saoul. Il a tout juste le temps de faire un bras d’honneur tout mou à celui qui le quitte en rigolant, tout aussi ivre.
Saint-Lazare
La foule attend. Le métro entre en gare. Des hommes orange aident le mécanisme automatique à ouvrir les portes. Une foule s’échappe, tout azimut. Temps mort. Le courant se retourne. Une foule se jette dans les rames.
Nuée de corps sombres. Visages hagards. Ils ne voient pas leurs voisins, enfouis dans leur ipod blanc.
Trocadéro
La station n’assure pas liaison entre les deux lignes qui s’y croisent. Les touristes sont embêtés.
Marcadet-Possonniers
La jeune fille insère sont ticket dans la machine pour passer. Deux filles derrière elle. L’une se glisse dans son dos et tente de profiter de l’ouverture de la barrière. Car elle n’a pas de ticket et ne veut pas en avoir. La jeune fille, surprise, se faufile et s’échappe de justesse, laissant l’une derrière la barrière refermée. Esclandre. La jeune fille ne se retourne pas et descend les escaliers pour se rendre sur le quais. Les deux la rattrapent et, dans les escaliers, la tirent par les cheveux. Coups. La jeune fille se retrouve le visage hagard, assise sur les escaliers, choquée.
Elle apprendra plus tard qu’elle a eu de la chance. Les marcadères poissonnières ont souvent un couteau sur elles, d’habitude…
Créteil Préfecture
Les étudiants descendent tous de la rame et remontent par l’escalator. Il y a aussi des travailleurs. Il y a aussi des gens du quartier, noirs, blanc, beurs. Ils sont tous reçus en haut par la police RATP qui contrôlent les billets. Y’en a toujours qui se font prendre. 1998 est loin.
Châtelet
Passages à la chaine des barrières. Les contrôleurs de billet guettent, discrets, derrière les larges poteaux ronds. Ils sont aidés par des collègues habillés en civil qui surveillent, discrets, direct devant les barrières métalliques. Visages hagards des métroistes, habitués à ne rien voir, ne pas vouloir entendre. Ils suivent leur chemin.
.
éééê
éééê