Cette dernière décennie, on l'avait un peu perdu. Au mieux quelques bons films d'action (SIN CITY, OTAGE, 16 BLOCS) et des seconds rôles sympa (PLANÈTE TERREUR, SLEVIN, FAST FOOD NATION). Au pire d'autres très mauvais films d'action (LES LARMES DU SOLEIL, DIE HARD 4) et thrillers (DANGEREUSE SÉDUCTION). Mais surtout le soutien à Bush, les déclarations frappadingues sur la politique et autres sujets dont on ne devrait jamais parler avec un acteur, chanteur et autres célébrités.
En 10 ans, on a perdu le Bruce Willis action-star désinvolte de PIÈGE DE CRISTAL et du DERNIER SAMARITAIN et surtout l'acteur exigeant de PULP FICTION, L'ARMEE DES 12 SINGES et de SIXIEME SENS. Mais le has-been réactionnaire affiche tout de même une longévité à l'écran assez extraordinaire et inhabituelle dans le milieu : à 54 ans, Bruce est toujours la star de grosses productions hollywoodiennes (bientôt CLONES pour Disney ou A COUPLE OF DICKS de Kevin Smith pour Warner...). Alors que ses anciens collègues se sont reconvertis dans la nostalgie (Stallone), dans la politique (Schwarzenegger), dans la folie mystique (Gibson), dans la "chanson" (Seagal) ou dans la fraude fiscale (Snipes), lui garde le rythme et continue de mouiller maillot.
Mais cette décennie de débauche qui a pu parfois ressembler au dernier round d'un boxeur fatigué et durant laquelle il se sera tapé tout ce qu'Hollywood compte de starlette (Lindsay si tu nous écoutes!) semble bien terminée. Le quinquagénaire a en effet retrouvé l'Amour, dix ans après son divorce avec Demi Moore (13 ans tout de même). Remarié depuis trois mois à l'ancien mannequin de 32 ans, Emma Hemming, Bruce retrouverait, sous l'influence de sa belle et boosté par les phéromones de l'Amour, une nouvelle jeunesse et son goût de la provocation.
La preuve, cet article/interview du magazine W dans lequel il avoue sans honte : "On est dégoutant. On baise en public. Je sais qu'il y a des trucs qu'on est pas censé faire. Qu'est-ce que c'est ? Des preuves d'affection en public ?". Et lorsque le couple se fait photographier pour illustrer l'article par le génial Steven Klein dans une série intitulée HONEYMOON HOTEL, il ne fait pas dans la dentelle, se pliant aux directives hallucinantes et brillantes du photographe.
Tirant un trait définitif sur son statut de sauveur du monde, Bruce s'y montre lors d'une nuit de noce étrange et surréaliste, fragile et vulnérable, à la merci d'une femme plus forte que lui - le tout dans une ambiance désincarnée et ultra-sexuelle.
Un nouveau Bruce Willis est né... ou peut-être est-il tout simplement de retour !