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Le héros du roman , François Marchand, est un psychanyste devenu "profiler" et policier: pourquoi ce changement de cap professionnel? Parce qu'un jour, il a eu dans son cabinet un patient qui devint, après l'avoir prévenu en consultation, le meurtrier de sa femme. Depuis, il culpabilise et tente de faire barrage aux désaxés et autres criminels qui ne reculent devant rien. La reconstruction de sa vie dévastée par la perte de l'épouse est lente et difficile, d'autant qu'il élève, épaulé par sa mère, sa fille, Charlotte. Cette dernière, après une période longue de mutisme et de refus du monde, est devenue une jolie jeune fille sans histoire sauf qu'elle n'est guère proche de son père. Tous deux communiquent plus par messages téléphoniques que de vive voix tant le métier de François est accaparant. Il s'en rend compte mais paraît avoir du mal à quitter l'engrenage infernal professionnel, surtout depuis que son patron l'a mis sur un meurtre particulièrement barbare perpétré sur une adolescente.
Commence alors une enquête trépidante au cours de laquelle les pistes apportent de nombreuses questions. S'agit-il d'un serial killer? A-t-il des rabatteurs pour approcher de ses victimes? A-t-il un rituel particulier? Toujours est-il que la traque apportera bien des surprises et que les réponses aux diverses questions seront bien étonnantes.
J'avoue être quelque peu partagée sur ce roman: certes, il se lit très bien, on ne s'y ennuie pas une seconde (la construction "à l'américaine" de chapitres courts est efficace), or le lecteur reste sur sa faim. En effet, l'issue de l'enquête bien que surprenante arrive trop rapidement alors que le début avait mis du temps à se mettre en place tant sur le rythme du texte que sur le plan de l'action. De plus, le mode marketing utilisé pour sa promotion laissait entendre que la relation nouée entre les adolescents et internet était au premier plan...il faut en réalité attendre le dernier tiers du roman pour que le sujet soit abordé. Ce qui est frustrant car il m'a semblé être à peine effleuré: le sujet est tellement riche et intéressant qu'il aurait mérité d'être plus creusé. L'auteur accorde beaucoup d'importance à François Marchand alors qu'il laisse en plan le personnage de sa fille Charlotte, ce qui laisse un goût d'inachevé à la lecture.
J'ai aimé le sujet des adolescents en mal de reconnaissance, mal dans leur peau, dans l'incapacité de communiquer avec les adultes de leur entourage proche, ces jeunes filles et jeunes gens semblant perdus, cherchant les expériences extrêmes, sortant des routes bien balisés d'un milieu bourgeois ou petit-bourgeois pour pénétrer dans des futaies bien sombres et glauques. Entre attirance vers la violence et destruction de son propre corps par l'anorexie ou la protitution, le roman possédait la charpente pour poursuivre le cheminement d'un "La nuit des enfants rois" de Lentéric. Or, très vite, le soufflé retombe...dommage.
Comme beaucoup de blogueurs, j'ai reçu des messages d'une certaine Chloé Nolife, adolescente désirant ouvrir un blog et demandant des conseils sur les différentes plateformes. Comme nombre d'entre eux, j'ai répondu gentiment à Chloé puis rapidement cette dernière m'envoya des messages dont la teneur était plus personnelle pour enfin, malgré mes silences, devenir un tantinet malsain. Comme beaucoup d'entre nous, alors que je m'étais promis de ne plus lire les courriels de Chloé, j'ai reçu un mail avec un lien vers YouTube...et j'ai cliqué, m'attendant au pire (et pourtant la curiosité, malsaine aussi?, l'a emporté) pour découvrir le pot aux roses: Chloé était l'auteur himself! Je me suis dit "Sacrément gonflé le mec!", trouvé ensuite extravagant ce procédé avant de ressentir un certain malaise:le livre serait-il un produit marketing comme un autre? Néanmoins, je ne peux retirer à l'auteur le fait d'avoir titillé ma curiosité et donné l'envie de lire son roman (que son éditeur, Michel Lafon éditions, m'a gentiment et gracieusement envoyé). Ahhhh, si seulement il n'y avait pas eu ce petit goût désagréable d'inachevé!!!!
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