Le prochain café des sciences se tiendra le 9 novembre à 20 h 30.
Café " Enez Eog",
2 rue du Port - Porsguen - PLOUESCAT - Plan pour accéder à cette adresse
Tél 02 98 69 63 02
Philippe Potin,
Directeur de Recherches au CNRS
et Responsable de l'équipe "Défenses et signalisation chez les algues marines"
à la Station Biologique de Roscoff
(Unité de Recherche CNRS-UPMC 7139
(http://www.sb-roscoff.fr/UMR7139/fr/defense.html)
parlera des "Bases Scientifiques de la Thalassothérapie"
Vous trouverez l'ensemble de ses publications
dans les journaux scientifiques internationaux.
Philippe Potin est aussi compétent pour répondre à des questions diverses sur la valorisation des algues ou sur le problème des algues vertes (pas un problème de santé en soi !).
Philippe POTIN, Equipe biochimie des défenses des algues, Laboratoire Végétaux Marins et Biomolécules, CNRS et Université Pierre et Marie Curie. Station biologique de Roscoff.
Après une formation universitaire en biologie et une spécialisation en biologie marine, Ph. Potin s’est spécialisé dans la biologie et la biochimie des grandes algues marines.
Après une thèse de Doctorat préparée à la Station Biologique de Roscoff en partenariat avec l’entreprise Goëmar de Saint Malo et une expérience de recherche post-doctorale en Nouvelle Ecosse au Canada, il intègre le CNRS fin 1993.
Son affectation à la Station Biologique de Roscoff dans le groupe de recherche de Bernard Kloareg lui permet de développer un projet de recherche sur l’enzymologie de la dégradation et de la synthèse des polysaccharides d’algues et de poursuivre la collaboration avec Goëmar pour développer les produits issus de ses recherches (oligosaccharides) dans la stimulation des défenses naturelles des plantes cultivées.
Cet axe de recherche plus finalisé lui permet en fait de formaliser de nouveaux concepts pour les algues marines et de développer une nouvelle thématique de recherche fondamentale sur la signalisation par les oligosaccharides et les défenses naturelles chez les algues. Ces organismes photosynthétiques considérés comme primitifs, ont en effet émergés en lignées évolutives indépendantes, il y a probablement plus de un milliard d’années et semblent avoir toutes conservées des mécanismes d’immunité innée qui jouent également un rôle essentiel chez l’Homme. Les algues présentent aussi des réponses de défense spécifiques au milieu marin, telle que l’émission de composés carbonés iodés et bromés, qui pourraient jouer un rôle essentiel comme agents antimicrobiens et qui contribuent à modifier l’air ambiant et le climat local en zone côtière. Dans le contexte international de ces recherches, son équipe approfondit particulièrement ces derniers aspects, notamment la caractérisation d’une famille d’enzymes, les haloperoxydases à vanadium qui jouent un rôle essentiel dans les transferts d’iode en milieu marin.
La thalassothérapie est centenaire à Roscoff et depuis les travaux pionniers du Dr Bagot, les soins apportés par l’eau de mer ont évolué d’une finalité très médicale dirigée vers des pathologies ciblées comme les rhumatismes ou d’autres maladies articulaires, vers un apport de bien être en réponse au stress causé par nos modes de vie modernes. En particulier, une hypothèse sur les bénéfices des soins de thalassothérapie repose sur leurs capacités de permettre à l’organisme de mieux gérer les radicaux des formes très réactives de l’oxygène qui sont produits dans les cellules soumises à différents stress et lors du vieillissement cellulaire.
Toujours en quête d’image positive, la thalassothérapie souhaiterait pouvoir asseoir son avenir sur des bases scientifiques établies à l’instar du thermalisme qui a lancé un programme scientifique national. Au-delà des enjeux pour la thalassothérapie, l’intérêt croissant pour les algues et leur image positive en santé et bien être reposent t’ils sur des bases scientifiques ?
Les algues présentent une très forte concentration en éléments minéraux (iode, calcium, phosphore, potassium, magnésium, cuivre, zinc, cobalt, fer, fluor...), elles renferment aussi des vitamines et acides aminés. On trouve autant d’iode dans un kilo d’algues fraîches que dans 50 000 litres d’eau de mer ! Elles pourraient donc potentialiser la richesse en minéraux et oligo-élément de la mer et en restituer des quantités bien supérieures.
Philippe Potin présentera les travaux de son équipe sur le métabolisme de l’iode chez les grandes algues comme les laminaires et sur les propriétés anti-microbiennes des composés iodés. Il fera également part des hypothèses sur les effets anti-oxydants de l’iode sur les cellules humaines. Au-delà, il amènera un débat sur les enjeux locaux et régionaux de rapprocher le secteur de la thalassothérapie des recherches marines menées à Roscoff et d’établir des ponts avec la recherche médicale.
Philippe POTIN travaille à la Station Biologique depuis 1988, où il a effectué ses travaux de doctorat. Il a ensuite séjourné au Canada entre 1992 et 1993 pour un post-doctorat. Il dirige aujourd’hui l’équipe dont le thème d’étude est « la biochimie de la défense des algues ». Constituée de 7 personnes, cette équipe fait partie de l’unité « végétaux marins et biomolécules ».
Philippe POTIN se consacre à analyser la manière dont les algues se défendent contre leurs agresseurs, des microbes ou d’autres algues et certains animaux qui se nourrissent d’algues (berniques, ormeaux). Quand elle est attaquée, l’algue fabrique des composés toxiques tels que l’eau oxygénée et des composés chlorés et iodés, analogues à l’eau de Javel. Son équipe étudie les mécanismes de transfert de l’iode dans les algues car cet élément, qui donne « son air iodé » à Roscoff, joue aussi un rôle essentiel en santé humaine, notamment pour le fonctionnement de la glande thyroïde. En cas de cancer de la thyroïde, l’iode radioactif est utilisé en radio thérapie. En revanche, lorsque cet iode radioactif se retrouve dans l’environnement, en cas d’accident nucléaire, il va s’accumuler dans la chaîne alimentaire et provoquer des cancers.
En mer, c’est les grandes algues comme les laminaires qui vont être les premiers accumulateurs, jusqu’à 50 000 fois la concentration de l’iode dans la mer. « Nos travaux consistent surtout à caractériser, à l’échelle de la molécule, la structure et la fonction des enzymes qui dans les laminaires vont faciliter les mouvements et l’émission d’iode ».
Philippe POTIN travaille également sur les acides gras comme les Oméga 3. « Très importants dans les végétaux, les Oméga 3 jouent un rôle clef dans la prévention des dangers chez l’Homme comme dans l’algue » explique Philippe POTIN. « Nous étudions leurs effets sur le corps humain avec la Faculté de médecine de BREST. Certaines algues sont cultivées pour obtenir ces oméga 3 qui jouent un rôle dans la lutte contre le cancer et les maladies cardio-vasculaires. »
Quels sont vos relations avec le monde économique local ? « Trois personnes rattachées à notre unité travaillent à Bretagne Biotechnologies végétales (BBV) de St Pol de Léon et testent les extraits d’algues sur les plantes pour la stimulation des défenses naturelles. En fait, ces personnes appartiennent à l’entreprise GOEMAR de St Malo, entreprise pionnière dans l’utilisation de l’algue en agriculture avec qui j’ai beaucoup travaillé depuis mon arrivée à la Station. Nous travaillons aussi en relation avec le CATE. Nous sommes également très liés avec des chercheurs étrangers, notamment au Chili pour transposer nos études dans l’aquaculture des algues.
Nous avons également un contrat européen avec la Suède, la Grande-Bretagne, Israël et l’Islande, pour travailler sur les capacités d’adhésion des algues aux rochers. Nous essayons de comprendre le procédé qui permet aux algues d’adhérer aussi puissamment. Nous souhaitons trouver de nouvelles colles dérivées de ces algues, utilisables notamment en médecine pour réaliser des sutures ou attacher des prothèses osseuses. »