Il est assez curieux de constater que Philippe Val fait l'objet d'une cordiale détestation à la gauche de la gauche. Et sa récente nomination à France Inter a déchaîné les passions.
Cela s'explique en réalité assez bien, pour trois raisons :
1. c'est une bête de pouvoir. Après avoir dompté la rédaction de Charlie, ou les départs se sont succédés de gens qui ne supportaient plus sa férule (je rappelle que j'avais trouvé les plaisanteries de Siné d'un parfait mauvais goût), il se fait nommer à la direction de France Inter. Ayant donc commencé sa carrière très à gauche, il s'apprête à la finir dans les honneurs et les voitures de fonction. C'est arrivé à d'autres, mais le premier point qui doit gêner en effet ses anciens amis c'est que, plus tard que d'autres, il a continué à jouer au rebelle.
A peine arrivé sur Inter, le voilà vidant Frédéric Pommier, qui faisait une très bonne revue de presse, pour des raisons qui ont l'air p lus personnelles que professionnelles. Pas très service public comme comportement...
2. Pour des raisons mystérieuses, Val passe pour un social-démocrate selon la presse modérée. En réalité il est tout aussi, sinon plus, néconservateur que social-démocrate, et il avait chaudement appuyé l'intervention américaine en Irak (je cite un de mes billets anciens, que je relis avec plaisir tant il est bien ajusté à mon sens. J'y écrivais que pour Val, "le monde se divise entre les démocraties et les niaks (je traduis librement l'expression de Val qui estime qu'entre la France et le Japon, hormis Israël, il n'y a que "des populations illettrées à 80%", qui entretiennent une "haine farouche de l'Occident, en tant qu'il est constitué de démocraties". C'est gentil pour le Liban par exemple)." (lire la suite)
3. La rhétorique de Val a plus à voir avec Gringoire qu'avec la social-démocratie. Je me souviens l'avoir entendu "expliquer que les parlementaires nonistes qui ont refusé la validation par le Congrès du TCE étaient des antiparlementaires. Il leur reprochait notamment d'avoir un QI inférieur à celui d'une souris, qui, elle, est contente quand elle mange son fromage." (lire la suite de cet autre très bon billet) Val permet donc au notable modéré de se satisfaire de ses pensées repues en vilipendant la méchante gauche irresponsable, en des termes que n'aurait pas renié la presse d'extrême-droite d'avant-guerre. Qu'il fait bon se sentir centriste après quelques coups de fouet infligés par Philippe Val à la racaille partageuse !
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Finalement je comprends fort bien l'accueil plus que mitigé réservé à Val à France Inter, et je souhaite qu'il soit éjecté de son fauteuil au plus vite à la Libération, surtout s'il continue à en faire un usage aussi personnel.