Anax empereur, Anax imperator, Séquences de ponte 4 et 5

Deux nouvelles observations de ponte de l’Anax empereur (Anax imperator) datant de ces derniers jours, l’une “statique” et l’autre concernant une femelle qui s’est beaucoup déplacée. Le choix de la zone et du support de ponte déterminent le comportement de la femelle. Elle aura tendance à regrouper ses oeufs autant que possible, mais certains supports comme les myriophilles dont les tiges sont fines ne le permettent pas.

Ponte groupée dans les typhas

Premier cas considéré, le plus fréquent : une ponte dans une zone proche de la berge plantée de typhas et riches en débris végétaux (St-Rémy, 24 juin 2009). Si elle n’est pas interrompue, la femelle n’a pas besoin de se déplacer et peut déposer tous ses oeufs dans une zone très réduite.

(Cliquez sur les photos pour agrandir)

Cette femelle a trouvé un endroit idéal. À partir d’une position fixe, elle a pu déposer une centaine d’oeufs tant les supports disponibles sont nombreux. Non seulement les débris de typhas sur lesquels elle s’est posée sont larges, mais ils lui permettent également d’atteindre d’autres plantes, en l’occurence des myriophilles, juste en déplaçant son abdomen.

Elle n’aura même pas besoin de reculer sur la feuille de typha. À partir de cette première position, je l’ai vue déposer une bonne cinquantaine d’oeufs, ce qui lui a pris environ une minute (photos espacées de quelques secondes). Aucune autre libellule ne semblait présente dans les environs.

La femelle a ensuite pivoté pour passer sur une autre feuille et a recommencé une série aussi longue que la première, pondant principalement sur la feuille de typha mais aussi dans les myriophilles en dessous. Que vont devenir les larves dans trois semaines, vont-elles toutes se développer à cet endroit précis ? C’est peu probable. Le vent va très certainement déplacer les débris flottants et ainsi disséminer les oeufs. Ne resteront sur place que les larves issues des oeufs pondus dans les tiges des myriophilles, soit une faible proportion.

Ponte disséminée dans les myriophilles

Second cas observé la veille au parc de Brieux : la ponte est effectuée sur un groupements de myriophilles. La femelle ne peut pondre que quelques oeufs à chaque fois à cause de l’étroitesse des tiges. Les zygoptères qui affectionnent ces zones de ponte, en particulier les naïades (Erythromma sp.), n’ont pas besoin de se déplacer beaucoup. Le mâle qui conduit le tandem emmène la femelle quelques centimètres plus loin au besoin. Mais l’Anax empereur est incapable d’effectuer de tels “sauts de puce”.

La distance des myriophilles par rapport à la berge (trois à cinq mètres) et l’absence d’hélophytes à cet endroit explique l’absence de débris végétaux flottants. Les anax femelles semblent cependant apprécier ce type de support, bien que l’absence de camouflage les rende vulnérables. Celle-ci n’a pas été importunée par les autres anisoptères mais elle a quand même été obligée de se déplacer sans arrêt. À partir d’une position fixe, elle n’a pas semblé pouvoir atteindre suffisamment de tiges avec son ovipositeur pour déposer plus d’une dizaine d’oeufs à chaque fois.

Les photos ne sont pas d’une grande qualité à cause de la distance, mais elles permettent de voir la structure des myriophilles enchevêtrées proches de la surface. Beaucoup de feuilles et peu de tiges… La femelle n’est restée en place que dix à vingt secondes à chaque fois, parfois quelques secondes seulement, et je n’ai pu la photographier qu’à certains emplacements. Elle n’a pondu que quelques dizaines d’oeufs au total.