La douleur est comme le désir : l'univers entier se réduit à un petit point de l'espace. Nous ne sommes plus qu'une portion de nous-mêmes. Un noeud.
Je suis en train de relire pour la énième fois la Philosophia Perennis d'Aldous Huxley (datant de 1945), je ne saurais que conseiller la lecture de cet ouvrage magistral où il étudie à travers tous les courants de pensées humains, toutes les formes de spiritualités et de métaphysique (je ne mets pas de s", il ne saurait y avoir plusieurs métaphysique, Huxley montre d'ailleurs à quel point toutes se confondent et s'unissent autour d'un seul objet) comment le seul véritable moyen d'accéder à une connaissance non viciée de soi et du monde passe par un renoncement à l'ego.
C'est de là qu'il faut partir, de ce que tout le monde connaît (comme le point de départ du Bouddhisme a été le constat de la souffrance) plutôt que de propos nébuleux concernant une transcendance lointaine (et qui peut être le fondement de dogmes violents et séparateurs voire d'intégrisme). On peut analyser l'échec de la religion (et notamment catholique) comme une incapacité chez elle à répondre aux problèmes de l'ego. Qu'est-ce que l'ego? C'est la seule question qu'on devrait se poser.
Il est symtomatique de voir que les grandes questions chez les intellectuels sur l'identité humaine se sont posées aux moments de crise du XXème siècle (Jusqu'aux années 50 : existentialisme et absurde). Depuis que s'est-il passé ?
N'est-on capable de rien d'autre que de questionnements sur le comment (identités modifiées par la science, génétique, médecine, sociologie) et plus vraiment sur le pourquoi? C'est parce qu'il y a un vide sur le plan de la métaphysique que les intégrismes et mouvements sectaires new age peuvent fleurir à notre époque. Pour ceux qui se plaindraient d'absence contemporaine de repaires, la lecture de Huxley pourraient être d'un grand secours.
Il n'y a jamais eu une époque où il a été facile de savoir ce qu'est l'ego, ni qui l'on est.