La partition de l’opéra-bouffe à succès, L’Ouverture, qui se joue à guichets fermés depuis deux ans, vient de s’enrichir d’un nouveau morceau original, composé par Bernard Thibault et interprété par le Grand Orchestre de la CGT, intitulé "Comment on a foutu la pâtée aux squatteurs sans papiers".
Le (chevelu) camarade Bernard Thibault, rappelons-le, est un chantre de l’humanisme, un apôtre du partage des richesses (à côté duquel Gandhi et Che Guevara font office de redoutables capitalistes aux dents longues), dont les révoltes sont désormais légendaires (le chanteur Renaud a depuis longtemps avoué qu’en matière de rebellion télégénique, il avait trouvé son maître) et qui dirige un syndicat tout aussi dévoué à la noble Cause de l’égalité, de la liberté, de la fraternité et de la justice sociale.
Pour ma part, je dois te confesser, camarade lecteur, que je suis bien contente que les (merveilleux) émules de Karl Marx, de Lénine et de Pol Pot aient pu récupérer leurs locaux de travail indûment squattés par des allogènes clandestins qui n’avaient même pas eu l’élégance de s’encarter avant de poser leurs valises (et dont j’ose espérer que l’expulsion des locaux de la CGT aura permis aux nombreux policiers, présents sur les lieux à la demande du syndicat, de faire un beau coup de filet).
Et je me réjouis encore bien davantage que les miliciens militants de ce grand et noble syndicat aient pu accomplir leur devoir (certes, de manière quelque peu violente malgré la présence de femmes et d’enfants, mais on ne fait pas d’omelettes sans casser des oeufs, comme dirait Joseph Staline) avec l’aide des forces de l’ordre, qui ne leur ont même pas demandé d’ôter leurs cagoules, preuve de leur grande tolérance et signe indéniable (et réconfortant) du début d’une nouvelle ère dans les relations jusque-là difficiles entre police et militants syndicaux.
Si tu avais encore besoin d’une preuve que les choses s’arrangent, te voilà servi, camarade lecteur.