Je cherchais, cherchais... J'ai fini par trouver sur le site du Cirad une photo d'un étal de fruit camerounais où il m'a semblé, en petit, reconnaître le légume/fruit mystérieux... Pas de nom mais deux indices : il semblait que ce soit un fruit et non un légume, son origine était à priori camerounaise... Et j'ai fini par identifier le safou.
J'ai ensuite voulu approfondir ce que la vendeuse m'avait raconté...
"Elle en parlait comme d'une prune."
Le safou, ou dacryodes edulis, est appellé "prune" au Cameroun. On trouve aussi les appellations "atanga" (au Gabon et au Congo notamment) ou encore "african pear" (nom commun du dacryodes edulis en anglais). C'est un fruit de forme ovale de couleur violet-noir à maturité qui apparaît à table à partir du mois de juillet jusqu’à novembre. L'arbre qui le produit est le safoutier ou atangatier.
"Il est cultivé massivement en Afrique et participe à la lutte contre la faim."La pulpe de safou contient des éléments très nutritifs : acides gras, acides aminés, vitamines et sels minéraux.
Le safoutier est l’une des rares espèces locales communément cultivée dans la zone d’Afrique Centrale et du Golfe de Guinée. Cet engouement pour la culture du safoutier tient à plusieurs raisons qui sont d’ordre culturel, économique ou alimentaire.
> Safou, manuel du vulgarisateur
La commercialisation du safou est une activité importante pour améliorer le niveau de vie des hommes et des femmes. Les marges de commercialisation hebdomadaires peuvent doubler le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) selon le volume de safou commercialisé dans certains marchés.
> voir la source
La culture et le commerce du safou fait l'objet de nombreux écrits. Voici notamment une thèse écrite en 1994 :
> Le safoutier : premières données sur la morphologie et la biologie de Joseph Kengue
"Elle disait que c'était un légume, huileux à la cuisson, comme l'avocat, même si un avocat ne se cuit pas. Il se mange cuit, à l'eau ou au four. On mange la peau mais pas le noyau."
Il s'agit bien d'un fruit. La teneur en acide gras du safou (22,1 %) est équivalente à celle de l’avocat.
Le fruit peut être consommé cru. Il est alors plus apprécié mi-sec ou mou sur au moins une partie de sa surface. Mais il ne mûrit pas de façon aussi uniforme que l’avocat. Certains préfèrent le consommer avant qu’il ne mûrisse complètement, car ils apprécient le goût acidulé des parties encore croquantes.
Sinon, le fruit peut être consommé après cuisson à l’eau, sous la cendre ou à la braise.
"On en fait de la purée pour manger avec du pain."
Dans certaines régions du Cameroun, le safou dénoyauté et pelé est frit et transformé en pâte huileuse et butyreuse à laquelle sont ajoutés des condiments et aromates locaux ainsi que des crevettes. La pâte ainsi obtenue est consommée accompagné du manioc, du maïs, du plantain ou du pain.
De même, la pulpe cuite, après dénoyautage et pelage est transformée en beurre de safou utilisé comme pâte à tartiner.
> Safou, manuel du vulgarisateur
Le safou cependant ne se conserve pas très bien, 5 à 6 jours dans de très bonnes conditions, au sec et dans une pièce bien ventilée.
Pour finir, le mot d'une française d'origine congolaise - Pantherland.net
"L’Atanga, c’est très bon! J’adore. Quand on commence à en manger, on ne s’arrête plus. Le goût est un peu acidulé ou doux, et il peut se manger comme ça, ou avec du sel ou en accompagnement avec d’autres aliments. Il suffit de faire bouillir de l’eau et d’y placer les atangas (safous dans certains pays), et de couvrir en prenant soin d’ayant bien retiré la casserole du feu et le tour est joué après quelques minutes, ils ont prêts à être dégustés. Un atanga ne se fait pas bouillir sinon il durcit et devient de ce fait, immangeable."