Magazine Asie

L'Inde selon Chouyo

Publié le 25 juin 2009 par Theclelescinqt

RuedeBombay

Rue de Bombay, 2009

Chouyo, tu es française (et allemande?), installée en Inde, à Mumbay. Est-ce la première fois que tu bouges si loin, et qu'est-ce qui t'amène ici?
Française mais d'une famille assez itinérante éparpillée aux quatre coins du monde, d'origine allemande en partie.
J'ai eu la chance de voyager depuis toute petite, dans des pays et des conditions très différents. Ma première expérience longue s'est déroulée comme jeune fille au pair à Londres, puis j'ai accompagné Tac en mission à Taipei (Taiwan) où j'ai tranquillement préparé les concours d'enseignement, seule (j'ai toujours mieux travaillé seule...), puis comme prof d'histoire-géographie dans un lycée allemand à Francfort.
L'Inde est donc ma première expérience avec le statut d'expatriée ; si le départ est lié au travail de Tac, nous avons toujours caressé le projet de vivre à l'étranger, et c'est moi qui ai insisté pour partir dernièrement car je suis confrontée au problème d'être passionnée par mon métier en France tout en ne pouvant plus tolérer de l'exercer dans les conditions actuelles.
Nous avons eu le choix entre un poste à Londres et un poste à Bombay, et c'est celle-ci qui l'a emporté car nous avions tous deux vécu à Londres, nous avions beaucoup été intéressés par l'Inde lors d'un voyage quelques mois plus tôt, et qu'une expatriation en Asie n'est pas aisée à obtenir.

L'Inde selon Chouyo

Encore sans enfants, mais ni les yeux ni les oreilles dans ta poche ;-), j'aimerais que tu me racontes ce qui t'a frappé de prime abord dans ce pays, en relation (ou non) avec la parentalité, l'éducation ou les enfants? (Bon, tu peux trier si ça prend des heures...!)
On a souvent dit et écrit que la Chine était le pays le plus antithétique de la France ; pour bien connaître ces trois pays maintenant, je peux affirmer que c'est l'Inde qui tient cette place. Parce qu'il y a des racines communes en bien des choses du fait d'une civilisation indo-européenne, on croit y maîtriser les choses, en comprendre les attendus et les sous-entendus alors que dans la majorité des cas, on n'a rien compris. Qu'il s'agisse du temps ("je viens demain" peut signifier "après-demain", "dans la semaine", "dès que je peux"...), des relations interpersonnelles ("je suis très ouvert, je suis tolérant. Mais tu sais, les intouchables sont intouchables parce qu'ils sont sales, en eux, ils le méritent")... Qu'il s'agisse aussi des préjugés positifs que les Français (et Occidentaux) ont à l'égard de ce pays : spiritualité (superstition plutôt), pacifisme (violence extrême et quotidienne dans les rapports humains) etc.
Si je ne participe pas de la fascination pour l'Inde, j'adore vivre dans ce pays car à chaque instant, dans chaque lieu, des milliers de questions se posent et j'apprends beaucoup sur les autres et sur moi.
Concernant les rapports parents-enfants, j'ai tout de suite été étonnée par l'étrange dichotomie qui règne ici : on voit des enfants traîner dans les rues, sales, échevelés, venir frapper aux vitres des voitures, klaxonnés et enguirlandés par les chauffeurs, halpagués par la police, et de l'autre côté sans véritable transition de petits gamins bien gras dorlotés, chouchoutés, la voix suraiguë réclamant plus de, plus de, plus, faisant caprice sur caprice. Etonnant.

D'où viens-tu exactement, et que pourrais-tu dire de l'éducation "à l'indienne?", alors que tu vis en Inde depuis...?

Je viens d'une famille éclatée, géographiquement et affectivement ; des divorces à la pelle depuis deux générations, des frères et une soeur qui ne sont pas frères et soeur. L'antithèse de la famille indienne donc. Celle-ci repose sur le schéma-type d'un couple avec enfants habitant avec les grands-parents paternels, et bien souvent les frères, les belles-soeurs et leurs enfants. Les divorces sont rares (7%), évidemment toujours à l'initiative du mari, et le mariage arrangé reste la norme dans plus de 95% des cas... La confrontation entre le modèle dans lequel j'ai vécu, à savoir s'épanouir en couple même si cela doit nécessiter de se séparer du parent de son enfant et les conséquences affectives que cela peut avoir, est absolument à contre-courant du mariage organisé par les parents entre deux enfants qui ne se connaissent pas ou peu, mariage fondé sur la caste, la couleur de peau (plus elle est claire, mieux c'est) et la richesse. Les petites annonces des journaux le prouvent tous les jours, comme les questions que me posent nos amis indiens : "Alors, entre vous, c'est un mariage d'amour ? Waouw...".

Depuis ces sept mois passés en Inde, j'ai pu voir plusieurs trajectoires éducatives : d'une part, la mise en avant du garçon reste de mise. On ne le gronde pas avant 7 ans, et s'il faut le reprendre c'est d'une voix douce en le cajôlant ("Betâ (fils), arrête veux-tu ?"). Même s'il enquiquine tout le monde, qu'il crache ou tape sur les gens (vécu) ; la petite fille se tient déjà beaucoup plus à carreau, l'hypothèse étant qu'on lui passe beaucoup moins ses caprices... Les mères indiennes ne savent pas le pouvoir qu'elles détiennent de faire changer les comportements en Inde (notamment les comportements des hommes à l'égard des femmes), mais bon...
D'autre part, des 10% d'Indiens riches et très riches est venue une jeune génération qui vit sur un nuage, hors du temps, très imbue de son pays et de sa manière de vivre. Les parents, qui cajolent toujours autant, sentent parfois ce décalage mais parmi nos amis disent "Cela passera !". Ce qui est peut-être vrai. Exemple ? Des amis voudraient que leur fille fasse des études aux Etats-Unis pour qu'elle s'ouvre, qu'elle apprenne et comprenne des choses ; celle-ci répond "Mais pourquoi faire, aller étudier à l'étranger ? Je vis dans le plus beau pays du monde, et ici j'ai des domestiques : pourquoi m'embêter à aller ailleurs ?". J'ai peur qu'elle soit assez représentative de sa génération... Bien sûr, je n'ai pas dit que ce phénomène était uniquement spécifique à l'Inde : la jeune génération chinoise issue de familles riches est dans la même dynamique, et les jeunes générations européennes... ouf...

Autre trajectoire, les enfants qui s'élèvent seuls dans la rue. Qui jouent sur les trottoirs, se baignent dans les bouches d'égout, se lancent des balles par-dessus les voitures qui foncent sans ralentir sans qu'un seul adulte ne les surveille vraiment : et je ne leur jette pas la pierre car quand on vit dans ces conditions-là et qu'on se réveille en ne sachant pas si la famille va manger ce jour-là, on doit déjà être bien content que ses enfants parviennent à s'occuper et à jouer sans pleurer de leur ventre vide.
Enfin, on le retrouve en Inde mais ce n'est pas spécifique à ce pays (mais à beaucoup de pays en voie de développement), les enfants s'ennuient. Dans tous les voyages en train, en bus, en avion que j'ai fait en Inde, aucun enfant n'avait de quoi dessiner ou lire, une peluche ou un jouet. Tous ont le regard vide et fixent les autres voyageurs, ou bien babillent babillent babillent sans s'arrêter. Plusieurs fois j'ai été tentée d'arracher une feuille de journal et de proposer aux parents d'apprendre à leur gamin à dessiner, à écrire, à faire un avion en papier ou une cocotte. Tentation néocolonialiste s'il en est, n'est-ce pas ? Pas facile, pas facile...
Qu'est-ce qui te manquerait ici, en tant que maman, ou au contraire qu'as-tu ici que la France ne pourrait t'offrir?
Je crois que presque toutes les expatriées diront qu'ici, elles peuvent avoir du personnel pléthorique sans débourser beaucoup : une "maid" ici, pour ne pas dire une bonne à tout faire, une bonne tout court, ou une domestique (employée de maison, je ne l'ai jamais entendu), est payée moins de 100€ par mois pour travailler six jours sur sept de 9h à 17h. Avec la possibilité de se donner bonne conscience : cela sort au moins temporairement quelqu'un de la pauvreté... Donc on peut avoir des nounous, des maids, un cuisinier, un chauffeur, un repasseur etc., donc tout ce qu'il faut pour se décharger au maximum des tâches ménagères et passer plus de temps avec les enfants. Ou les laisser avec la nanny si on doit aller au spa avec les copines. Je suis mauvaise langue, je sais...
Ce qu'ont également nombre d'expatriés en Inde, et qu'ils n'auraient pas en France, c'est un club : à savoir un espace clos, payant à l'année, où se retirer de l'Inde. Moins de bruit, un peu plus propre, pas de mendiants, peu d'animaux, une piscine, des installations sportives et surtout la possibilité de laisser les enfants jouer à l'extérieur. Bien sûr, ces clubs sont réservés à une élite, cooptée entre soi.
J'imagine enfin que pour des pré-ados ou ados, les parents peuvent leur apprendre la débrouillardise : comment faire d'une situation inextricable qu'elle évolue et qu'elle parvienne à un résultat, c'est le quotidien de celui qui vit en Inde...
Ce qui manque à mon avis aux parents expatriés, c'est avant tout leur famille et leurs amis, la possibilité de pouvoir compter sur des gens proches en cas de problème, sans avoir à craindre la barrière de la langue ou les méthodes différentes ; et notamment en ce qui concerne les aspects médicaux. Ce qui manque, c'est aussi l'espace et la sécurité : savoir pertinemment que laisser son enfant sortir sur le trottoir c'est le destiner à un accident quasi certain dans l'heure qui suit, du fait de la circulation absolument chaotique et imprévisible. Ce n'est pas le cas dans d'autres villes d'Inde, même si la majorité est un cauchemar urbain, mais Bombay n'a aucun espace vert ou extérieur où se détendre. D'où le club.
Ce qui doit sans doute manquer pour les parents de jeunes enfants, ce sont les référentiels qui nous sont propres : des livres que l'on nous a lu petits, des goûts et des odeurs, des lieux, des souvenirs que l'on aimerait transmettre. J'imagine que cela manque mais ce n'est pas spécifique à l'Inde mais à l'expatriation...
Que comprends-tu de la situation des parents indiens, de leur manière de vivre, ou bien des parents expats que tu peux connaître?

Des parents indiens que j'ai rencontrés, je retiens l'importance de l'école et des tests. De l'incroyable inquiétude, comparable à celle générée chez les parents chinois, qui gravite autour de l'école. On ne parle pas ici de connaissances, d'éveil, d'épanouissement malheureusement. Le système scolaire est celui d'une compétition, d'une course aux admissions et aux tests dès le plus jeune âge. Chez les jeunes, il est rare de lire pour le plaisir par exemple et l'on trouve très rarement des livres dans les intérieurs indiens. Aujourd'hui encore, un classement des meilleures universités est paru dans la presse : ingéniérie, communication, médecine, droit, mode (Bollywood oblige), voilà ce vers quoi doivent tendre les enfants indiens s'ils veulent que leurs parents soient fiers d'eux.
Côté parents expatriés, les contacts se sont raréfiés très vite. N'ayant pas d'enfant, l'exclusion vient rapidement : horaires différents, lieux de vie et de loisirs différents et surtout centres d'intérêt différents. La première question que tous les expatriés nous ont posée à notre arrivée est "Vous avez des enfants ?", avant même de nous demander notre activité professionnelle, où nous habitions, comment s'étaient passées l'arrivée et l'installation, etc. Et aux nombreuses conversations en ayant découlé, il m'est apparu que l'utérus semble être le lieu d'un accomplissement personnel pour la femme expatriée en Inde. Dit comme cela, c'est horrible mais c'est vraiment ce que j'ai ressenti : l'une d'entre elles m'a même asséné un "Oh, tu n'as pas d'enfant ! Mais en Inde, tu vas vite en avoir un, ne t'inquiète pas...". Beaucoup d'impératifs dans tous les sens, beaucoup de choses à faire, beaucoup d'inquiétudes sans aucun doute car Bombay est une ville difficile à vivre, pas de temps à consacrer aux autres hors du moment du club : la dissociation entre expatriés avec enfants et expatriés sans enfant est quasi spontanée et semble irrémédiable à bien des égards.
Qu'est-ce qui serait très mal vu en Inde en terme de parentalité ou d'éducation? Qu'as-tu du mal à supporter ou à accepter en Inde, et éventuellement en tant que parent ?

Gronder en haussant la voix sur son enfant. C'est une chose rarissime. Contredire son enfant, également. L'autorité repose ici sur le chantage affectif (lié au respect traditionnel dû aux parents), chose que j'ai du mal à accepter justement. En revanche, on crie sans aucun problème sur ceux qui servent (domestiques, chauffeur, employés...) même devant les enfants...
Encore l'autre jour, le petit voisin du dessus piétinait ; il avait tambouriné jusqu'à 1h du matin et recommençait à 4h. Et il n'est pas le seul, car pendant les vacances ou pour les enfants non scolarisés, les parents leur font souvent faire une longue sieste dans la journée : vous imaginez combien l'enfant a envie de dormir la nuit... Je suis donc montée et j'ai carrément demandé à la mère (il était 4h30) si elle avait besoin d'aide pour gérer son fils... Elle n'avait pas entendu le bruit ! Evidemment, le petit a une chambre éloignée de toutes les autres pour qu'il puisse s'en donner à coeur joie. En faisant fi bien sûr des voisins et de son rythme de sommeil. Même dans les familles riches, les enfants s'élèvent finalement tous seuls et ça, j'ai du mal à l'accepter...

Quel est ton petit monde du travail "d'origine" et comment concilie-tu le tout avec ton statut de (femme) d'expat? ? Et en Inde, comment font souvent les parents femmes, pour concilier travail et famille ?

Mon petit monde du travail, c'est l'Education nationale, je suis professeur d'histoire-géographie dans le secondaire. Je n'ai pas quitté des années de galère dans les trains, les RER et les banlieues difficiles, à regret car j'ai tout fait depuis trois ans pour en partir : j'ai voulu créer une entreprise en France, mais la disponibilité l'interdit. S'expatrier était donc la solution pour ne pas démissionner, garder cette possibilité d'emploi en cas de problème, tout en cherchant à travailler autrement. Ma vocation réelle est d'enseigner, donc je ne dois pas rester professeur à l'Education nationale, héhéhé... Mon projet est de monter enfin mon entreprise, ici ou par Internet si les formalités administratives sont trop complexes (ce qui semble être le cas...). Le point noir de l'expatriation pour celui qui ne travaille pas, c'est de se trouver une activité valorisante et stable, tout en ayant conscience que l'on peut être à nouveau déraciné du jour au lendemain. Une incertitude que j'ai personnellement du mal à gérer...
Une majorité de femmes indiennes s'arrête de travailler au premier enfant : dans la plupart des castes et des classes sociales, l'homme voit d'un mauvais oeil une mère qui travaille. C'est vraiment parce qu'elle ne peut faire autrement (donc cela suppose que lui, l'homme, n'assure pas). Dans l'élite, la femme reprend le travail après que les enfants ont grandi ; mais plus pour retrouver un statut social, un réseau et un "loisir" que pour des raisons financières. Ces femmes sont bien sûr aidées par un personnel de maison.
Enfin, les femmes indiennes sont essentiellement cantonnées au travail de bureau : à l'exception des intouchables que l'on voit balayer, vendre des légumes ou ramasser les ordures dans les rues, les femmes travaillent dans les intérieurs. Chez les gens, ou dans les bureaux donc. Héritage du "purdah" qui perdure encore ici : ce système de claustration des femmes, hérité des siècles passés, ne se limite pas aux musulmanes mais concerne aussi les hindoues. Les femmes honorables ne doivent donc être vues que par les membres masculins de leur famille. Vous ne trouverez donc presque jamais de serveuses, en Inde, sauf originaires d'Asie du Sud-Est. Ce ne serait pas convenable. En conséquence, tout ce qui a trait au contact avec les gens est essentiellement occupé par des hommes. A Bombay, c'est un peu moins le cas tout comme dans les quelques autres grandes villes "modernes" ; mais dès que l'on se promène dans l'Inde "profonde", cela devient une règle absolue : pas de femmes qui tiennent de magasin (l'antithèse de la Chine, donc !), et bien sûr pas de femmes qui voyagent seules...

Pour avoir une idée du rôle de la femme en Inde, il suffit de regarder la presse qui s'adresse à elle : magazines uniquement consacrés au mariage (des dizaines), à la maison et à la cuisine (des dizaines encore). Point. Et des dizaines de magazines de cinéma mais qui s'adressent aux deux sexes. Je sais, on n'est pas loin de ça en France mais sans les magazines potins mondains/prendre soin de soi/vivre sa vie de femme/apprendre les dix trucs sexuels à exiger de notre partenaire...
Pourrais-tu nous faire partager quelque chose de là-bas? Par exemple, quels sont les prénoms à la mode en ce moment en Inde, cite-nous une ou deux personnalités indiennes, quel est le sujet actuel dont l'Inde parle le plus, quelle image a la France en ce moment en Inde, qu'est-ce qui serait pour toi emblématique de ce pays ou de ta ville, un film, un plat, une chanson,...

Prénoms à la mode, personnalités indiennes ? Je n'ai pas encore réussi à lire plus d'une ligne de ces nombreux magazines féminins. En revanche, un acteur indien que l'on voit sur des dizaines de panneaux publicitaires, c'est toujours Amitabh Bachchan, l'indétrônable (mais que je n'ai jamais vu jouer : de même, et malheureusement, je suis incapable de dépasser 7 minutes dans un film de Bollywood).
Le sujet actuel ? La mousson, évidemment. Attendue avec impatience, pronostiquée, retardée finalement, elle vient d'arriver mais il se pourrait, alors qu'on disait qu'elle allait être très forte, que ce ce soit une année El Niño chaude, donc une mousson faible. Donc une sécheresse ? des récoltes faibles ? donc des famines ? donc... L'incertitude permanente, l'Inde... Autre sujet, les attaques racistes dont ont été victimes de jeunes Indiens en Australie : cela révolte tout le monde, mais de nombreuses voix (indiennes) s'élèvent pour faire prendre conscience aux gens que les Indiens sont eux-même extrêmement racistes. Un Indien avec une peau noire inspire le mépris, les intouchables sont encore considérés comme la lie de la société, les Africains sont encore plus regardés de haut, les Blancs sont vus comme des portefeuilles ambulants, les Blanches sont "des salopes qui n'attendent que ça", etc. C'est très intéressant de voir jusqu'où ira la prise de conscience... et si elle aura un quelconque effet !
Ce qui est emblématique de Bombay et de l'Inde : les vaches et les carioles chargées de canne à sucre qui se promènent dans Fort, le centre financier décati de Bombay, coeur financier de l'Inde. Voici un résumé exact de l'Inde : ce n'est jamais ce que l'on croit être...
La France en Inde ? Elle a une image relativement bonne (est-ce parce que cette image est mauvaise en Chine ? Les deux pays ayant quelques différends, héhéhé...), même si en tant qu'expatriée je trouve que les institutions françaises à Bombay brillent par leur insuffisance, leur incompétence et leur incapacité à mettre la France en valeur. En revanche, faire des soirées avec du vin, ils savent y faire.
Un film, un plat, une chanson ? Non. Un livre plutôt. "L'Equilibre du Monde" de Rohinton Mistry : où, en un livre typique de cette réappropriation du roman anglo-saxon par la verve indienne, un auteur d'origine parsie (donc une communauté présente presque uniquement à Bombay) décrit une trentaine d'années de la vie à Bombay, avec ses émeutes, sa modernisation, ses rebondissements. Comment deux intouchables et un étudiant tentent de s'y créer un foyer, et comment... je vous laisse découvrir la suite, l'Inde dans toute sa splendeur et son horreur, Bombay dans toute son opulence crasseuse.
Peux-tu nous raconter une anecdote vécue qui illustrerait bien la relation qui te relie à ce pays, ou à l'expatriation?

Dans le train de Jaipur à Jodhpur, un jeune homme prend sa place sur la banquette à côté de nous : "Bonjour, je suis Varun et je suis très content de faire votre connaissance !". Voilà l'Inde. L'étonnement permanent. Ici, je me demande à chaque instant : "Pourquoi... (cette personne fait-elle ça, agit-elle comme ça, est-elle habillée comme ça ? quelle langue parle-t-elle ? quelle est sa religion ? pourquoi se comporte-t-elle comme ça avec ces autres personnes ?) ?".
Aurais-tu un message à faire passer?

Oui, absolument ! Surtout ne venez pas voyager en Inde pour les cartes postales : le tourisme en Inde est dans la plupart des cas harassant, décevant, horripilant, exténuant. Et ne correspond jamais aux lieux mirifiques que l'on vous vend. N'hésitez pas à vous éloigner du Rajasthan et d'Agra, que l'on prétend être incontournable (mais qui ne l'est en réalité que pour la simili industrie touristique), pour le Sud, le centre ou l'Est de l'Inde, beaucoup plus satisfaisants à bien des égards.
Et surtout surtout, ne voyagez jamais en Inde sans avoir découvert par vous-même la gastronomie indienne auparavant : savourez-la, habituez-vous pour ensuite sur place pouvoir manger ce qui vous plaît, ne pas être décontenancés par ce que l'on vous sert et surtout comprendre ce pan essentiel de la culture indienne. Vous serez d'autant plus résilient à ce moment-là, le ventre plein et les papilles comblées, aux mille et une surprises que vous réserve ce pays.

Merci Thècle pour cette interview !

Merci à toi : ça y est je suis en Inde !

L'Inde selon Chouyo


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Theclelescinqt 5 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte