Etait-il nécessaire d’offrir une suite à l’excellent "28 jours plus tard" de Danny Boyle ("Trainspotting", "Sunshine"), un film de zombies inattendu défendant un style affirmé et ne boudant pas une certaine poésie visuelle et narrative ? Après avoir vu "28 semaines plus tard", il ne fait aucun doute que ce deuxième opus se devait d’exister !
"28 Weeks Later" (titre original) constitue, en effet, un attrayant prolongement du film initial qu’il surpasse même à certains égards. L’espagnol Juan Carlos Fresnadillo enfile ici la double casquette de réalisateur et co-scénariste. Bien qu’il propose, dans "28 semaines plus tard", un traitement différent de celui de "28 jours plus tard", il perpétue toutefois de très belle manière l’œuvre de Danny Boyle, producteur exécutif pour l’occasion.
Plus Gore que le premier film, "28 Weeks Later" est ponctué par plusieurs scènes horrifiques d’anthologie. Je pense notamment à l’attaque de la maison de campagne, en scène d’ouverture, ainsi qu’à l’exploration du métro londonien dans l’obscurité la plus totale ! Chérissant une réalisation frénétique voir apocalyptique, Juan Carlos Fresnadillo intensifie le caractère dramatique et violant des attaques des "Infectés".
Oppressant, nerveux et brillant,… Le film du cinéaste espagnol cultive un sens du suspense aigu et intense. La réussite de ce long-métrage dépend également d’un casting millimétré alimentant une galerie de personnages bien étoffée. "28 semaines plus tard" ne montre pas (seulement) une violence sanguinaire et impersonnelle. Le film suit, en particulier, l’histoire tragique de la famille de Don (Robert Carlyle) et d’Alice (Catherine McCormack)...
Durant les ravages du terrible virus en l’Angleterre, les deux enfants du couple, Andy (Mackintosh Muggleton) et Tammy (Imogen Poots), étaient en vacances en Espagne. Don et Alice, restés au pays, ont tenté d’échapper aux porteurs du virus, baptisé "La Fureur", mais en vain ! Alice a été tuée et Don a dû fuir. Depuis 28 semaines maintenant, l’infection n’est plus réapparue en Angleterre. L’O.N.U. a envoyé un contingent américain, baptisé "Forces américaines d’occupation", pour assainir et reconstruire le pays. Rongé par la culpabilité et par le souvenir de sa défunte épouse, Don attend le retour de ses deux enfants. Logeant dans le centre de Londres, un périmètre sécurisé par les forces spéciales, Andy et Tammy décident, malgré le danger, de retourner dans leur ancienne maison, en zone non-assainie, pour récupérer des objets personnels et se souvenir de leur mère… Ils ignorent encore que leur expédition va avoir de graves répercutions...
On retiendra, tout d’abord, la très bonne prestation de l’acteur écossais Robert Carlyle. Après avoir trempé dans la comédie avec le mythique "Full Monty", il fit des apparitions remarquées dans "Face" (1998), un polar musclé, dans "Vorace" (1999), un palpitant film sur le cannibalisme, ainsi que dans "Guns 1748" (1999), une aventure en costume pétillante et légèrement dingue. Interprétant les méchants dans le James Bond "Le Monde ne suffit pas" (1999) et dans le récent "Eragon" (2006), Carlyle a même pris les traits d’Adolf Hitler dans le téléfilm "Hitler, la naissance du mal" de 2003. Avec "28 semaines plus tard", cet acteur revient sur le devant de la scène dans un rôle puissant. Tout un temps père de famille rongé par les remords, Carlyle entre, par après, dans la peau d’un tout autre personnage… Mais chuuut ; je vous en laisse la surprise !
Les prestations de Rose Byrne et de Jeremy Renner sont également à saluer. Docteur dans l’armée américaine, le personnage joué par Rose Byrne décide de prendre le jeune Andy et sa sœur, Tammy, sous sa protection. Contre toute attente, le jeune garçon serait, en effet, la clé permettant d’annihiler définitivement le virus !?! Désobéissant aux ordres de sa hiérarchie, Scarlett va tout faire pour protéger ces deux enfants. Elle sera accompagnée, dans cette improbable mission, par le Sergent Doyle (Jeremy Renner)...
Ce tireur d’élite va également se rebeller contre les ordres crapuleux de l’armée américaine et n’hésitera pas à risquer sa vie pour permettre à plusieurs rescapés d’échapper aux contaminés mais aussi aux soldats. Avant de jouer les franches crapules dans "L’Affaire Josey Aimes", drame social tiré d’une histoire vraie, Jeremy Renner s’est fait remarquer dans l’explosif "S.W.A.T. Unité d’élite" (2003) en jouant "l’ennemi n°1" de Colin Farrell. Le rôle de Sergent Doyle convient à merveille à Renner qui a l’occasion, cette fois, de jouer les soldats d’élite au grand cœur. Une reconversion bienvenue !
Vous l’aurez sans doute compris, "28 semaines plus tard" taille (rapidement) la critique d’une implantation militaro-totalitaire américaine sur le sol britannique. Champions, dans ce cas, de l’aide humanitaire et de la reconstruction, des soldats entraînés avant tout pour tuer, sont amenés à protéger des civils… Cherchez l’erreur. Ca ne vous rappelle pas une certaine actualité !?! Les rescapés de la nouvelle infection doivent éviter des zombies hyper furieux mais également les tirs et bombes d’une armée intraitable, inhumaine et impersonnelle. Dans ce sens, on n’est pas si éloigné de "28 jours plus tard" où, déjà, des soldats/mutins anglais déboussolés s’en prenaient aux civils.
Avec un scénario intelligent et riche en rebondissement & une réalisation, répétons-le, attractive et hautement énergique, "28 semaines plus tard" entre, sans peine, dans le cercle (très ?) fermé des films horrifiques prolongeant avec brio la mythologie des zombies insufflée par George A. Romero. Les allusions aux films de ce dernier ne manquent d’ailleurs pas. Comme dans "Land of the Dead", Londres a des allures de ville forteresse divisée en quartiers sains et potentiellement infectés. Comme dans "L’Armée des morts", le final de "28 semaines plus tard" n’est pas très optimiste et annonce la prolifération de l’épidémie… Peut-être un "28 mois plus tard" à l’horizon ? C’est tellement plaisant d’avoir ainsi peur que, inévitablement, on en redemande !
La bande-annonce...
Un extrait...