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Mort il y a 50 ans cette année, le 23 juin 1959, Boris Vian fut un touche-à-tout de génie : auteur de théâtre, romancier, parolier, inventeur, rien n’était impossible à ce centralien, fou d’échecs et de jazz.
"Je suis né, par hasard, le 10 mars 1920, à la porte d'une maternité fermée pour cause de grève sur le tas"
Vian abordait sa biographie avec ce mélange de sérieux et de loufoquerie qui est la marque de son œuvre.
Une œuvre passée largement inaperçue, puis redécouverte après Mai 1968 avec la réédition de ses romans, "L'écume des jours" ou "L'automne à Pékin".
Né à Ville d'Avray (Seine-et-Oise) dans une famille de la grande bourgeoisie qui connaît bientôt la ruine, il souffre dès l'âge de 12 ans d'une insuffisance cardiaque qui perturbe sa scolarité.
Silhouette athlétique et santé fragile, il entre à l'Ecole Centrale en 1939, puis travaille comme ingénieur à l'association française de normalisation (AFNOR). Un joli paradoxe pour cet homme qui sortait constamment des normes.
Ce job lui permettait de "peindre la Girafe", autrement dit pas faire grand chose si ce n'est écrire, puisque c'est pendant cette période qu'il écrivit en 1947 son premier roman, "L'écume des jours".
"L'écume des jours" ne se vend qu'à quelques centaines d'exemplaires.
Ce livre a depuis intégré les programmes scolaires et se vend encore chaque année à quelque 70.000 exemplaires.
C'est sous le pseudonyme de Vernon Sullivan qu'il connaît le succès et provoque un énorme scandale avec "J'irai cracher sur vos tombes", une parodie de roman noir qui lui vaudra en 1953 une condamnation pour atteinte aux bonnes mœurs.
Hyperactif malgré la maladie, il écrit des poèmes, des critiques de jazz et signe quelques tubes de l'époque, pour Serge Reggiani ("La java des bombes atomiques") ou Henri Salvador ("Le blues du dentiste").
En 1954, il provoque un nouveau scandale avec "Le déserteur", une chanson pacifiste qui sera interdite sur les ondes à la veille de la guerre d'Algérie.
La chanson "Le déserteur"...
Mais la véritable passion de sa courte vie, c'est le jazz.
Il joue de la trompette dans les clubs de Saint-Germain dont il devient une figure légendaire et où il côtoyait Jean-Paul Sartre, Juliette Gréco ou Miles Davis.
Miles Davis Juliette Greco et Boris Vian
"Je ne suis pas un soliste vertigineux, mais un joueur de trompinette" comme il disait lui même.
"Il m’a d’ailleurs été d’une grande aide lors des préparatifs de Legrand Jazz. Il m’a fait des listes de ce que je devais enregistrer."
Michel Legrand n’est pas le seul à louer son immense culture du Jazz.
"Sans le jazz, la vie serait une erreur !" avait-il ainsi déclaré au printemps 1939, en écoutant Ellington.
Neuf ans plus tard, il ira accueillir le Duke à la gare du Nord, et l’emmènera faire un bœuf au Tabou, son préféré des multiples clubs qui fleurissent sur le bitume de l’Après-guerre.
Ici en Mai 1948, au Lido. Autour de Michelle Léglise, épouse de Boris Vian, Don Diaz (à genoux) et, de dr. à g., Luther, Vian, Barelli et Diéval.
Le même Vian sera à la fondation du Club Saint-Germain, rejoignant régulièrement l’orchestre sous la direction de Jean-Claude Fohrenbach.
Dans les deux, l’écrivain éminent membre du Hot Club de France dès 1937 viendra souvent souffler dans son cornet.
Sur cette photo le caveau de la Huchette ...
D'Olivia Ruiz à Philippe Katerine en passant par Carla Bruni, Daniel Darc, Emily Loizeau ou les comédiens Jean-Louis Trintignant, Edouard Baer et Carole Bouquet, Mathieu Boogaert Juliette, Daphné, Christian Olivier, Thomas Fersen, Holden...
La scène française rend hommage à Boris Vian avec la sortie d'un double album de reprises également décliné sur scène.
Ce double CD intitulé "On n'est pas là pour se faire engueuler" (AZ/Universal) est sortit, il y a deux jours, le mardi 23 juin, jour du 50e anniversaire de la mort de Vian.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette fameuse chanson ..."On n'est pas là pour se faire engueuler"
Vous voulez en savoir un peu plus sur ce grand homme, voici un adresse mail qui devrait vous satisfaire : Allez au plaisir de vous lire...