(dépêche)
Un gouvernement, il faut que ça respire, dit François Fillon
24 juin 2009 - il y a 11 heures 19 min
François Fillon a justifié l'ampleur du remaniement gouvernemental intervenu mardi par la nécessité de faire "respirer" son équipe face aux nouvelles réformes qui l'attendent.
Invité du journal de 20 heures de France 2, le Premier ministre a nié que l'ouverture ait trouvé ses limites, expliquant qu'au-delà des ralliements politiques de gauche ou du centre, le président
Nicolas Sarkozy entendait ouvrir le gouvernement à "la diversité de la société française".
"L'ouverture ça dure et ça marche", a-t-il affirmé, faisant valoir le maintien au gouvernement des ex-socialistes Bernard Kouchner ou Eric Besson.
"Ce que nous avons cherché à faire avec le président de la République, c'est à poursuivre l'effort de représentation de la diversité de la société française en allant chercher une compétence
comme celle de Frédéric Mitterrand (...) ou Nora Berra ou Marie-Luce Penchard", a-t-il précisé.
Le neveu du président socialiste défunt a été nommé à la Culture, Nora Berra, ex-député européen d'origine algérienne, sera chargée du troisième âge et la Guadeloupéenne Marie-Luce Penchard,
ex-conseillère à l'Elysée, est secrétaire d'Etat à l'Outre-mer.
"L'ouverture n'est pas seulement une ouverture vers la gauche, c'est aussi une ouverture vers la société française", a insisté François Fillon face aux critiques des socialistes qui décrivent "un
gouvernement de fermeture" recroquevillé sur l'UMP.
"Il n'y a aucune raison de constituer des gouvernements homogènes avec des hommes et des femmes qui pensent tous la même chose, qui viennent tous des mêmes horizons. C'est comme ça qu'on se
ferme", a estimé le Premier ministre, saluant en Frédéric Mitterrand "un grand professionnel qui va apporter son regard, son expérience, son talent au gouvernement".
S'attardant sur l'exégèse du nouveau gouvernement, il a assuré que le président et lui-même étaient associés dans la recherche permanente de "la bonne personne à la bonne place".
"ON PEUT PARFOIS SE TROMPER"
Ainsi Michèle Alliot-Marie a-t-elle été mutée à la Justice pour "incarner" la réforme en cours, ainsi son successeur Brice Hortefeux à l'Intérieur a-t-il été choisi car il est "l'homme le plus
apte à convaincre la majorité parlementaire" de la nécessité de la réforme territoriale.
"Ce n'est pas un remaniement aussi considérable que je l'entends dire. (...) C'est vrai qu'on a changé quelques titulaires de poste, un gouvernement il faut que ça respire", a dit François
Fillon. "Il y a des nouvelles pages qui vont s'écrire avec des nouvelles réformes".
Dans cette quête des "bons équilibres", François Fillon a néanmoins concédé une erreur : la création d'un secrétariat d'Etat aux droits de l'Homme qui disparaît avec le transfert de Rama Yade aux
Sports.
"On fait des essais, on peut parfois se tromper. On est arrivé avec Bernard Kouchner et avec Rama Yade à la conclusion que c'était difficile pour une personne d'occuper seulement cette
fonction-là. C'était très compliqué, ça n'était pas au fond extrêmement efficace", a expliqué le Premier ministre.
Il a nié que le portefeuille des droits de l'Homme ait disparu, précisant que le ministre des Affaires étrangères en aurait désormais "la responsabilité".
Quant à sa place dans l'organigramme institutionnel, de nouveau remise en question après l'intervention inédite du chef de l'Etat devant le Parlement réuni en Congrès le 22 juin, François Fillon
a déclaré que la Constitution était "parfaitement respectée".
Il a une énième fois démenti son effacement supposé face à l'"hyperprésidence" de Nicolas Sarkozy.
"Je pense que c'est un débat qui intéresse 300 personnes à Paris. Est-ce que vous pensez un seul instant que les Français attendent que le Premier ministre s'oppose au président de la République
?"
Sophie Louet