Un article ServicesMobiles.fr - Article trop intéressant pour ne pas le reprendre et qui montre combien d’entreprises considèrent souvent à tord (pour qui ne sais l’appréhender) l’iPhone comme une rolls, une machine à cash.
Vous êtes dans le marketing et vous vous demandez comment faire pour tirer parti du succès de l’iPhone? Voilà là recette! L’histoire est entièrement vraie et je trouve assez représentative de ce qui se passe sur le marché en ce moment.
Un annonceur a une brillante idée d’application iPhone autour d’une de ses marques. Problème: par ces temps de crise, comment faire financer le développement? Solution: l’annonceur va voir une société qui développe des applications pour iPhone et lui propose un “deal en or”. L’application sera vendue €0.79 sur l’AppStore et pour financer le développement, l’annonceur accepte de partager 16% des revenus générés avec le développeur, en échange de quoi le développement sera gratuit. Comment refuser un tel deal alors qu’Apple a annoncé que plus d’un milliard d’applications avait été téléchargées? Il faudrait être fou…
Résultat des courses: l’appli - développée sur un concept mal pensé par un annonceur dont ce n’est pas le métier de concevoir des services mobiles - est un flop retentissant. Combien de téléchargements a votre avis? €0.79, c’est pas cher, non? Et puis 1 milliard de téléchargement alors qu’il y en a 45,000, ça fait une moyenne de 22,000 par application alors ça doit quand même faire quelques 5,000-7,000 pour les plus mauvaises?
Hé bien non: l’appli s’est vendue à… 200 exemplaires. Non, vous avez bien lu: 200 exemplaires.
Le développeur (qui a passé plusieurs semaines sur ce concept d’appli et donc payé ses salariés qui eux, ont un salaire fixe et ne se font pas payer en royalties hypothétiques) a donc fait le boulot pour 200 x €0.79 x 70% (Apple garde 30%) x 16%. Faites le calcul, ça fait €17.70.
Une “appli à 2 balles” en quelque sorte. Au sens propre.
A l’heure où l’iPhone (et l’AppStore) révolutionne (à juste titre) l’internet mobile, je trouve cette malheureuse histoire intéressante car elle montre bien l’effet “ruée vers l’or” que la success story de la firme à la pomme engendre. Mais voici les faits:
- Oui, certaines applis font un malheur: être dans le Top 50 de l’AppStore, ça veut dire faire des milliers de téléchargement par jour, rien qu’en France.
- Non, être dans l’AppStore ne suffit pas (plus?): les iPhoners ne sont pas idiots et même si la présence de beaucoup d’applis “gadget” peut faire croire qu’ils téléchargent n’importe quoi (iFart anyone?), la qualité compte beaucoup. Beaucoup (la plupart?) des applis ne font quasiment pas de téléchargements.
- Au delà du téléchargement, l’usage est faible: en moyenne, moins de 2% des utilisateurs ayant téléchargé une appli l’utilisent encore au bout de 3 mois (source: pinch media ). Là encore, ça n’empêche pas certaines happy few d’être en revanche utilisés quasi-quotidiennement…
L’AppStore n’est donc pas une martingale même s’il s’agit d’un formidable éco-système et qui interpelle légitimement les marques et les annonceurs sur “quoi faire sur le mobile?”. Rendons à César ce qui est à César: par sa vision et son sens du “consumer”, Apple a fait plus pour faire progresser l’internet mobile que beaucoup d’autres acteurs historiques réunis. Et grâce à l’iPhone, les annonceurs voient enfin le mobile comme un vrai média, avènement annoncé mais jamais réalisé jusqu’à récemment. Mais de vrais sujets subsistent pour les annonceurs et les marques: comment puis-je faire découvrir mon appli ou mon site mobile? comment puis-je créer une expérience durable et interactive pour l’audience de ma marque? quel est le bon contenu pour ma présence mobile? etc… Des vrais problèmes qui sont autant d’opportunités pour les start-ups du Web mobile.
Guillaume Decugis