Hans-Rudolf Merz a donc fait ami-ami avec Peer Steinbrück (ici et photo Keystone ci-contre, reproduite ici), le ministre allemand
des finances, qui compare les Suisses à des Indiens fuyant devant la cavalerie bleue - et qui les menace du fouet, de manière également cavalière, s'ils osent regimber
devant ses diktats de socialiste impénitent. Cette comparaison avec les Indiens, d'ailleurs, quand on y pense, n'est pas gentille pour les Indiens, qu'ils soient amérindiens ou
indiens tout court. C'est faire d'eux tout de même fort peu de cas...
Il n'y a pas d'accords de double imposition conclus définitivement encore entre la Suisse d'une part et la France ou l'Allemagne d'autre part, mais il y a la volonté affichée du Conseil
fédéral de se coucher devant Eric Woerth et Peer Steinbrück, les liberticides ministres des finances, de la France et de l'Allemagne respectivement, pour obtenir de ne plus figurer sur la
liste grise, établie par l'OCDE, brandie par ces messieurs comme un épouvantail pour contraindre les prétendus "paradis fiscaux" tels que la Suisse de renoncer aux libertés individuelles qui
les caractérisent.
Ces deux pays, France et Allemagne, mauvais élèves de l'économie, en bonne place aux côtés des Etats-Unis, champions comme ces derniers de l'oppression fiscale, s'opposent de manière
forcené au secret bancaire (voir mon article Le non au secret bancaire des mauvais élèves : E.U., France, Allemagne ) en raison de leur interventionnisme économique tout aussi forcené, qui fait fuir leurs créateurs de richesse et qui est par conséquent totalement
immoral et inefficace, du moins à moyen et à long terme, même si à court terme il peut faire illusion.
Il y a fort à parier que le conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz, qui a retrouvé un large sourire, a pris goût à cette position couchée, confortable, quoique, par
là-même, déshonorante. Il ne serait donc pas surprenant qu'il l'adopte bientôt - comme il l'a fait à Genève devant Mahmoud Ahmadinejad le 19 avril dernier - devant le
tyranneau libyen, Muammar Kadhafi, qui, depuis bientôt une année, retient deux otages helvétiques sans autre motif que de venger fiston (voir mon article L'affaire Hannibal Kadhafi ou l'immunité diplomatique par filiation ), un bon bougre qui s'est fait remarquer par la
pratique, recommandée dans son pays, de sévices ancillaires (voir mon article L'emploi chez les Kadhafi c'est sévices
compris).
Micheline Calmy-Rey lui a montré le chemin (ici) en se rendant en Libye du 27 au 29 mai
derniers. Elle a fait des courbettes devant des dignitaires du régime, sans le moindre résultat, parce qu'il ne pouvait s'agir en l'occurrence que de valets sans influence, et sans
prérogatives. Elle est donc rentrée bredouille de son escapade, c'est-à-dire sans les deux otages helvétiques, qu'elle a pu tout juste réconforter par sa présence, en leur montrant que le
gouvernement ne les avait pas complètement oubliés, mais ne pouvait rien pour eux. Piètre consolation...
Jacques Neirynck, le fameux désormais défenseur de l'eau du robinet (voir mon article Jacques Neirynck aime l'eau du robinet, grand
bien lui fasse ! ), loue dans L'Hebdo du 18 juin dernier le courage de la ministre suisse des Affaires étrangères. Il écrit sans rire :
Courage physique, car vous n'étiez pas sûre de ressortir libre d'un pays soumis aux caprices d'un autocrate vindicatif.
Comme si le lâche dictateur libyen était seulement capable de s'en prendre à d'autres personnes que des citoyens lambda, donc sans défense ...
Le conseiller national démocrate-chrétien vante également le courage politique dont la ministre aurait fait preuve en adoptant la règle de forcer la main [au
Conseil fédéral] et de subir ensuite les critiques apeurées de l'opinion publique.
En réalité, en se rendant là-bas, elle a montré sa totale impuissance et sa totale incompétence, qui ne restaient plus à démontrer (voir mon article La neutralité inactive de Micheline Calmy-Rey : l'exemple colombien ).
Hans-Rudolf Merz, en se rendant là-bas (ici) à son tour, ne ferait que
porter l'humiliation de la Suisse à son comble. Car, de deux choses l'une :
- ou il reviendrait bredouille comme sa collègue du Conseil fédéral
- ou il se coucherait comme il vient de le faire en Allemagne, d'où il semble avoir ramené un souvenir bien doux qui se lit sur ses lèvres.
Dans les deux cas ce ne serait pas très glorieux et le pékin pourrait se dire fort justement :
Tout ça pour ça ? N'aurait-il pas mieux valu baisser son pantalon tout de suire ? On aurait gagné du temps... et peut-être même de l'argent.
Francis Richard