La cadette du parlement de Bruxelles porte le foulard

Publié le 24 juin 2009 par Drzz

À 26 ans, Mahinur Özdemir est également devenue la cadette du parlement régional, et a été élue par un parti... chrétien...

[LE FIGARO] Une jeune élue voilée a prêté serment mardi au parlement régional de Bruxelles. Dans le même temps, le ministère de la Justice songe à autoriser ses fonctionnaires à porter le foulard.

«Le voile n'est en rien un frein à mon émancipation, ce qui est vraiment important pour moi, c'est les projets que je veux mener» : c'est par ces mots que Mahinur Özdemir a prêté serment mardi après-midi, devenant ainsi la première députée belge à porter le foulard.

Le sourire aux lèvres, coiffée d'un foulard à carreaux turquoise, blancs et dorés, la parlementaire de 26 ans, diplômée en sciences politiques, a été la seule élue à être applaudie.


Mahinur Özdemir, membre du Centre démocrate humaniste (CDH), l'ancien parti social-chrétien francophone, est aussi la cadette du parlement régional depuis les élections régionales du 7 juin.


«Nous sommes l'image de la société, un parlement doit être l'image de la société», a assuré cette fille de commerçants turcs qui entend «ne pas être la représentante d'une communauté, mais de tous les Bruxellois».


Mahinur Özdemir fait partie d'une vague d'élus d'origine étrangère, principalement marocaine et turque, entrée depuis 10 ans au parlement régional de Bruxelles, ville dont le
tiers de la population est musulmane


Même si sa prestation de serment s'est déroulée sans encombres, plusieurs opposants au foulard avaient distribué des tracts à l'entrée du parlement.


Car, en devenant la première élue d'une assemblée belge à porter le voile, Mahinur Özdemir a ravivé ce débat qui, en Belgique comme en France, divise l'opinion.

La Belgique, Etat neutre mais non laïc

Alors que Nicolas Sarkozy affirmait lundi que la burqa n'était «pas la bienvenue» dans l'Hexagone, le député belge Denis Ducarme, du parti libéral MR proche de l'UMP, proposait que les «signes religieux ou philosophiques distinctifs» soient interdits dans les parlements du royaume. Une proposition critiquée jusque dans son propre camp, notamment par le président du Sénat, Armand De Decker, pour qui «rien ne s'oppose» à ce qu'un «mandataire politique décide de porter un signe distinctif».


La Belgique est en effet un Etat neutre mais non laïc, rappelle le
Centre pour l'Egalité des chances. L'école dispense ainsi à la fois des cours de religion catholique, protestante, islamique, israélite et des cours de morale laïque. L'autorisation ou l'interdiction du port du voile par les élèves est donc laissée à l'appréciation des directeurs d'établissements, qui sont de plus en plus nombreux à le bannir.


Dans l'administration, il est généralement admis que les employées relevant de la force publique - policiers ou magistrats notamment - soient interdites de voile. Mais la question n'est pas tranchée pour les autres fonctionnaires.


Mardi, la «cellule diversité» du ministère de la Justice a également alimenté ce débat en proposant que tous les fonctionnaires de ce département, y compris ceux qui côtoient le public, soient autorisés à porter des signes religieux. La «neutralité des agents» n'est pas liée à leur apparence, estime cette cellule, dont l'avis n'est que consultatif. Une opinion contestée par l'organisme représentatif du mouvement laïc belge, qui «milite depuis toujours pour une séparation claire des Eglises et de l'Etat».