Droits de l'Homme au Maroc: écart entre discours officiel et pratique

Publié le 24 juin 2009 par Tanjaawi

 RABAT - La situation des droits de l'Homme au Maroc "se caractérise par l'écart existant entre le discours officiel et la pratique réelle des appareils de l'Etat", a affirmé mercredi l'Association marocaine des droits humains (AMDH, indépendante).

Dans son rapport annuel consacré à 2008, l'AMDH souligne que la justice demeure "la cause des violations quotidiennes des droits des citoyen(ne)s".

"La politique de l'Etat connaît une rétrogradation vis-à-vis des acquis", ajoute le rapport de l'AMDH, la plus ancienne des organisations de défense des droits de l'Homme au Maroc.

"De nombreuses affaires, citées dans notre dernier rapport, persistent en 2008 et notamment l'enlèvement, la torture (...), les arrestations arbitraires, les procès politiques, de la presse et la répression des libertés", ajoute le document, rendu public au cours d'une conférence de presse à Rabat.

Dans son rapport, très sévère pour les autorités, l'AMDH assure avoir enregistré, "à l'instar de l'année précédente, l'incarcération d'activistes des droits humains et leur poursuite judiciaire (...), la rétrogadation de la situation dans l'univers carcéral, la détérioration des droits économiques, sociaux et culturels, de l'enfance, l'escalade des violations des droits des immigrés provenant des régions subsahariennes et des demandeurs d'asile".

Le rapport cite notamment "la torture exercée contre les habitants de Sidi Ifni et la violence perpétrée par les différents appareils sécuritaires", en juin 2008.

Le 7 juin, la police avait dégagé les entrées du port de cette localité du sud du Maroc, bloquées par de jeunes chômeurs pendant plusieurs jours. Selon un bilan officiel, l'intervention, musclée, s'était soldée par 48 blessés, dont 28 policiers, et 188 interpellations.

Sur les prisons, l'AMDH "a suivi de nombreux cas de torture et de pratiques humiliantes commises par la direction à l'encontre des prisonniers", dont des détenus politiques.

L'ONG marocaine -qui célèbre cette année le 30e anniversaire de sa création- liste également "de nouvelles violations des libertés" publiques, dont les procès d'internautes, et indique que "de nombreux procès contre la presse et les journalistes ont eu encore lieu".

"Tous les procès intentés contre (...) la liberté d'expression et la liberté de la presse ont connu la violation du droit à un procès équitable", poursuit l'AMDH. "La justice a été utilisée de la part de l'Etat pour régler ses comptes avec les journalistes, se venger des militants et terroriser les citoyens".

L'AMDH déplore aussi l'analphabétisme, qui touche selon elle 40% du peuple marocain "et constitue un indicateur flagrant de la situation catastrophique de la politique de l'enseignement".

Enfin, l'ONG s'élève contre le fait que la Convention internationale pour la protection des droits des immigrés, ratifiée par le Maroc en 1993, soit "continuellement violée du fait des agressions exercées à l'encontre des immigrés illégaux".

©AFP / 24 juin 2009 14h54 /Romandie News