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Quelle insulte !

Publié le 24 juin 2009 par Nadia Lamlili

Une scène hallucinante s’est produite au moment de l’élection du maire de Rabat. Le secrétaire général de la Wilaya de la capitale a prononcé des mots humiliants à l’égard des hommes et des femmes de la presse parce qu’ils voulaient couvrir ces fameuses élections de l’intérieur. «Chassez-moi ces moustiques…cette pourriture…ces parasites !», a-t-il proféré aux agents de la sécurité.

C’est à la fois grave et triste ce qu’il a dit. Dans la bouche d’un responsable du Ministère de l’Intérieur, ces expressions humiliantes nuisent à l’image des officiels censés baliser le chemin des droits de l’homme. En même temps, elles traduisent un état d’esprit malheureusement répandu chez beaucoup d’entre eux. M. Mohamed Regraga, puisque c’est de lui dont il s’agit, a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

A plusieurs reprises, des dirigeants économiques et politiques disent dans les salons que le Maroc n’a pas la presse qu’il mérite et mettent tous les médias dans le même panier. Pas plus tard qu’il y a deux mois, un grand patron a carrément explosé de colère (en privé bien sûr) en disant qu’il fallait les raser tous (les journalistes) et construire un nouveau modèle.

Jamais les tensions entre les médias et le monde des décideurs n’ont été aussi tendues. Ce dénigrement presque maladif consacre le rejet, la haine envers un corps qui a malgré tout contribué à l’avancée de la liberté d’expression. Je ne fais pas l’apologie de toute la presse. Il y a du bon et du mauvais comme partout. Mais que le dénigrement arrive à ce stade de violence, il y a de quoi s’alarmer. En 10 ans, le Maroc a effectué des avancées notables en matière des droits de l’homme. Mais, nous sommes loin d’être sorti du diktat. Un retour à la répression et à la violence est perceptible dans le comportement de beaucoup de dirigeants qui veulent imposer leurs visions, plutôt une seule Vision. Et gare à celui qui la conteste!

Est-il vrai que nous méritons un autre genre de presse comme le laissent entendre ces gens ? Quelle est alors cette presse qui convient à notre pays, sachant qu’elle est à l’image des enjeux du pouvoir? Quel modèle voulons-nous en terme médiatique? A-t-on mis les moyens pour l’avoir?

M. Regraga, permettez-moi de vous dire que ces hommes et femmes des médias ne faisaient que leur métier comme vous. Et que si on veut les changer, ce n’est sûrement pas en les insultant de cette manière et en bafouant l’honneur de toute une profession…


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