Non, décidément, le compte n'est pas bon
- Que les idiots utiles soient sûrs et certains que les titres sont faux (raison pour laquelle seuls les idiots inutiles en parlent...), ce dont je me suis convaincu moi-même après moultes recherches, c'est une chose.
- Mais que l'histoire soit vraie et que personne ne l'ait analysée ou n'en ait parlé proportionnellement à son ampleur potentielle, c'en est une autre !
Dans cette affaire je n'ai aucune théorie du complot à proposer (contrairement à ce que je peux penser sur Berlusconi et qui n'engage que moi...), aussi me limiterai-je à examiner les faits.
En partant de la SEULE déclaration officielle dont nous disposons, le communiqué de la GDF n° de protocole 78836 /RU :
Qui dit exactement ceci (extraits, c'est moi qui souligne) :
Les titres étaient en possession de deux Japonais, âgés d'une cinquantaine d'années, qui ont affirmé aux douaniers n'avoir rien à déclarer à leur descente du train en provenance d'Italie.Un communiqué officiel paru le 4 juin 2009, très peu repris dans la presse italienne et pas du tout dans la presse internationale. Il faudra attendre quelques jours, jusqu'au 8 juin, le jour même où j'en ai parlé pour la première fois sur Adscriptor, pour lire sur un blog italien une très brève interview du Colonel Rodolfo Mecarelli, commandant provincial de la GDF à Côme, qui nous fournit quelques éléments supplémentaires déjà relatés ici :
Or un contrôle minutieux de leurs bagages a permis de trouver, cachés dans le double-fond d'une valise contenant leurs effets personnels, 249 “bonds de la Federal Reserve” d'une valeur nominale de 500 millions USD l'un, et 10 “bonds Kennedy” d'une valeur nominale de 1 milliard USD l'un, outre une importante documentation bancaire ORIGINALE.
Les bons du Trésor et les documents qui les accompagnaient ont été saisis et font actuellement l'objet d'une enquête pour en déterminer l'authenticité et l'origine.
* * *
I valori erano posseduti da due cinquantenni giapponesi che, scesi da un treno proveniente dall’Italia, al momento del controllo doganale affermavano di non avere nulla da dichiarare.
Un’accurata verifica dei bagagli ha consentito di rinvenire, nascosti sul fondo di una valigia in uno scomparto separato da quello contenente gli indumenti personali, 249 bond della “Federal Reserve” americana del valore nominale di 500 milioni ciascuno, e 10 “Bond Kennedy” del valore nominale di 1 miliardo di dollari ciascuno, oltre a una cospicua documentazione bancaria in originale.
Per i bond e la documentazione di interesse valutario che li accompagnava, anch’essa sottoposta a sequestro, sono attualmente in corso indagini volte a stabilirne l’autenticità e la provenienza.
Pour l'heure, je peux seulement dire que nous avons de gros doutes sur les 10 bons "Kennedy", d'une valeur nominale de 1 milliard $ l'un, tandis que les bons de 500 millions sont imprimés sur du papier filigrané d'excellente facture, ils semblent plus crédibles.Nulle part il n'est question de titres datés de 1934, jusqu'à la dépêche publiée par Bloomberg le 12 juin (sur laquelle Rue89 a basé son article), SEULE source à rapporter cette info, et dont j'ai obtenu confirmation par la journaliste de Bloomberg qu'il s'agissait bien d'une déclaration directe du Colonel Mecarelli, interviewé par Sonia Sirletti.
(...)
Naturellement, nous collaborons avec des experts des services secrets américains, et nous devrions bientôt disposer d'expertises officielles pour éclaircir la question.
(...)
Les japonais, en transit de l'Italie vers la Suisse, ont été interrogés et ont déclaré ce qu'ils avaient à déclarer. Ils sont à présent en liberté, je ne peux en dire plus pour le moment.
* * *
Per quanto riguarda i 10 bond denominati "Kennedy", dal valore nominale di 1 miliardo di dollari, posso dirle soltanto che abbiamo forti perplessità. Mentre per i 240 titoli da 500 milioni, la carta è filigranata e di ottima fattura. Sembrano più credibili.
(...)
Ovviamente collaborano con noi esperti americani del Secret Service. Al termine avremo perizie ufficiali per dirimere la questione.
(...)
I giapponesi, che viaggiavano dall'Italia alla Svizzera, sono stati interrogati ed hanno rilasciato le loro dichiarazioni. Al momento si trovano a piede libero. E naturalmente non posso dirle di più.
Le jour même, dans une deuxième dépêche, Bloomberg précise que les autorités japonaises ne sont pas encore sûres qu'il s'agit bien de citoyens japonais : « An official at the Consulate General of Japan in Milan, who only gave his name as Ikeda, said it still hasn’t been confirmed that the individuals are Japanese. » !
Il faudra attendre six jours, le 18 juin, pour que Bloomberg, encore, cite Stephen Meyerhardt, un porte-parole du Trésor américain, déclarant que de toute évidence les titres sont faux : “They’re clearly fakes” !
Mais d'ajouter par ailleurs :
Tout ce que nous avons vu, ce sont des photos qui tournent sur Internet, mais cela nous suffit pour affirmer que ces bons du Trésor sont des contrefaçons...Questions :
"All we've seen is a photograph that's been moved on the Internet. But just with that we can tell that those are not real Treasury securities."
- peut-on assimiler une telle déclaration à l'expertise officielle que les douaniers italiens affirment avoir sollicité plus de deux semaines auparavant ?
- fallait-il attendre 15 jours (du 3 au 18 juin) pour fournir les résultats d'une telle "expertise" sur la base de telles "preuves documentaires" ?
- n'y a-t-il pas une contradiction majeure entre ce constat de faux tellement grossiers que de simples photos suffisent à les identifier à distance, et les premières déclarations de la douane italienne qui font état d'une importante documentation bancaire ORIGINALE et de bons imprimés sur du papier filigrané d'excellente facture, au point de sembler crédibles ?
- et si, comme le laisse entendre le communiqué officiel italien, une importante documentation bancaire ORIGINALE accompagnait les titres, et que les titres sont faux, de quelle importante documentation bancaire ORIGINALE s'agit-il ?
- et s'il est avéré "officiellement" que les titres sont faux, pourquoi les deux personnages interpellés à Chiasso et presque immédiatement relaxés parce que leur avocat se serait porté garant pour eux ne sont-ils pas arrêtés ? A-t-on perdu leurs traces ? Est-on sûrs de leur identité ?
Le lendemain, 19 juin, tout en relatant les propos de M. Takeshi Akamatsu, attaché de presse du Ministère japonais des Affaires étrangères, qui déclare n'avoir aucune idée de la où se trouvent ses présumés concitoyens (“We don’t know where they are now,” Mr Akamatsu said), le Financial Times publie l'un des papiers les plus absurdes que j'ai eu l'occasion de lire sur cette affaire, en accusant la mafia d'être à l'origine de cette contrebande de faux titres.
Un papier indigne d'une gazette de quartier, qui n'est étayé par aucune info ou source pertinente, basé sur des rapprochements hasardeux et forcés avec une affaire précédente mais sans le moindre rapport avec celle-ci, et le FT aurait déployé des journalistes en Italie, au Japon, à New York et à Washington pour pondre ce torchon !
Par quelque bout que vous preniez la chose, c'est totalement absurde, incompréhensible, inconcevable !
Car si l'on donne crédit à cette supercherie fantaisiste (comment croire un seul instant que la mafia ferait passer 134,5 milliards de faux bons d'Italie en Suisse par deux japonais dans un train régional !?), alors pourquoi ne pas prendre pour argent comptant l'autre version du Turner Radio Network, publiée le lendemain, 20 juin, qui affirme avoir eu confirmation (quand ?, comment ?, par qui ?...) que les deux japonais seraient des employés du Ministère des Finances japonais qui tenterait d'écouler secrètement leur bons du Trésor en $.
Je n'ai aucune idée de ce qu'est ce Turner Radio Network et l'histoire qu'ils racontent peut sembler totalement farfelue, mais ni plus ni moins que celle du Financial Times ! Et si en théorie on peut évacuer le premier d'une pichenette, il n'en va pas de même du second : quelle est la véritable motivation et quels sont les objectifs de cet "article", qui sera d'ailleurs repris ici et là, si ce n'est de brouiller ultérieurement les pistes ?
Depuis le début, on se perd en conjectures... Et ça continue :
Ce matin je lis de nouveaux développements sur deux journaux économiques très connus en Italie, aussi sérieux que Il Sole 24 Ore, à savoir Italia Oggi et Milano Finanza, ce dernier commençant ainsi :
Les autorités italiennes considèrent suspecte la précipitation avec laquelle Washington a jugé que les bons étaient faux, vu l'enjeu d'une amende de 38 milliards d'euros. Reste encore à clarifier l'identité des deux suspects japonais et la nature de leurs relations avec la Banque centrale de Tokyo (...), une histoire qui risque maintenant de se transformer en affaire diplomatique.Car c'est là où les choses se compliquent, comme le détaille le premier article (qui titre « Maintenant, que le Japon nous paie 38 milliards $ », en confondant d'ailleurs $ et €, une constante dans cette histoire) :
Le autorità italiane considerano sospetta la fretta con cui Washington ha giudicato falsi i titoli obbligazionari. In ballo una sanzione da 38 miliardi di euro. Da chiarire l'identità dei due giapponesi indagati e i loro rapporti con la Banca centrale di Tokyo.
Il giallo del maxisequestro da 134,5 miliardi di dollari di buoni del Tesoro americani alla frontiera tra Italia e Svizzera ora rischia di diventare un caso diplomatico.
Le fait est que la seule chose dont on est sûrs pour le moment, c'est que les deux suspects sont bien japonais, l'un de la préfecture de Kanaga, au centre du Japon, et l'autre de la préfecture de Fukuoka, à l'ouest du pays. Mais il y a plus encore.Car de deux choses l'une :
Selon des sources confidentielles, l'un des deux, Tuneo Yamauchi, serait le beau-frère de Toshiro Muto, ancien vice-gouverneur de la Banque du Japon. Un détail loin d'être négligeable dans l'actuel bras de fer entre les autorités italiennes, japonaises, et la Fed. Car si la Guardia di Finanza avait estimé dès le départ que les titres étaient contrefaits, les deux hommes auraient dû être arrêtés et non pas remis en liberté sans commentaires.
Fatto sta, che l'unica cosa finora accertata è che i due fermati sono realmente giapponesi e provenienti uno dalla prefettura di Kanaga nel Giappone centrale e l'altro dalla prefettura di Fukuoka nel Giappone occidentale. Non solo.
Uno dei due fermati Tuneo Yamauchi, secondo fonti riservate sarebbe il cognato dell'ex vice governatore della Banca del Giappone Toshiro Muto. Un dettaglio non da poco nel possibile braccio di ferro tra le autorità italiane, quella giapponese e la Fed. Sì, perché se la Guardia di finanza avesse ritenuto che i titoli erano contraffatti avrebbe dovuto arrestare i due giapponesi che invece sono stati rilasciati senza rilasciare nessun tipo di commento.
- Soit les bons sont faux, et les porteurs auraient dû être arrêtés ;
- Soit ils sont vrais, ce qui expliquerait leur remise en liberté, mais pas le fait qu'aucune amende n'ait été dressée... à moins qu'ils n'aient été relâchés sur disposition du gouvernement italien pour des questions d'intérêt national...
Qu'en pensez-vous ?
Jean-Marie Le Ray
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