Un déjeuner rapidement expédié
sur les marches du Louvre en plein soleil (enfin!) et me voilà, avec une des mes accolytes "Zinkeuses", au musée des Arts Décoratifs pour voir
la rétrospective consacrée à Madeleine Vionnet. Les soldes chez Zara ou Kookai attendront demain, place à la Haute-Couture!
Loin d'être une bloggeuse "très" mode, je suis impatiente de découvrir prochainement les avis pétillants de Bulles et d'Isa Jones à ce sujet...En attendant, je découvre émerveillée l'univers de Madeleine Vionnet. Petit tour d'horizon.
Son nom, je l'avoue, ne me disait rien jusqu'à cet après-midi, jusqu'à la découverte de son étonnant parcours, celui d'une des plus grandes artistes de la haute-couture française, celle
qui habillera avec modernité et élégance les femmes de l'entre-deux-guerres et qui les affranchira du corset!
Je découvre une femme de caractère, une avant-gardiste éprise de liberté. Comment peut-il en être autrement?
En 1896, elle quitte mari et enfant pour se lancer dans la grande aventure londonnienne, apprendre l'anglais et rentrer dans la maison de couture de Kathy Reilly. Un choix particulièrement
audacieux à l'époque ! Puis, de retour en France, après quelques années passées à expérimenter le métier dans deux maisons prestigieuses, Callot et Jacques Doucet, elle fonde la maison
Vionnet en 1912. La grande aventure peut commencer.
Qu'est-ce qui la caractérise?
Elle puise dans les règles esthétiques de l'Antiquité, une partie de son inspiration pour harmoniser une silhouette et la féminiser à souhait...Tout est question de proportions, d'équilibre,
de mouvement...
J'apprends que c'est elle qui met en place des modèles en bois pour prendre plus de distance avec le corps, pour mieux s'en rapprocher, mais aussi mieux appréhender la coupe et la matière à part
entière.
Sous ses doigts et ses croquis, toutes les formes géométriques, sont entaillées, pliées, plissées. Elle s'amuse à tailler les robes en
biais. Elle joue avec la soie, la mousseline et voue une prédilection toute particulière au crêpe, ce tissu sec légèrement élastique et naturellement souple. Au niveau des couleurs, le noir,
l'écru, le corail, le bleu encre ou le violine sont mis en valeur....Et on se met à rêver de porter ces robes du soir qui ne feraient aucune fausse note pour une montée des marches à Cannes!
A vous de juger avec un petit aperçu de quelques photos prises sur le vif,
ou encore mieux, le diaporama sur le site du Musée des Arts Déco...!
La centaine de robes présentées par les Arts Déco semblent passer le temps sans prendre une ride. Surtout les robes présentées de 1936 à 1938 époustouflantes de féminité, de légereté et de
modernité.
Ce qu'il y a d'incroyable, c'est qu'elle a suscité l'adhésion de tous, le public et les critiques. Les journalistes voient en elle "une artiste de la mode comme Picasso l'était en peinture". Et
pourtant, elle ne s'éloigne jamais de ses "clientes" et garde une grande lucidité sur son métier : "On n'est pas couturier dans l'abstrait pour suivre son inclination et créer des oeuvres
rejetées du public". Elle a tout compris.
A la fin de sa vie, elle dira sereinement : "Je suis contente de ce que j'ai fait, je me suis complètement réalisée".
C'est certain. Et bien au delà. Toute une génération de stylistes, de créateurs et de femmes la remercient pour son magnifique héritage qui perdure encore aujourd'hui. Tous les plus grands ont
été influencés par elle comme Yohi Yamamoto ou Vivienne Westwood.
Madeleine Vionnet est plus que jamais d'actualité. En tant que femme et artiste.
L'exposition commence aujourd'hui, mercredi 24 juin au musée des Arts Décoratifs. Toutes les d'informations
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