Éditeur : Phébus/Libretto
1ère édition : 1844
Nb de pages : 412
Lu : juin 2009
Ma note:
Résumé :
Dans les années 1840, tout Londres ne bruit que des frasques du marquis de Rio-Santo. dandy insolent dont la richesse paraît sans limite, qui subjugue l’aristocratie… et règne en même temps sur les bas-fonds de la capitale ! Car en dépit de son nom, Rio-Santo est irlandais, et à la tête d’une association de malfaiteurs baptisée Les Gentilshommes de la nuit, il prépare en secret une révolution destinée à libérer l’Irlande. Complots, poursuites, assassinats, nous voici entraînés à un rythme d’enfer de rebondissements en rebondissements, égarés d’une fausse piste à une autre dans ce roman noir moderne écrit en 1844 – deux ans avant Le Comte de Monte Cristo – sous le pseudonyme de Francis Trolopp, pour concurrencer Les Mystères de Paris d’Eugène Sue. Mais ces Mystères de Londres, étonnante plongée dans l’ombre des sociétés secrètes, vision hallucinée où se mêlent la réalité sociale à la Dickens et le mystère à la Wilkie Collins, ouvriront à leur auteur les portes du succès.
Mon avis :
Mon premier Paul Féval. J’ai vu et revu le Bossu mais jamais lu. Je démarre donc avec l’équivalent des Mystères de Paris, d’Eugène Sue (jamais lu non plus !). Paul Féval commença la rédaction des Mystères de Londres en 1843 (en réalité une réécriture lointaine des Mysteries of London de Reynolds) pour concurrencer le succès de Sue, roman feuilletonnesque à caractère social.
Féval opte clairement pour le roman d’aventures et d’intrigues. Celle-ci couvre toutes les classes sociales, des bas-fonds à l’aristocratie. Dès le départ le récit nous aspire dans plusieurs mystères imbriqués, les personnages sont nombreux, les liens entres eux souvent complexes et pas toujours directs. Autant le dire, ça sent un peu la confusion. Ajoutons à cela une rapidité dans la succession des événements, des malentendus et des quiproquos et on a l’impression soudaine de se trouver dans un vaudeville. Les portes qui claquent, les personnages qui se dissimulent derrière une porte, un rideau, la jeune fille en pâmoison, le jeune premier plein de verve et de culot, tout y est et même plus !
La galerie de personnages est vraiment impressionnante et là je vais faire la midinette que je ne suis pas (j’assume entièrement cet écart de conduite) mais j’adore la marquis de Rio-Santo ! Ah quel homme !
Bien des mystères l’entourent, lui et son « œuvre» . Les personnages gravitant autour sont tous aussi intéressants, même si leur profusion ne permet pas de les approfondir autant qu’il aurait été possible. Plusieurs histoires sans rapport apparent sont développées en parallèle. On navigue entre les noires ruelles londoniennes et le faste de la noblesse anglaise. Toutefois, nous ne sommes ni chez Zola ni chez Balzac, et ces deux univers ne sont donc pas approfondis comme ils auraient pu l’être chez les deux sus-nommés qui en avaient fait leur spécialité.
Malgré tout la sauce prend à merveille, on s’y croirait !
L’intrigue est assez alambiquée pour être captivante. J’avoue que les aspects vaudevillesques ne gâchent pas la tension dramatique, c’est finalement assez bien dosé, même si au départ on se fait un peu peur avec toute cette agitation.
On en apprend progressivement un peu plus sur les différents personnages et leurs motivations. Rio-Santo, homme multiple qui en sait long mais donc le projet serait totalement obscur si la quatrième de couverture n’en disait pas autant, est un individu déterminé, passionné, qui n’a qu’un but et qui utilise tous les outils possibles pour parvenir à ses fins.
Ce roman est hautement jouissif si on aime l’aventure, les personnages pittoresques, le mystère et les amours contrariées (oui, ça aussi on y a droit !)
J’avais justement envie de lire ce genre de roman en ce moment, et quelle joie !
Malgré tout, j’ai quelques toutes petites réserves, de rien du tout, mais quand même.
J’ai trouvé le dénouement un poil rapide, voire facile. Les clés nous sont données progressivement, le lecteur comprend bien avant les personnages, si bien qu’il ne reste plus beaucoup de questions, si ce n’est pour les personnages aux-mêmes.
Néanmoins, malgré quelques facilités, de nouveaux mystères achèvent le roman :
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Les dernières lignes du livre sèment un doute, parce que finalement, le lecteur aussi a envie d’y croire…