Danger à long terme
Désinfecter, laver les vitres, détacher la moquette : l'hygiène à outrance n'a pas que du bon. Des scientifiques britanniques viennent de démontrer que les futures mères utilisant trop souvent des produits nettoyants exposent leur enfant à des problèmes respiratoires, et pas seulement quand ils sont petits.
On savait déjà que le personnel chargé du ménage chez les particuliers ou dans les bureaux était plus exposé au risque d'asthme, à cause des détergents utilisés. Il est désormais démontré que les femmes enceintes ayant la main lourde sur les nettoyants ménagers en fin de grossesse et après l'accouchement exposent leurs enfants à des complications pulmonaires, et ce jusqu'à plusieurs années après la naissance. C'est la conclusion d'une étude publiée dans le numéro de mars du « Journal européen de pneumologie ».
Des scientifiques britanniques se sont penchés sur la question, en demandant à 14 541 femmes enceintes quels nettoyants ménagers elles utilisaient, et à quelle fréquence. Ils ont ensuite cherché à savoir si, une fois nés, les petits avaient souffert de sifflements respiratoires, à partir de quel âge et pendant combien de temps. Enfin, à 7 ans et demi, les enfants ont été soumis à un test d'allergie ; un an plus tard, leurs fonctions respiratoires ont été mesurées.
Résultat : l'usage fréquent de produits de nettoyage a non seulement un impact sur les poumons des enfants, mais il a des répercussions bien au-delà de la petite enfance. Leurs fonctions respiratoires sont encore affectées à l'âge de 8 ans. Et ceux qui n'ont pas de terrain allergique ou d'allergies avérées ne sont pas épargnés. Ce dernier constat prouverait que le lien entre sifflements respiratoires et produits d'entretien découle bien de la composition de ces derniers, et non de l'excès d'hygiène en lui-même, souvent incriminé.
L'étude ne dit cependant pas si les détergents agissent in utero, ou si leurs effets irritants interviennent après la naissance. Les produits les plus dangereux ne sont pas cités non plus. Les mécanismes de leur action sur l'organisme feront l'objet d'autres recherches.
Lors d'un essai comparatif effectué en 2004, sur les 18 nettoyants ménagers testés par l'UFC-Que Choisir, 10 polluaient l'air intérieur en relarguant des substances chimiques peu recommandables pour la santé.
Anne-Sophie Stamane de QC