TINA et le dôme de tapioca

Publié le 26 septembre 2007 par Frednetick

TINA ce n’est pas un nom. Ce n’est même finalement pas l’acronyme que tout le monde veut bien s’accorder à utiliser. Non TINA c’est le renoncement et le bourrage de mou. TINA c’est la victoire de ceux qui ont le pouvoir sur ceux qui n’ont que du tapioca dans la tête.
Vous me direz au moins ils ne risquent pas la rupture d’anévrisme ou l’hématome sous dural. Pas faux, bien que l’on sous-estime grandement les risques liés à la présence de grumeaux…

TINA c’est there is no alternative, il n’y a pas d’autres voies possibles.

On le concèdera facilement, celui qui ose dans quelque domaine que ce soit avancer qu’il n’y a pas d’autre alternative est quelqu’un de très présomptueux. Ou de très très con. L’un étant généralement complémentaire de l’autre, voir consubstenciel. Car affirmer qu’il n’existe aucune autre voie revient à s’ériger en dieu, si l’on veut bien admettre que ce doux personnage buccolique avec les fleurs dans les cheveux et les tongs au pieds existe.

TINA c’est le gimick utilisé par ceux qui veulent tuer dans l’oeuf tout début de commencement de réflexion. Car à quoi bon essayer de réflechir quand la voie est toute tracée? Perte de temps inutile qui fait immanquablement baisser la productivité fût-elle intellectuelle et dangereuse tendance rebelle qu’il appartient de mater très rapidement et très violemment.1

L’utilisateur lambda est pourtant confronté au caractère soupçonneux de l’homme de la rue. Non qu’il soit véritablement sourcilleux sur la réalité mais il faut y mettre la forme et les formes. C’est confronté à ce petit obstacle que le véritable leader va se révéler. Comme les All Blacks contre l’Ecosse, il va pillonner, pillonner et pillonner encore jusqu’à rendre parfaitement compréhensible et prévisible le mouvement d’après: on va pillonner.

Vous pouvez débrancher votre cerveau, de toute façon le conditionnement professionnel qui est le votre vous permettra de faire face à vos menues obligations, si tant est que vous en ayez.

La répétition donc. Mais là où réside le véritable génie, où se love l’incommensurable talent, où s’exprime la virvoltante virtuosité intellectuelle, c’est d’arriver à renverser la logique des choses. De violente et artificielle  justification d’un système, la répétition devient un signe de la réalité de la chose. Si tout le monde le dit c’est que c’est vrai, CQDF. Quand bien même cette répétition aurait été orchestrée pour couvrir toute dissonnance. Le copperfield intellectuel dans ses plus beaux effets de manche.

Mais le génie ne saurait s’arrêter en si bon chemin, ce serait bien trop facile. Et ayant goûté aux joies du succès, se laissant griser par le son de sa propre voix, le manipulateur pare son habit de mensonges des paillettes de la science. Economique de préférence. Cousue du fil blanc de l’évidence l’hypothèse devient dogme, ce n’est pas banal.

Tout comme il n’est pas banal d’appeller à la rescousse une science dont l’essence même est d’intégrer la possibilité d’être démentie. Le scientifique pose une hypothèse qu’il confronte à la réalité, aux observations qu’il peut mener avec l’objectivité la plus ingénue. Si d’aventure celle-ci ne colle pas, il faut se résoudre à reformuler une hypothèse.

Enfin ça c’est dans une démarche véritablement scientifique. Pourtant, après avoir sommé la science de venir le ceindre de la couronne de la vérité vraie, le manipulateur va encore une fois agir de façon bien différente de ce que l’on pourrait légitimement attendre d’un esprit sain.

Puisque la réalité ne colle pas avec la théorie, c’est forcément que des éléments extérieurs faussent honteusement les mesures, rendant stérile la théorie avancée. Pas bête.

Vous l’aurez compris, le manipulateur de cerveaux de tapioca ne recule devant aucune bassesse habileté pour faire avancer son schmilimblick. Il utilise donc à merveille les travers de la société de communication dans laquelle il évolue. En bouclant les médias, en jouant le jeu du format rapide et choc, il désamorce habillement toute tentative de réponse intelligente, la rendant parfaitement inintelligible. Le tour de force ne serait pas complet s’il ne gratifiait pas ses détracteurs d’une pointe de condescendance Christo-Royalesque “pardonnez leur car ils ne savent pas ce qu’ils disent”.

Seulement voilà, en organisant sciemment et méthodiquement sa propre messe médiatico-financière, autour d’une lithurgie fort bien huilée, il commence, lentement mais sûrement à attirer l’attention.

Tout est trop concordant, trop bien agencé, trop justifié pour être véritablement honnête. Sous le vernis de l’inébranlable vérité pointe petit à petit le doute intellectuel, la méfiance citoyenne et finalement la défiance populaire. Tout serait parfaitement agencée sauf la vie elle même?

Si le public aime à ne pas se soucier des grandes questions de ce monde il répugne pourtant à être prit pour un jambon, mélange assez étonnant de grand con et de gentil benêt. La loutre aime bien tremper dans l’eau mais elle n’aime pas qu’on la coule, c’est pas drôle.

Comment réagir? Notre businessman doit-il se laisser faire, plier avant de rompre sous le poids de la vindicte populaire?

Que nenni évidemment!! Vous l’aurez deviné il va se battre. Il va se battre en cassant à chaque fois que cela se présente tout début d’organisation collective, faisant sienne la vieille rengaine populiste qui veut qu’il faille diviser pour mieux régner. Dans tous les domaines, sociaux, économiques, culturels ou religieux, il met en place une logique de fonctionnement individuel sans manquer d’asséner toujours et encore les mêmes litanies.

Vous les avez pourtant déjà entendues ces petites phrases sans que cela ne fasse tilt, si si..

Le capital est trop liquide pour être taxé
Les riches en créant de la valeur vont faire ruisseler la croissance vers les plus pauvres
Il ne faut pas entraver les entreprises qui sont celles par qui le bonheur économqiue arrive
Les assurances personnelles c’est mieux
L’équité c’est plus juste que l’égalité
La mondialisation capitalistique qui se nourrit de libéralisme déviant pour phagocyter les sociétés?

Mon bon monsieur, There is no alternative

  1. pour l’exemple s’entend, rien de personnel [Retour]