En effet, une télévision bolivienne a, il y a quelques jours de cela, publié des photos comme étant celles prises par un des passagers du vol 447 d’Air France Rio - Paris et révélant de fait quel avait été la nature de l’avarie qui avait entrainé la perte de l’appareil. Images qui au demeurant étaient extraites de la série télévisée américaine “Lost“…
Information diffusée par une télévision bolivienne puis reprise rapidement par une chaîne de télévision polonaise, TVN24 mais également par une radio hollandaise. C’est grâce à des internautes mais également au quotidien bolivien Los Tempos que la lumière a été faite sur cette affaire.
Ce problème pose immédiatement trois questions. Une première, interne à cette télévision bolivienne relative au circuit de vérification des informations très peu efficace et du laxisme extrême qui règne dans cette chaîne quant aux informations diffusées.
Second soucis mis en images une fois encore, la course effrénée que les entreprises de média et d’information se livrent dans l’apport le plus rapide d’une information qualifiée de scoop ! Car qu’il s’agisse de la télévision polonaise ou bien de la radio hollandaise, celles-ci n’ont été animé à cet instant d’aucune rigueur journalistique qui se serait manifestée par un recoupage des sources. Non, ici il fallait simplement être le relayeur plutôt que l’enquêteur car du fait de la vitesse inimaginable de l’information, la relayer, c’est profiter de l’exposition qu’elle engendre, enquêter, c’est au contraire restreindre son auditoire à une infime portion passionnée pour une actualité qui n’est plus sur le devant de la scène.
Troisième réflexion qui me vient directement à l’esprit, le rapport que le public possède désormais avec les séries. Une série télévisée est par essence une œuvre de fiction, ce qui doit la détacher pour une certaine part d’un rapprochement trop évident à notre quotidien. Mais dans le cas des séries qui déferlent sur nos écrans, nous sommes arrivés depuis quelques années à un modèle, qui tend à promouvoir le héros ordinaire qui agit dans un quotidien somme toute classique, en tous cas vraisemblable.
Et voici la limite face à laquelle ce problème nous confronte, la vraisemblance d’une fiction vis à vis d’un univers réel, à tel point que l’on puisse prendre la place de l’un pour l’autre sans toutefois heurter les citoyens (au départ). Les séries ont changé, elles sont passées d’univers fantasmés, voir fantasmagoriques vers un ancrage réaliste qui opacifie la limite à établir entre fiction et réalité.
Face à cette limite ténue entre les deux univers et confronté à cette impératif d’immédiateté journalistique, il semblerait que certains titres de presse veilleraient à réhabiliter l’investigation à une hauteur digne de sa valeur et de son intérêt vital.