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Week-end Vinexp'Off (2) : les liquoreux du monde

Par Eric Bernardin

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Comme je l'expliquais dans mon billet précédent, je participe au salon des "liquoreux du Monde" qui a lieu tous les deux ans au Château la Tour Blanche.  Arrivés à la dernière minute à notre stand de Tirecul la Gravière après un repas à Langon, Bruno Bilancini (mon patron) et votre serviteur sommes fin prêts à faire déguster nos vins.

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Avec Bruno, nous adoptons une stratégie implacable pour profiter au mieux du salon. Pendant qu’il tient le stand avec tout le professionnalisme qui est le sien, je parcours les allées du salon avec deux verres à la recherche de la perle rare. Et je les ramène pleins (pas à ras-bord, hein) à notre stand, et nous les dégustons ensemble. Histoire de pimenter la chose, je ne lui dis pas ce qu’il est en train de boire, ce qui permet d’avoir des commentaires les plus objectifs possibles. Quand il aime, il le dit. Quand il aime moins, il ne le cache pas. Dans les deux cas, c'est très argumenté. Je ne vous dirai pas ce qu’il n’a pas trop apprécié. Il se ferait des ennemis ;o)

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Au fil de mes pérégrinations ou sur notre stand, je rencontre des têtes connues, que ce soit des producteurs (Philippe Delesvaux, Thierry Bos), des professionnels (Jean Marc Imberdis, Antoon Laurent), ou des amateurs (Julien, Laurent, Vincent(s), Axel et les autres). Des moments de retrouvailles brefs car le temps est compté pour chacun.

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Bruno à notre stand

Quatre heures, ça passe vite, d’autant que tous les stands valent le détour. Je n’ai pas eu vraiment de révélations au salon. S’il en était besoin, j’ai eu la confirmation de la grandeur des grains nobles de Zind-Humbrecht. La surprise vient du fait que j’ai préféré cette fois le Riesling 2006 du Brand au Pinot Gris du Clos Jebsal. La Quintessence 2005 de Cauhapé m’a également épaté par sa fraîcheur et sa pureté. Evidemment, j’ai aussi beaucoup aimé Kracher, mais plutôt moins qu’il y a deux ans. Son Scheurebe n°4 m’avait alors émerveillé. Il était remplacé par le Scheurebe n°11, simplement superbe … mais pas sublime ! Dans les vins que j’ai bien aimé aussi : l’Amigne flétrie de Fabienne Cottagnoud, le Renaissance 96 de Rotier, le vin de paille Jeanne Elise 2001 de Gaillard, les vins du Dr Loosen,  l’Essenzia d’Oremus (Tokaji), le Vidal d’Iniskillin, même si je l’ai trouvé un peu trop marqué par des notes de pomme (on aurait cru du cidre de glace).

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« Bon, il aime tout » commencez-vous à vous dire. Eh bien non. Je n’ai pas été emballé plus que ça par la Renaissance 06 de Rotier (trop jeune, je pense), la Vendange Tardive 05 de Gaillard (un peu lourde), les millésimes 04 et 06 de Delesvaux (fins, élégants, mais en dessous de ce que je connaissais du producteur en 03, 98 et 97), les millésimes 05 et 07 de Bouillerot (bons, mais pas renversants). Ceci dit, tous les vins de ces producteurs sont un cran au dessus … d’Yquem 2005 ! Mon obstination à le goûter a été pourtant à la hauteur du mythe. C’est le  premier vin que je déguste, suivant le précepte « à tout seigneur, tout honneur ». Je mets le nez sur le verre : y a comme un défaut (goût de bouchon), pas super évident, mais tout de même. Je le dis à la personne qui nous sert. Qui sent, goûte, pâlit … et ramène une autre bouteille. Ouf, c’est mieux. La couleur est or pâle. Le nez, pas très expressif, est dominé pour l’heure par l’élevage. La bouche est ample, ronde, avec un côté glycériné mais manque particulièrement de caractère et de complexité (on cherche sans trouver les notes de « rôti »). Banale. La finale l’est tout autant et l’on oublie vite ce vin... Ne voulant pas rester sur un échec, je me décide à le redéguster quatre heures plus tard en fin de salon, suivant un second précepte « les premiers seront les derniers ». Pas mieux. Pour le moins inintéressant et décevant. Les défenseurs du mythe argueront qu’il est beaucoup trop jeune pour être apprécié. Il faut attendre une trentaine d’années pour commencer à percevoir le génie de ce vin. M’est avis que même dans 30 ans, les « Zind » que j’ai bu ce jour seront toujours supérieurs  à Yquem. Mais bon, je n’ai pas l’expertise des grands critiques qui se pâment devant. Un jour, peut-être, je comprendrai. Pour sa défense, il y avait d’autres vins qui étaient tout de même en dessous d’Yquem, mais pour le coup, je préfère ne pas les nommer. Je ne voudrais pas être attaqué pour diffamation, même si les experts – indépendants, il va de soi – me donneraient certainement raison au cours du procès. Il faudrait tout de même avancer les frais de l’avocat, subir une garde à vue… Merci bien !

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Il y avait un pot d’offert aux exposants à la fin de la manifestation, mais je n’y suis pas allé. Christian, mon « logeur bordelais », m’attendait dehors pour repartir ensemble chez lui pour une longue soirée. Mais c’est une autre histoire (à suivre...)

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