Mardi 12 mai 2009. Le BeauLounge, 35 rue de Poitou 75003.
Et donc ce soir, me voici, 31 ans, célibatante mais fragile, revendiquante de ma féminité, assise seule, devant mon verre de Portillo Malbec au bar du Beau Lounge, frémissant au moindre regard qui passe.
Est-ce qu'on me regarde?
J'espère bien qu'on me regarde. Il n'y a rien que je déteste plus que de passer inaperçue. Surtout dans un bar branché cosy comme celui-ci, surtout le soir, surtout seule, surtout devant un verre de vin (rouge).
Pour l'occasion je n'vais pas dire que j'ai mis n'importe quelle fringue qui passait ce matin, avant d'aller travailler… Je ne fais jamais ça de toutes façons.
Tous les matins, je passe beaucoup de temps devant mon mur de vêtements (j'ai un assez grand mur pour pouvoir y mettre tous mes vêtements). D'abord scruter mon humeur du jour, déterminer la couleur de mon humeur du jour, ensuite jeter un oeil à l'humeur du temps qu'il fait dehors, puis tenter d'accorder au mieux l'humeur du temps avec l'humeur du jour.
C'est généralement là que je médite sur l'état de mon mur de vêtements (trop petit, pas assez varié en couleurs…) Puis donc je médite (très rapidement) sur mes finances. Et enfin je finis souvent par décider de ne pas m'acheter plus d'UN article à mon magasin favori le soir même. Ce coup-ci je vais attendre demain, il y a le marché aux vêtements à Saint-Eustache, j'y ai vu une robe, une tunique et un sweat (oui je sais ça fait trois) qui cherchent justement un joli mur où se nicher.
Accorder les couleurs aux humeurs! C'est essentiel. Aujourd'hui, je suis pourpre. Les épaules dénudées, le t-shirt-à-manches-qui-tombent et ne sert qu'à donner envie d'en savoir plus sur la texture de ma peau, le hâle de mon dos, la taille de mon bonnet (pas de bain). Tout de même mon petit débardeur chair (pas cher) pour cacher ces seins "que je ne saurais voir" tout en avançant un décolleté que je trouve très appétissant. Oh j'vais avoir mes règles c'est sûr.
Hmm ce vin est fort. Il est corsé. Est-ce que c'est ça qu'on appelle tanné?
J'aime ce qui est corsé. Un bon vin fort, qu'on a du mal à lâcher, mais dont on ne peut boire plus d'une gorgée à la fois sous peine de chavirer. Evidemment, le rapport aux hommes (au sexe mais pas seulement) est flagrant. J'aime les hommes avec qui ça se corse. J'aime les hommes aux bras forts (bronzés d'avoir roulé en 4x4 dans la savane). J'aime les hommes qui m'attrapent pour ne pas me lâcher. J'aime ne pas pouvoir les lâcher non plus mais je ne supporte pas de m'y attacher au point de vider la bouteille : celle du désir, celle du manque, celle du mystère ou de l'admiration.
Ils sont trop faciles à conquérir, les hommes. Et vraiment trop difficiles à tenir. J'y arrive pas. C'est peut-être pour ça que j'aime l'idée de changer de vin à chaque fois. Je ne risque pas de me lasser, mais surtout je ne risque pas de m'attacher non plus. La perte, le sentiment d'erreur, de faux pas, n'est-ce pas la raison pour laquelle beaucoup d'entre nous restent en couple? Ou seules.
S'ennuyer c'est ennuyeux quand on est à deux. Mais ce n'est pas si grave. C'est plus grave de s'ennuyer toute seule finalement. Parce qu'on n'a personne à qui se plaindre, personne à blâmer et personne non plus à qui s'accrocher la nuit dans son lit. Parce que ça rassure, hein, (même) un(e) abruti(e), du moment qu'on n'est pas seul à bord.
Mais bon. Moi je veux l'homme de mes rêves! C'est comme de chercher un bon vin : Faut pas hésiter à en goûter plusieurs pour trouver l'meilleur...
A la semaine prochaine pour une nouvelle incursion dans ma vie de Femme!!!
Il est 13h et vous allez enfin découvrir la fascinante vie de Deborah et ses questions existentielles sur le vin et les hommes...
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, vous allez l'adorer!!!