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Gloire et honneur à Lionel Stoleru, en avance sur le parti socialiste

Publié le 23 juin 2009 par Edgar @edgarpoe
Certes, l'inventeur de la prime au retour n'est pas un homme de gauche, quoique ayant frayé avec le PS dans de grands émois d'ouverture.

Il publie régulièrement des papiers intéressants dans le domaine économique. Son dernier article, dans le Monde, n'a pas reçu l'écho qu'il méritait.

On y lit par exemple ceci :

les usines qui ferment tous les jours en France, en Europe et aux Etats-Unis ne sont en général pas victimes des subprimes, elles sont victimes des succès de la concurrence chinoise et indienne. Depuis son entrée dans l'OMC il y a moins de dix ans, l'Asie conquiert les marchés pour le plus grand bonheur des consommateurs et pour le plus grand malheur des travailleurs occidentaux.

Ou encore :

dans les cinq dernières années, la consommation des ménages a augmenté en France de 20 %, alors que la production n'a augmenté que de 6 % : ce sont les importations qui ont augmenté de 61 %. Les exportations chinoises mondiales ont triplé de 2004 à 2008, et leurs réserves de change sont les premières du monde, mettant les Etats-Unis à la merci de leur bonne volonté d'acheter leurs bons du Trésor. L'Inde est le numéro un mondial des médicaments génériques, domine une partie du marché mondial de l'informatique et des centres d'appels, la Chine détient 60 % du marché mondial des jouets, livre à Rungis des roses moins cher que celles d'Amsterdam, imprime les guides touristiques du Périgord en français, fabrique en vingt-quatre heures les prothèses dentaires commandées en PAO par nos dentistes, est numéro deux mondial de la production automobile, etc.

Le diagnostic est très clair, et, tout en rejetant le "protectionnisme", Stoleru questionne sérieusement le libre-échange.

Pour remettre un peu d'ordre dans cette concurrence déloyale entre nations, l'auteur suggère d'éviter les usines à gaz que recouvre généralement le terme de protectionnisme, pour préférer une solution simple : la régulation des taux de change.

C'est en effet la première arme commerciale entre les nations, plus mortelle pour nos emplois que bien d'autres.

Je me désole que le Parti Socialiste soit, là encore, à la remorque d'un secrétaire d'état autrefois giscardien, et tarde à réaliser que nos usines ne ferment pas par obsolescence naturelle.

Là où je me sépare nettement de Stoleru, c'est qu'il en appelle à une concertation entre la Chine, les Etats-Unis, l'Europe et l'Inde pour réguler les changes.

S'imaginer que l'Europe puisse jouer un quelconque rôle, distinct notamment des positions américaines (relire Almunia défendre le rôle de monnaie de réserve du dollar comme un larbin stipendié), est du plus haut comique. D'ailleurs l'article n'est pas dénué d'un autre aspect surréaliste (peut-être à lire au deuxième degré), lorsqu'il évoque la "lucidité" de Nicolas Sarkozy (c'était une semaine avant le remaniement)...

Bref, je retire de la lecture de cet article que mon idée de taxe de libre échange serait un grand pas pour nos usines, et pour nos emplois.



 

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