Un article paru sur The Guardian de John Dugdale revient sur la longue histoire d’auteurs qui se sont impliqués dans des histoires juridiques et notamment sur Voltaire et Zola.
En octobre 1761, Marc-Antoine Calas, le fils d’un marchand de tissu Protestant à Toulouse, a été trouvé mort dans le magasin de son père peu de temps après avoir dîner avec sa famille. Le père, Jean Calas, a au début prétendu que le corps était allongé sur le sol, avant d’admettre qu’il avait trouvé Marc-Antoine pendu à une corde. Il a été inculpé pour le meurtre, mais a continué de clamer son innocence malgré la torture. On l’a fait défiler dans les rues et on l’a étranglé publiquement le jour suivant le verdict qui le déclarait coupable.
Le soit disant motif était la crainte que Marc-Antoine se convertirait au catholicisme pour progresser dans sa carrière. Voltaire, qui à cette époque avait eu vent de l’affaire, était convaincu que le père Calas avait été victime d’une erreur judiciaire, après avoir rencontré le frère de Marc Antoine, et sa femme veuve Anne Rose. Il fit pression auprès des alliés de la cour de Justice, écrivit une brochure pour demander une ré-examination du verdict. Cette brochure n’est autre que le Traité sur la Tolérance, publié en 1763, qui appelle à la tolérance entre les différentes religions et dénonce le fanatisme religieux.
C’est ainsi que le conseil du Roi a ordonné un nouveau procès et en mars 1765 le nom de Calas a été purifié et Anne Rose acquittée et indemnisée. C’est la première fois qu’un auteur a recherché la vérité sur une erreur judiciaire commise à un individu.
Par la suite, il y aura la célèbre affaire Dreyfus dans laquelle Zola s’impliqua. Alfred Dreyfus, un officier d’artillerie juif, a été reconnu coupable lors de deux procès en 1894 et 1896 pour avoir fait passé des secrets militaires à l’ambassade allemande. L’affaire fut basée sur des “preuves” qui s’avéreront plus tard comme étant fausses. Zola a alerté le public avec J’Accuse!, une lettre ouverte au président français Félix Faure, publiée dans le journal de Paris l’Aurore en 1898.
Dès le début de la lettre, il évoque l’innocence de Dreyfus « Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis. » Zola dut s’exiler en Angleterre pendant 11 mois, pour échapper à la prison, dans l’attente d’une révision du procès de Dreyfus. Ce ne sera qu’en 1906 que Dreyfus sera reconnu comme étant innocent et sera réhabilité dans l’armée.
Deux affaires juridiques, politiques, et sociales, qui ont impliqué deux grandes figures littéraires et déchainé les foules!