Une île solaire !

Publié le 27 septembre 2007 par Dimitri Boulze

Une île artificielle solaire de conception suisse va voir le jour dans le golfe de Ras al Khaimah aux Emirats Arabes Unis. Les Emirats Arabes Unis nous ont habitués à ces nouvelles îles artificielles pour milliardaires en mal de logements chics, comme celle en forme de palmier ou encore celle représentant la Terre... Mais, cette fois-ci, cette île sera conçue non pas pour héberger quelques richissimes personnes, mais pour produire une énergie propre.
Ce projet est une collaboration entre le CSEM (Centre Suisse d'Electronique et de Microtechnique) et le gouvernement des Emirats Arabes Unis et devrait permettre de produire de l’électricité et de l’hydrogène en utilisant l’énergie solaire.
L’énergie solaire, sujet déjà abordé plusieurs fois sur Neomansland, tend vraiment à se répandre un peu partout du fait de la baisse des coûts des panneaux solaires... Du coup, plusieurs gros projets (mais aussi plein de petits projets) voient le jour un peu partout dans le monde, même si les gros projets avec de vastes surfaces de panneaux solaires sont encore rare du fait du coût actuel des panneaux solaires.
Selon Thomas Hinderling, le directeur du CSEM, l’énergie solaire devrait devenir une source d’énergie majeure dans les 20 à 30 prochaines années et devrait même prendre la place d’énergie « leader » dans le domaine des énergies renouvelables. Selon lui « un tiers des besoins énergétiques du futur pourront être couverts par l’énergie solaire », le problème étant cependant que « pour récupérer cette quantité d’énergie, la surface de panneaux solaires nécessaire sera équivalente à 60% de la taille de la France. »   Solution

Du coup, la solution proposée par le CSEM est de construire des îles artificielles que l’on pourrait installer sur la mer ou le problème de surface est bien moindre.
Afin de diminuer les coûts d’étendues aussi vastes, on n’utilisera pas des panneaux solaires dit « classiques » mais plutôt des concentrateurs qui vont chauffer l’eau au travers de conduites. L’eau chaude est ensuite utilisée pour la production d’électricité et, compte tenu que la structure de ces îles sera flottante, l’île pourrait être orientée de façon à maximiser son ensoleillement et donc générer un maximum d’énergie.
L’autre problème est la connexion de l’île à la Terre, afin de ne pas avoir à déployer de gros réseaux de câbles sous-marins... Une solution envisageable est d’utiliser l’électricité produite pour fabriquer de l’hydrogène qui sera stocké dans la structure de l’île, pour ensuite la transporter par bateau vers la terre. Une structure flottante permet aussi de réduire les coût de construction car il n’y a aucun support à installer en pleine mer.
Il y’a quand même quelques restrictions à ce type de construction. Celle-ci, afin d’être rentable, doit se situer dans des zones où l’ensoleillement est d’environ 350 jours par an, donc dans la zones proche de l’Equateur de préférence. Dans ces zones, une île solaire pourrais produire 1 MW d'électricité en pic et en moyenne 250 KW, soit  une production d'énergie de 2,2 GWh par an.
Et c’est là que les Emirats Arabes Unis ont manifesté leur intérêt du fait de leur position géographique et de leur ensoleillement au top (on ne vous l’apprendra pas ! ;-)), et comme ils ont plein de pétro-$$ aussi (ça non plus on ne vous l’apprendra pas !), ils ont pris à leur charge une grande partie du développement de cette île avec une participation financière de 5 millions de $ dans le projet.
Cela fait maintenant 3 ans que le CSEM travaille avec les Emirats sur les énergies renouvelables et selon Hinderling « Le marché avec le plus fort potentiel pour les technologies solaire se trouve dans cette région, c’est la bas que l’on doit travailler. »
Challenges

Le plus gros challenge réside dans la construction de la structure de l’île elle-même, en effet il faut que celle-ci puisse résister face à des vents violents, une mer agitée et même des tempêtes.
Le CSEM a bien entendu déjà fait de nombreuses simulations et aucun problème majeur n’a été découvert, mais c’est le test en grandeur nature qui permettra de vérifier la solidité de l’installation.
Le premier prototype est actuellement en cours de construction aux Emirats et aura un diamètre de 100m, soit un dixième de la taille réelle envisagée, les premiers tests auront lieu sur terre, sur un canal ou l’île flottera avant le test en mer.

Une idée et un concept original dont il faudra suivre l'évolution, après est-ce aussi efficace que des sytèmes utilisant l'énergie des vagues ou des marées (comme l'Aquabuoy par exemple). On verra aussi sûrement de nouveaux métiers apparaîtres pour aller récupérer l'hydrogène produit par ces "fermes" en pleine mer : Agriculteur d'hydrogène!
A suivre donc...
++ Swissinfo