Malgré le contexte de crise omniprésent dans les esprits, l’élection du 44e président des Etats-Unis a suscité un regain d’intérêt pour la politique américaine. La personnalité de celui qui occupe désormais le Bureau Ovale a nourrit de nombreux commentaires aux Etats-Unis mais également au-delà des frontières car s’il y a eu une « Obamania », c’est bien que ce nouveau président incarne une certaine forme de modernité. Six mois après son élection, le président Obama s’est rendu le 6 juin dernier en France pour célébrer le 60e anniversaire du débarquement des forces alliées sur les plages de Normandie. Une occasion d’interroger les Français sur Barack Obama, les Etats-Unis et ce nouvel ordre international qui se dessine.
La rupture Obama, une popularité au plus haut
Jamais une compétition électorale n’aura passionnée autant de citoyens à travers le monde. En effet, en quelques mois, Barack Obama n’était plus le seul candidat d’un parti mais un espoir pour des millions de personnes dispersées sur les cinq continents. La bataille de la communication que se sont livrée les deux candidats a d’ailleurs maintenu en alerte les observateurs du monde entier. Le rôle des médias a été particulièrement important dans cette première campagne « 2.0 », et dans le cas de ce scrutin, les instituts du monde entier ont interrogé la planète toute entière comme s’ils reconnaissaient que l’élection du président de la première puissance mondiale était un sujet digne d’un intérêt commun.
En France, les sondages de TNS Sofres démontraient un souhait de victoire clairement en faveur d’Obama: 80%. Dans le même esprit, celui réalisé par Synovate pour le Reader’s Digest indiquaient que 75% des Français soutenaient Obama au mois d’octobre 2008. Ce soutien s’explique, entre autres, par une parfaite adéquation entre les préoccupations des Français (pauvreté: 42%, environnement: 21% et économie mondiale: 13%) et les capacités supposées d’Obama par rapport à McCain: respectivement 79%, 70% et 60%.
Obama a su inspirer confiance et dans le contexte actuel il bénéficie d’un soutien indéfectible dans l’hexagone: 72% des personnes interrogées pensent qu’il est la personne la plus à même pour faire face aux différents défis mondiaux des prochaines années. Si notre patriotisme pourrait se satisfaire de voir Nicolas Sarkozy apparaître en seconde position avec 12% des suffrages, Obama émerge véritablement aux yeux des Français comme l’homme providentiel, un messie longtemps espéré.
Un retour dans l’OTAN qui fait des vagues
Parallèlement à l’émergence de la stature internationale du président Obama, a eu lieu un événement historique sur le plan de la politique internationale : la décision du président Sarkozy de faire revenir la France au sein du commandement intégré de l’OTAN.
En 1966, le président De Gaulle avait en effet décidé de sortir la France du commandement intégré prétextant une mainmise trop importante de l’administration Johnson. A cette époque, les opposants au retrait de l’Alliance Atlantique étaient alors presque deux fois plus nombreux (38%) que ses partisans (22%) ce qui n’empêcha pourtant pas De Gaulle d’entériner son choix. Deux ans plus tard, l’ère De Gaulle se terminait sur un désaveu bien réel avec le rejet du référendum sur la réforme du Sénat et des Régions.
43 ans plus tard le président Sarkozy, soutenu par une majorité de Français (58%), a choisi pour la France de reprendre sa place dans cette instance. Parmi les principaux soutiens à cette décision, on retrouve les sympathisants UMP (76%) qui, malgré des divergences de points de vue concernant la conduite des affaires internationales, soutiennent la décision du président. Les plus jeunes démontrent également une volonté claire de rejoindre l’OTAN (71%) tandis que les principaux opposants se situent plus vers les extrémités de l’échiquier politique. On a pu voir que pour les Français, Obama était l’homme de la situation et son élection a sans doute joué un rôle non négligeable dans ce repositionnement stratégique au sein de l’OTAN. Le soutien des Français à cette décision s’explique également par une très bonne opinion concernant la conduite des affaires françaises à l’étranger par le président Sarkozy.: 72% selon l’Ifop en avril 2009.
Ces deux moments politique clés démontrent une nouvelle fois à quel point les dirigeants doivent écouter le peuple pour gouverner mais ils indiquent aussi la marge de manœuvre dont peuvent jouir certains présidents emblématiques comme De Gaulle… et peut-être déjà Obama). En 1966, De Gaulle s’est opposé à l’opinion publique et a imposé sa politique tandis que Sarkozy semble désireux aujourd’hui de s’inscrire aux côtés de Barack Obama…Pour mieux durer sans doute.
Une voie Obama?
Le poids des Etats-Unis dans les relations internationales depuis bientôt un siècle confère au locataire de la maison blanche un poids mais également une responsabilité souvent déterminante. Si l’histoire jugera peut-être aussi sévèrement l' »ère W » que les Français, Obama bénéficie lui toujours d’un fort soutien dans le monde occidental mais également dans des régions plus instables comme le Moyen-Orient. En effet, si l’on considère que 22% des Américains pensent que leur président Barack Hussein Obama est musulman, les 58% d’opinions favorables en Jordanie, les 53% en Arabie Saoudite et les 52% aux Emirats Arabes-Unis paraissent plus logiques. Cette relative popularité pour un Président américain est d’autant plus digne d’intérêt que sa cote de popularité est à peine plus basse dans ces pays qu’aux Etats-Unis (entre -11 et -26 points) !
En parlant au peuple comme lors de son discours du Caire, Barack Obama ce président en tous points moderne, innove et réinvente le dialogue entre les dirigeants et les populations des pays étrangers. Pris dans la plus grande période de turbulences que le monde ait connu depuis un demi siècle, le 44e président démontre chaque jour que la popularité dont il jouit doit rester un moyen et jamais une fin.