« On ne pouvait pas laisser un tel geste sans réponse. L'incrimination raciste étant très difficile à définir, j'ai choisi de poursuivre ces deux mineurs pour outrage », informe le procureur de la République du tribunal de Compiègne, Éric Boussuge.
Le 29 mai dernier, ces deux collégiens de 16 ans ont déposé trois tranches de saucisson sur le bureau d'une professeure qu'ils supposaient, d'après son nom, être de confession musulmane.
Classée sans suite dans un premier temps, cette affaire fait aujourd'hui l'objet de poursuite devant le tribunal. « Les auteurs des faits sont convoqués devant le délégué du procureur, le 1er juillet, pour une réparation pénale », détaille Éric Boussuge. Cette procédure leur vaudra un ferme rappel à la loi et une évaluation de leur situation familiale. « Une étude va être menée sur l'enfant et sa famille. Si on se rend compte d'un besoin ou d'une lacune, un suivi éducatif et social sera mis en place. » Ils pourraient également être obligés de prendre part à une journée de rappel à la citoyenneté.
Jusqu'à six mois de prison
Les deux élèves de troisième sont poursuivis pour outrage à personne chargée d'une mission de service public, avec la circonstance aggravante que ces faits se sont déroulés dans l'enceinte d'un établissement scolaire. « Ils encourent jusqu'à six mois d'emprisonnement et 7 500 € d'amende, rappelle-t-il. Même si la notion de racisme n'entre pas dans la qualification juridique, il était essentiel pour nous de donner une réponse à ces gestes ».
Le courrier Picard