Le nouveau gouvernement Fillon compte huit ministres entrants et huit sortants, a annoncé mardi le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant. Les entrants sont en majorité des fidèles de Sarkozy qui attendaient leur heure.
Les sortants :
Outre Rachida Dati (Justice) et Michel Barnier (Agriculture), élus eurodéputés le 7 juin, les sortants sont Christine Boutin (Logement), Christine Albanel (Culture), Roger Karoutchi (Relations avec le Parlement), André Santini (Fonction publique), Bernard Laporte (Sports) et Yves Jégo (Outremer).
Les confirmés :
Jean-Louis Borloo, Bernard Kouchner et Christine Lagarde ont été confirmés à leurs portefeuilles respectifs du Développement durable, des Affaires étrangères et de l’Economie.
Les entrants :
Huit autres font leur entrée au gouvernement, dont Frédéric Mitterrand (Culture) et le sénateur Michel Mercier (Espace rural et Aménagement du territoire), tous deux au rang de ministre. Sont nommés ministres délégués le patron des sénateurs UMP Henri de Raincourt (Relations avec le Parlement) et le député-maire de Nice et ancien ministre, Christian Estrosi (Industrie).
Enfin, deviennent secrétaires d’Etat le député Pierre Lellouche (Affaires européennes), l’eurodéputée Nora Berra (Aînés), le député Benoist Apparu (Logement et urbanisme) et Marie-Luce Penchard (Outremer).
Marie-Luce Penchard, conseillère technique à l’Elysée et secrétaire nationale de l’UMP chargée de l’outre-mer, remplace Yves Jégo. C’est une personnalité du sérail : elle est la fille de l’ancienne ministre et ex-présidente du conseil régional de Guadeloupe Lucette-Michaux-Chevry. Elle a été battue aux dernières élections européennes, bien que la liste UMP qu’elle conduisait soit arrivée en tête outre-mer.
Sa nomination rue Oudinot en remplacement de Jégo est une relative surprise, de nombreux observateurs pensant qu’Yves Jégo avait sauvé sa tête après avoir été en très grandes difficultés lors de la crise sociale des Antilles en début d’année. Elle travaillera aux côtés du nouveau ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités territoriales, Brice Hortefeux.
Brice Hortefeux, l’homme du président à la tête du ministère de l’Intérieur
Ce fidèle de Nicolas Sarkozy, a finalement obtenu le ministère de l’Intérieur dont il rêvait, après un passage d’environ six mois au ministère du Travail, un portefeuille qui ne semblait pas "être sa tasse de thé", selon l’expression d’un dirigeant syndical.
Restant au gouvernement après avoir été élu député européen contre toute attente (car en principe en position non éligible) il va quitter la rue de Grenelle, où il était venu à la demande du chef de l’Etat, pour la place Beauvau, proche de l’Elysée.
Une pile de gros dossiers attend MAM à la Chancellerie
La nouvelle ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, va trouver sur son bureau de la place Vendôme une pile impressionnante de dossiers et de projets de réforme laissés par Rachida Dati.
- Le "Comité de réflexion sur la rénovation des codes pénal et de procédure pénale", présidé par le haut magistrat Philippe Léger, doit rendre dans les tout prochains jours son rapport qui contient plusieurs propositions phare, comme la suppression du juge d’instruction, dont les pouvoirs d’enquête seraient confiés au procureur. Une mesure très critiquée dans le monde judiciaire qui ne conçoit pas un tel bouleversement sans indépendance du parquet.
- Un futur "code pénal des mineurs" est à l’étude, qui instaurerait notamment un "régime civil spécial" prévoyant une "retenue" pendant les interrogatoires pour les délinquants de moins de 13 ans, qui resteraient irresponsables pénalement.
- Il faudra décider du sort du projet de loi pénitentiaire, bloqué dans les navettes parlementaires depuis son vote au Sénat en mars, qui suscite une forte opposition des employés du monde carcéral comme des défenseurs des droits des détenus.
- La nouvelle ministre devra aussi réfléchir sur la suite à donner aux propositions du groupe de travail réuni autour de l’avocat d’affaires Jean-Michel Darrois qui propose une grande refonte de la profession du droit.
Benoît Apparu au Logement
Le député UMP de la Marne Benoît Apparu a été nommé secrétaire d’Etat chargé du Logement et de l’Urbanisme auprès de Jean-Louis Borloo.
Darcos : divorce avec l’Education
Xavier Darcos, nommé ministre du Travail, a lancé à la tête du ministère de l’Education nationale quantité de réformes sur fond de suppressions de postes, appliquant à la lettre le programme de Nicolas Sarkozy, mais "grillant" en moins de deux ans les atouts dont il bénéficiait au départ. Début 2009, un an et demi après sa nomination, il pouvait dire que la lettre de mission de Nicolas Sarkozy était "presque achevée".
Des réformes menées avec pugnacité selon les uns, dans la précipitation et sans concertation selon les autres, jusqu’à la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : le projet de réforme de la classe de seconde, retiré fin 2008 sous l’influence du président pour stopper, avec succès, une mobilisation lycéenne.
Déjà, au printemps 2008, c’est sur des manifestations lycéennes, contre les postes supprimés, que M. Darcos avait failli buter une première fois, désamorçant la contestation par du soutien gratuit dans les lycées difficiles.
Après le retrait de la réforme de la seconde, Nicolas Sarkozy a préféré jouer l’apaisement en confiant une mission sur le lycée au patron de Sciences-Po, Richard Descoings.
Depuis, il est apparu plus en retrait, n’annonçant pas de nouvelles grandes réformes et limitant ses sorties médiatiques.
Il est vrai que sa politique à la hussarde, dénoncée comme du "mépris" par les syndicats, a peu à peu réduit sa capacité à agir, d’autant que la droite manque de relais dans le milieu enseignant, chez les parents d’élèves et les lycéens. Dans les universités, la réforme de la formation des enseignants a été l’un des deux motifs du long mouvement universitaire de 2009.
Rama Yade aux Sports, exit les droits de l’Homme
Rama Yade a été nommée secrétaire d’Etat chargée des Sports, et son ancien portefeuille des droits de l’Homme ne figure plus dans la liste du nouveau gouvernement.
MAM à la Justice
L’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) jugera la nouvelle garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, aux actes, mais sera particulièrement attentive au "respect de l’indépendance de la justice", a indiqué à l’AFP son président Christophe Régnard.
"On ne peut qu’attendre une ministre qui aura davantage de considération pour les magistrats que Rachida Dati", a-t-il affirmé, disant avoir déjà eu "une vraie conversation technique" avec MAM lors des débats autour du fichier contesté Edvige.
Christophe Régnard a toutefois ironisé sur le nouvelle appellation du portefeuille de MAM, nommée "ministre de la justice", mais aussi "des libertés" : "quand on est obligé de mettre des mots sur des évidences, c’est que ces évidences sont en danger", a lancé le président de l’USM.
Bruno Le Maire de l’Europe à l’Agriculture
Secrétaire d’Etat sortant aux Affaires européennes, a été nommé mardi ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche. Le député UMP Pierre Lellouche, représentant spécial de la France pour l’Afghanistan et le Pakistan, lui succède aux Affaires européennes. L’eurodéputée Nora Berra a été nommée secrétaire d’Etat "chargée des aînés" auprès du ministre du Travail et des Relations sociales.
Christian Estrosi, fidèle récompensé
Le maire de Nice Christian Estrosi, a été nommé ministre en charge de l’Industrie.
Un Mitterrand de droite
Frédéric Mitterrand a été nommé nouveau ministre de la Culture et de la Communication, succédant à Christine Albanel, dans le cadre du remaniement gouvernemental, a confirmé le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant.
L’actuel directeur de la Villa Médicis et neveu de l’ancien président socialiste François Mitterrand a annoncé lui-même depuis Rome mardi matin qu’il allait quitter la Villa Médicis qu’il dirigeait depuis un an pour succéder à Christine Albanel, rue de Valois.
Homme de télévision et de lettres, il s’était éloigné de la gauche depuis 1995 pour appeler à voter Chirac, mais son patronyme incarne une gauche historique. Il s’est réjoui de cette "tâche exaltante" qu’il considère comme "un honneur".
Enfin Henri de Raincourt, président du groupe UMP au Sénat Henri de Raincourt a été nommé ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement. Il remplace à ce poste Roger Karoutchi.