Concert mardi 25 septembre dernier au Théâtre des Champs-Elysées. Le pianiste François Chaplin se produit au bénéfice de l'Association Alice en ré, et de la Chaîne de l'Espoir.
Le programme assez dense regroupait aussi bien des passages d'Estampes (dont la superbe "Pagodes" que j'avais évoquée dans la note du 9 juillet 2007 - catégorie morceaux choisis), la Soirée dans Grenade et les Jardins sous la pluie, que des mazurkas, études, passages de préludes, un nocturne et une ballade (lien direct vers le programme complet sur le site du TCE).
Le plus troublant était l'association très judicieusement choisie par le pianiste entre une mazurka de Debussy (j'ignorai qu'il en avait composé une) et une sélection de trois mazurkas de Chopin ainsi qu'une alternance instructive d'études des deux compositeurs.
J'ai particulièrement été marqué par l'enchaînement de deux splendides études : celle pour sonorités opposées de Debussy et la ténébreuse étude n°7 en ut dièse mineur Op. 25 de Chopin.
L'attrait de ce concert était indéniablement la parti pris par François Chaplin d'enchaîner ces études sous forme d'un dialogue entre les deux compositeurs. Le pianiste a réussi son pari d'aborder l'enchaînement alterné de six études (trois de Debussy et trois de Chopin) en tentant d'imprimer dans le jeu une certaine unité, de raconter finalement une histoire.
C'est bien la principale caractéristique de ce pianiste qui démontre une intelligence exemplaire du
texte et une belle maîtrise des phrasés. Ce qui pénalise un tout petit peu son approche esthétique est son jeu marqué par un excès de réverbération (usage abusif des pédales ?) un jeu très lié, un toucher délicat, mais manquant d'intensité sur les attaques. Il est donc moins convaincant sur les passages "forte". C'est une sorte d'anti Duchâble... On peut ne pas aimer car les sonorités restituées sont un peu ouatées, impressionnistes. On peut être frustré par ce manque de netteté des motifs. En revanche, ce fondu est associé à de belles couleurs ainsi qu'une restitution assez claire de l'architecture globale de chaque morceau. Rares sont finalement les pianistes qui s'attachent à mettre autant en évidence l'unité, le propos de chaque pièce. On a beaucoup d'interprètes actuels qui éblouissent techniquement, avec un son brillant, net et détaché mais n'ont finalement rien à raconter et passent à côté des ressorts profonds de chaque morceau joué.Beaucoup d'intériorité donc dans ce récital et les belles évocations poétiques des oeuvres de Debussy et de Chopin étaient bien là.
En bis, le pianiste a notamment interprété le 6ème des 24 préludes de Chopin (si mineur) (que l'on peut écouter sur le site personnel suivant) et le magnifique 2ème Intermezzo opus 118 de Brahms. Ce dernier devient décidemment le morceau fétiche de nombres de pianistes en bis - pour ma part, je ne m'en plaindrai pas, l'ayant retenu dans mes morceaux choisis - cf. note du 19 avril 2007).
Deux portables ont sonné pendant le concert, dont un, juste avant que François Chaplin démarre l'interprétation d'une étude, le déconcentrant avec une mélodie mozartienne du meilleur effet !... Deux personnes ont fait tomber leur programme cartonné avec un bruit fracassant. Entre chacune des 13 pièces interprétées, les toux, éternuements et miasmes en tous genres allaient crescendo. J'avais derrière moi deux personnes papotaient allègrement, se croyant peut-être dans leur salon en face de leur téléviseur. Restons zen !
Nb : l'intégrale Debussy de François Chaplin sous le label Arion-music a été largement saluée par la critique.