"Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé vendredi [8 mai 2009] l'intégration du Kosovo qui deviendra le 186e membre de l'organisation, un peu plus d'un an après sa déclaration d'indépendance" (Source : "Le FMI accepte l'adhésion du Kosovo, futur 186e membre", Reuters, 9 mai 2009).
L'adhésion du Kosovo au FMI contraste avec la non-reconnaissance de l'indépendance par la plupart des membres des Nations Unies : aujourd'hui, seuls 58 Etats ont reconnu officiellement cette indépendance, soit 1/3 des Etats membres de l'ONU. 1/3 s'est abstenu de prise de position. Mais le dernier 1/3 s'oppose farouchement à la reconnaissance de cette indépendance, parmi lesquels bien évidemment la Serbie, mais également des pays voisins (Roumanie, Bulgarie, Grèce) qui "renforcent" le nombre de pays membres de l'Union européenne ne s'accordant pas avec la position de la majorité des Etats membres (Espagne), des puissances économiques et/ou militaires (parmi lesquels on compte la Russie et la Chine), et également des pays plus "lointains" (Venezuela). Voir .
Ce contraste entre des Nations Unies qui peinent à s'accorder sur le statut actuel du Kosovo et un FMI qui a reconnu très rapidement cette indépendance, s'explique principalement au travers de la répartition du droit de vote au sein de ces différentes institutions. Les Etats-Unis et la plupart des Etats membres de l'Union européenne qui ont reconnu rapidement cette indpendance constituent la plus grande partie des droits de vote au sein du FMI. Ce qui n'est pas le cas à l'Assemblée générale de l'ONU où chaque pays membres possède une voix équivalente aux autres. Deux visions du Monde se construisent donc à travers cette répartition des votes : l'une, celle du FMI, où la reconnaissance du Kosovo est désormais établie ; l'autre, celle de l'ONU, où la reconnaissance du Kosovo est sujette à de nombreuses tensions, et reste aujourd'hui en suspens (en témoigne le maintien de la résolution 1244, qui mit fin à la guerre du Kosovo et devait s'arrêter le jour où le statut final du Kosovo serait déterminé).
Pour le Kosovo, cette adhésion au FMI est d'une importance majeure : d'une part, en termes économiques, puisque le Kosovo peut désormais bénéficier des aides financières et des prêts mis en place par le FMI, fait primordial pour un Etat si pauvre, aujourd'hui boycotté par bon nombre des Etats voisins, refusant son indépendance. La Serbie a mis en place un dispositif empêchant non seulement les produits du Kosovo de se vendre en Serbie, mais également de simplement transiter par le territoire serbe, ce qui pénalise les échanges, dans un Kosovo qui possède peut de richesses (on entend là la différence essentielle entre les ressources - notamment en termes de ressources minières - du Kosovo qui, n'étant pas utilisées - le complexe industrialo-minier de Trepca est fermé depuis la fin de la guerre - ne constituent pas des richesses). D'autre part, en termes politique, cette adhésion témoigne du soutien des Etats-Unis et de la plupart des Etats membres de l'Union européenne dans la reconnaissance du Kosovo.
A lire :
- Sur la reconnaissance du Kosovo par les Etats membres des Nations Unies, voir sur ce blog le billet "Le Kosovo vu par..." du 24 avril 2009.
- Pour comprendre simplement et rapidement le rôle, les attributions et les moyens dont disposent le FMI, voir le billet "FMI : quel rôle dans la crise ?", blog Planète Vivante, 2 avril 2009.